Conformément au rituel établi depuis plusieurs années, le Conseil de sécurité (CS) des Nations Unies a adopté fin avril la résolution annuelle sur le conflit du Sahara qui oppose depuis plus de quarante ans le Maroc à l’Algérie et à la milice du Polisario. À Rabat comme à Alger, chacun se dit satisfait de l’issue des débats du Conseil. C’est un évènement plutôt rare pour qu’il ne soit pas noté. D’habitude, chacune des deux capitales trouve à redire. Soit parce qu’Alger considère que la France empêche le CS, dont elle est membre permanent, d’adopter une résolution qui épouserait ses thèses hostiles à la marocanité du Sahara. Soit parce que Rabat estime que le secrétaire général, l’ex bien sûr, et son représentant personnel, l’ex bien sûr encore, tentent fiévreusement de faire dévier le processus de recherche d’une solution politique mutuellement acceptable. Dans des conflits paraissant aussi inextricables que celui du Sahara, mais qui demeurent relativement secondaires par rapport à d’autres, les résolutions du CS sont tellement alambiquées que chacun peut y trouver, au choix, matière à mécontentement ou à satisfaction.
La dernière résolution ne déroge pas à cette règle. Il est entendu que le nouveau secrétaire général de l’ONU veut imprimer au processus une nouvelle dynamique, de même que le CS a mis au pas les milices du Polisario qui essayaient de tenir tête dans la zone tampon de Guargarate. Il est réconfortant aussi pour Rabat que la résolution invite les parties à « reprendre les négociations […] en tenant compte de l’action menée depuis 2006 et des faits survenus depuis. » Ce qui permet au Maroc de garder fermement sur la table sa proposition d’autonomie comme solution de compromis d’autant plus que le CS se félicite expressément « des efforts sérieux et crédibles faits par le [royaume] pour aller vers un règlement ». En même temps, la même résolution évoque dans son alinéa 8 « une solution mutuellement acceptable qui permette d’assurer l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ».
C’est sur ce point que saute Alger pour dire qu’une solution politique mutuellement acceptable ne signifie pas que l’autonomie « serait la seule envisageable et discutable en cas de reprise des négociations. » Ce en quoi les militaires algériens n’ont pas entièrement tort. Ni totalement raison. Tant un référendum d’autodétermination ne signifie pas, non plus, automatiquement l’indépendance. Les officiels algériens qui savent mieux que quiconque depuis les accords d’évian qu’un référendum vient consacrer un accord politique trouvé préalablement entre les protagonistes, cherchent en tordant les principes et en ployant les mots et les phrases à mystifier leur monde. Libre cours
PS : Cette année encore ce sont les Américains qui ont servi de porte-plume au projet de résolution sur le Sahara. Contrairement à l’année dernière et à celle d’avant, on ne peut pas ne pas relever que leur attitude a été marquée cette fois-ci par beaucoup de retenue à l’égard du Maroc. Ce qui a permis de lever un voile sur l’attitude de Moscou, contraint de sortir du bois pour éviter au Polisario les condamnations qui allaient lui tomber sur la tête
via Abdo El Rhazi Libre cours
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