Après «Le tapis rouge», «Amina la chamelle », et «Ainsi parlait Shéhérazade», l’écrivain marocain d’expression française Mohamed Ouissaden se retrouve sur la scène littéraire avec un quatrième roman « L’Ours». Cet opus de 240 pages, paru aux Editions Broc & Jacquart, s’annonce tout aussi recommandable et vaporeux. Poignant, trempé de poéticité époustouflante, ce roman décortique les mailles du tandem du réel et de l’invisible pour proposer une contre l’horreur, le désespoir et la solitude.
Mohamed Ouissaden est une plume. Légère, libre, critique. Dans son dernier roman «L’Ours», cette plume devient une voix. Ferme, habitée et résonnante. «L’Ours» est le titre que cet écrivain a choisi pour son quatrième roman, fraîchement édité chez Broc&Jacquart. Le choix de ce titre, selon son auteur, correspond à une envie de mettre en lumière le symbole de la persévérance et du défi. «L’Ours est un sujet culturel par excellence. Pour certains, il a incarné la divinité, pour d’autres la virilité. Il est le seul animal qui essaye de remonter au stade de l’homme, par ses incessantes tentatives de se mettre debout. Pour moi c’est le symbole de défi et de persévérance. Je me réfère à lui, je ne lâche pas», indique à ce propos Mohamed Ouissaden.
Le roman relate l’histoire d’un jeune écrivain, en vacances au bord de la mer à Imsouane, un petit patelin entre Essaouira et Agadir, qui cherche à rencontrer un être d’exception dont la vie mouvementée, extraordinaire, nourrirait son imagination et lui permettrait d’écrire un roman original. Il s’agit d’un vieil homme aux cheveux blancs assis au pied de son rocher préféré, avec le célèbre «Voyage au bout de la nuit » de Céline dans les mains. Après l’avoir rencontré, le jeune écrivain réussit à convaincre ce solitaire de lui conter sa vie, mais de nombreuses surprises l’attendent. Cette histoire trempée de mélancolie, M. Ouissaden nous la raconte avec beaucoup de poésie. Une poésie qui s’applique à un univers fougueusement magique où la vie est toujours présente. La mort aussi. D’où les notions du réel et de l’invisible que l’auteur met en avant avec une subtilité déconcertante à travers l’originalité des récits de vie entrecoupés des deux personnages. «C’est le jeu littéraire pour lequel j’ai opté. Composer deux vies de deux natures différentes, contradictoires même, qui se complètent pourtant, me semble une manière à même de séduire. Surtout que l’être humain, dans son fin fond, croit en une présence invisible», ajoute-t-il. Je pourrais soutenir ma constatation par l’existence des phénomènes non encore expliqués dans ce monde, et que l’inconscient collectif impute au monde invisible, ou au monde parallèle…incertain», poursuit l’auteur pour qui la littérature s’élance vers les incertitudes.
Dans un style simple mais pas simpliste, l’auteur nous raconte la vie du vieil homme, abandonné par les siens, un brillant écolier, ancien marin, ancien haut-gradé de l’armée, remarquablement cultivé, mais qui finit par vivre en ermite. Comme dans toutes ses œuvres, ce roman est d’une densité exceptionnelle. L’écriture de ce brillant écrivain est tellement moderne et innovante. C’est dire que c’est une écriture dont les caractéristiques sont connues et représentent même un modèle pour les autres. Il s’agit aussi de donner voix à l’indicible. Il fait parler les silences. Il est question aussi de mettre en scène l’univers intérieur des personnages, les troubles qui les rongent et les volent au monde. Exemple : le héros confronté à toutes les dérives du hasard… « Si quelque hasard existe, c’est uniquement pour renverser la logique. Par exemple, la notion de l’équité qui puise de la logique, est souvent bouleversée par l’iniquité et l’injustice, voire même parfois par la justice même. Et c’est ce qui est de mise dans la vie. Le romancier est là pour composer des versions et proposer des explications à ces choses encore irrésolues», conclut-il.
Né à Taliouine, Ouissadene est juriste de formation et diplômé de l’ENA de Rabat. Il est l’auteur d’un livre juridique et de plusieurs romans, « Le tapis rouge » aux Éditions Marsam, a reçu en 2013 le prix 2M pour la création littéraire, « Amina la chamelle », aux Éditions Aïni Bennaï, Casablanca, 2013 et « Ainsi parlait Shéhérazade« , Éditions Marsam, Rabat, 2015 et «L’Ours» éditions Broc &Jacquart, Casablanca, 2017. Son prochain roman «La Photo d’Abraham» sera publié chez une jeune maison d’édition parisienne, «Owen Publishing», dirigée par Michelle Jean-Baptiste. Actuellement, il se consacre à son travail et ses études en master «Communication des Organisations» à la faculté des lettres et des sciences humaines Ibn Zohr à Agadir.
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via Abdo El Rhazi L’Ours de Mohamed Ouissaden
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