’15 ans après le succès de Mon ami la rose, Natacha Atlas se lance dans le jazz et sort son nouvel album «Myriad Road», un sommet de swing et de poésie orientale coécrit, arrangé et produit par le trompettiste Ibrahim Maalouf. (sorti fin octobre).’
La diva anglo-égyptienne n’a pas pris une ride. Sa nouvelle interprétation de Mon ami la rose, avec les musiciens de l’Orchestre de Paris, lors du Morocco Solar Festival* a de nouveau enchanté le public marocain, ravi de revoir monter sur scène, en plein désert, celle qui les a fait rêver des années auparavant. Labélisée « chanteuse orientale » depuis ses débuts avec le groupe mythique électro «Transglobal underground», Natacha Atlas a pendant des années tenté de se défaire de cette image communautaire qui lui collait à la peau, en enchainant des tournées extraordinaires -notamment en 1ère partie de Led Zeppelin-, sans jamais y parvenir totalement. à part une collaboration avec Angelin Prejlocaj et quelques featurings avec Nithin Sawhney et Sinead O’Connor, plusieurs de ses albums resteront confidentiels jusqu’au jour où elle croise en 2012 la route du célèbre trompettiste, compositeur et producteur I. Maalouf, lors d’un concert du oudiste Smadj à Istanbul. Une rencontre presque évidente tant l’identité musicale des deux artistes marquée par le métissage des genres est commune. Inspiré par les grandes voix orientales, Brahim Maalouf l’invite pour la 1ère fois dans son univers jazz. Un genre musical avec lequel elle avait déjà flirté sur son album «Expressions» réalisé avec Samy Bishai en 2013. Co-auteur des chansons avec Natacha, arrangeur, producteur et interprète, Maalouf forme un quintet jazz autour du batteur André Ceccarelli et invite des artistes comme le violoncelliste Vincent Ségal ou le tromboniste Robinson Khoury du groupe Uptake pour se produire à leurs côtés au dernier festival de Jazz de Vienne. Plus confiante que jamais, la voix de Natacha Atlas paraît plus posée, plus mûre et plus sereine. Pour la 1ère fois de sa carrière, la chanteuse signe un album de jazz où ses mélopées orientales s’épanouissent sans retenue. Un opus qui reflète « un Orient différent, plus en phase avec le monde d’aujourd’hui », dira Ibrahim Maalouf qui voit en elle « une femme multiculturelle, ouverte à la fois aux cultures anglophones, francophones et arabes. Mais surtout une voix unique…la seule voix arabe d’occident qui peut encore se revendiquer authentique, à la fois contemporaine et moderne. »
L’observateur du Maroc et d’Afrique. Ça vous fait quoi de chanter pour la 1ère fois à Ouarzazate ?
C’est fantastique. J’adore le désert, l’architecture est magnifique, la couleur rouge de la médina me rappelle la ville indienne Jaipur. C’est un grand privilège pour moi et mon violoniste Samy Bishai de jouer avec les musiciens de l’orchestre de Paris.
Votre dernier album « Myriad road » est totalement jazzy. Pourquoi ce revirement?
Ca fait 8 ans que je ne fais plus de la pop arabe comme je faisais avant. En fait, j’ai souvent flirté avec le jazz sans l’explorer en profondeur, d’abord, Samy Bishai avait un parcours jazzy et donc, ça m’influençait un peu, j’ai interprété It’s a Man’s Man’s World, un de mes morceaux Ghourba est un mawal arabe sur fond de jazz… Mais c’est I. Maalouf qui m’a convaincu d’aller plus loin, d’ailleurs, on a beaucoup de choses en commun, on a des albums qui portent le même nom « Diaspora »… J’étais un peu marginalisée par le côté world music, et donc, il voulait me sortir de là, ce qui est une très bonne idée. Dans mes 5 derniers albums, j’étais devenue plus classique et moins électro-pop. Et comme le jazz est un genre musical assez ouvert, il te permet d’improviser et de faire des mélismes arabes. On a travaillé ensemble, Ibrahim a fait les compositions, moi, j’ai écrit les textes, puis il a fait des arrangements sur 4 chansons que j’ai composées avec S. Bishai, à la fin, on retrouvait nos deux styles dans les chansons et l’ensemble était parfaitement harmonieux !
La poésie, le mawal, c’est important pour vous ?
J’adore le mawal, je n’aime pas les choses fades, la mélodie doit être captivante, elle doit rester en mémoire et marquer les esprits, à l’image d’une berceuse.
Après le succès de Mon ami la rose, vous avez sorti en 15 ans des albums qui ont eu des succès timides. Comment avez-vous vécu cette période ?
C’était dur parce que la période où j’étais en difficulté coïncidait avec la montée de la xénophobie et de l’extrême droite en Europe. Du coup, les festivals des musiques du monde disparaissaient, les gens devenaient racistes et s’intéressaient moins à ce genre de musique métissée, et c’était donc difficile de faire des concerts.
Vous êtes toujours dans cette quête identitaire, de votre dualité ?
Moins maintenant parce que la dualité est là, que ça me plaise ou pas, maintenant, je vis avec et j’exprime cela avec ma musique.
Vous en avez eu assez à un moment donné d’être catégorisée comme la danseuse de ventre ?
C’était un peu rageant. Oui.
à travers la musique, vous tenez toujours à rapprocher l’Occident et l’Orient ?
Oui, c’est très important que les gens se rapprochent et essaient de trouver des solutions. Sauf que ça requiert une intelligence émotionnelle, au-delà même de la religion. Malheureusement, l’extrême droite et la xénophobie gagnent du terrain et certaines tranches de la population se reconnaissent plus dans la différence !
Musicalement parlant, êtes-vous plus à l’aise avec ce nouveau style ?
Ca fait quelques mois qu’on travaille dessus, dans le sens du Live. Il y a 3 mois, j’ai participé au festival MaMA à Paris, et avec mon groupe, on a fait des répétitions pour développer un peu plus la musique pour qu’il y ait plus de structures, vu que Maalouf voulait des arrangements simples. Et donc oui, je commence à être à l’aise, je connais un peu plus le trafic de la musique. Je crois que vers la mi-novembre, à la fin de ma tournée en Europe, je serai bien rodée avec ces nouveaux arrangements, mon groupe sera plus à l’aise et on sera tous capables de nous exprimer parfaitement.
Vous vous sentez plus égyptienne, plus anglaise ? C
a dépend des moments et du contexte. Des fois, je me sens égyptienne, des fois, je suis un mélange d’Anglo-égyptoarabe… c’est une question difficile.
D’autres projets ?
L’année prochaine, on va faire une collaboration avec un orchestre philarmonique de Malmö en Suède, j’aime bien travailler avec les grands orchestres, c’est grandiose. J’aimerais aussi me produire au Maroc puisque j’ai déjà un agent ici ✱
via Abdo El Rhazi « Myriad Road » Le grand retour jazzy de Natacha Atlas
No comments:
Post a Comment