Depuis plusieurs semaines, entre la Corée du Nord et Washington, l’escalade rhétorique n’est rien face à l’escalade nucléaire. La bombe H testée par Kim Il-Sung est une phase culminante de cette crise. Et on sait qu’il a réussi à miniaturiser des engins nucléaires pour leur permettre de dépasser plusieurs genres balistiques. C’est réellement un danger pour les pays de la région, mais aussi pour le monde, parce que Pyongyang peut toucher plusieurs villes américaines. Depuis 2000, les différentes administrations américaines ont attiré l’attention sur le régime nord-coréen, sa nature dictatoriale et le danger de son programme nucléaire. Cependant, les différentes résolutions, les sanctions n’ont eu aucun effet et ce pour des raisons géostratégiques. La Chine et, dans un degré moindre la Russie, ont souvent fait preuve d’une complaisance coupable vis-à-vis d’un régime stalino-féodal, une dictature meurtrière. Ce bout d’histoire impacte la conjoncture actuelle. L’option militaire avancée par les USA serait un cataclysme planétaire. Personne n’en veut, ni la Corée du Sud ni le Japon qui ne sont pas des puissances nucléaires, ni la Chine qui ne veut pas de guerre à ses frontières et même pas les Américains qui ne veulent pas avoir des millions de morts sur la conscience. La Corée communiste le sait et joue là-dessus, pour flatter un nationalisme exacerbé. Que reste-t-il ? Poutine a déclaré que les sanctions sont inutiles. Il a raison. Depuis 2000, la Corée du Nord a renforcé son arsenal, alors même qu’officiellement elle est sous embargo. On annonce de nouvelles sanctions qui viseraient les pays qui ont des relations avec la Corée. Il y aura un veto chinois et on sera clairement devant le rôle de Pékin dans la crise. La Chine dénonce les provocations coréennes en les qualifiant d’erreurs. Elle a voté les dernières sanctions, sans états d’âme. Mais c’est Pékin qui assure la survie de son voisin, sur le plan économique. Cela lui donne un poids certain auprès du fou qui dirige la Corée. D’autant que c’est Mao qui a permis la survie de la Corée du Nord, lors de la guerre de 1953. Mais Pékin a des intérêts géostratégiques dans la région. L’effondrement de son voisin signifie son encerclement par des pays largement pro-américains. Ce n’est pas la plus grande des perspectives pour un régime qui allie communisme, étatisme et libéralisme dans un mélange détonnant. La communauté internationale, au lieu de s’exciter autour de sanctions peu efficaces, ou de rentrer dans une escalade rhétorique, doit faire pression sur un acteur qui est intégré dans la mondialisation, qui a les clés de la résolution du conflit pacifiquement et qui s’appelle la Chine. Cette négociation risque d’être ardue parce que Pékin a ses propres enjeux, mais c’est la seule voie pour éviter que le choix soit entre l’inaction ou une guerre atomique.
via Abdo El Rhazi Crise coréenne, La Chine interpellée
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