Après les vacances, pour ceux qui en ont les moyens, et chacun selon ses moyens ; après l’aïd, accessible grâce aux caisses de crédits, voici la rentrée scolaire, pour ceux qui ont de la progéniture. Autant dire qu’on commence l’année politique sur les rotules. Ce disant, je sacrifie au rite qui veut qu’à chaque rentrée on dise la même chose pour la même raison, l’envie de se plaindre avec ou sans raison. Parce qu’en définitive tout le monde se plaint, ceux qui en ont et ceux qui n’en ont pas.
N’empêche que la rentée de cette année a un drôle de goût, un relent de déception, de désillusion. Comme si quelque chose s’est cassé, un charme rompu qui appelle la reconquête de l’idéal chéri. Le discours du trône a tout dit. De belles choses ont été faites, qu’il s’agisse de pure politique, de diplomatie, dont la portée africaine qui n’est malheureusement pas comprise de tout le monde, ou de réalisations économiques. Mais le moral est dans les talons. Des grains de sable aussi grands que des mégalithes se sont glissés dans les rouages et ont grippé la machine. En réalité ils étaient là, on en connait les noms, ça commence par corruption et ça se termine par le laisser-aller en passant par les injustices de toutes sortes. Subitement ils sont devenus proéminents.
Il y a les évènements d’Al Hoceima bien sûr, dont les vrais enjeux et les intérêts en présence n’ont pas encore dit tous leurs secrets. On les devine plus qu’on ne peut en apporter la preuve. Ils ont servi de miroir grossissant. Mais il y a aussi les élections législatives d’octobre 2016, qui ont tout donné et rien donné.
Un vainqueur vaincu, le PJD en l’occurrence, parce qu’il n’a pas compris qu’arriver en tête n’est pas synonyme de majorité absolue. Puis, il y a les autres qui n’en voulaient pas même réduit à sa juste proportion. Ensuite il y a eu la gestion de l’après élections, six mois de vrai cafouillage et de faux rebondissements qui ont fini par user et lasser toutes les patiences.
De cette mixture, au grand plaisir de ceux qui se sont professionnalisés dans la culture du désespoir et l’incitation à l’affrontement, qui multiplient une manifestation de 15 mille personnes par dix pour en faire une marche de 150 mille, en a découlé une impression qui fait mal au cœur : La dépréciation de la grande idée, fut-elle fausse, que le Marocain a de lui-même. Au lendemain du discours du trône, les écrits des différents commentateurs ont été marqués par la convergence vers une question qui en dit long sur l’état d’esprit général : Que faire ?
Au jour d’aujourd’hui nous ne lui avons pas encore apporté l’entame d’une esquisse de réponse.
via Abdo El Rhazi Libre cours
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