Directeur de production de Coke Studio diffusée du 3 octobre au 7 novembre 2017 sur 2M, Othmane Benabdjlil revient avec nous sur le concept original de l’émission musicale qui vise à redonner un nouveau souffle aux classiques marocains, histoire de séduire la nouvelle génération.
« Dépoussiérer les vieux morceaux classiques et leur redonner vie pour intéresser les jeunes à ce genre musical », un objectif que s’est fixé le producteur marocain de Coke Studio, l’émission qui a battu des records d’audience, et dépassé les 5 millions de téléspectateurs. Pari donc réussi par Othman Benadjlil, son concept original inspiré de l’émission musicale populaire dans plusieurs pays arabes, a cartonné au Maroc. Le principe pourtant simple, a beaucoup plu, les morceaux classiques réarrangés avec des rythmiques modernes : bossa, salsa ou reggae, ont été remis avec maestria à l’air du temps. Pour le plus grand bonheur des jeunes qui ont pu découvrir des versions inédites de célèbres chansons de notre patrimoine musical interprétés par des duos entre des artistes d’hier et ceux d’aujourd’hui. Une rencontre entre deux générations qui a super bien fonctionné et une production intelligente qui a nécessité presque un an de travail acharné. « Pas toujours facile de trouver le duo parfait ! » nous explique Othman Benabdeljalil qui précise que l’alchimie entre deux artistes n’opère pas toujours même si le duo est étudié à l’avance. Un énorme travail de coaching a donc été nécessaire pour gérer les moments de doutes voire de blues de certains artistes qui ne se sentaient pas à leur place. Une expérience que le producteur a lancée en Algérie et compte renouveler au Maroc.
Pourquoi avoir accepté de produire ce genre d’émission ?
Quand j’ai été consulté pour ce format international, je n’ai pas eu à réfléchir trop longtemps, mon choix était fait : je voulais produire cette émission ! Une émission qui a pour but de redorer le patrimoine marocain musical, en d’autres termes, réorchestrer les chansons qui ont marqué les générations de nos parents pour séduire la nouvelle génération à travers plusieurs rencontres artistiques.
Depuis quelques années, la marge de création est devenue un peu limitée.
Comment s’est fait le choix des morceaux interprétés et selon quels critères avez-vous choisi les artistes, sachant qu’un duo gagnant n’est pas chose facile ! ?
Le choix des chansons était un peu plus facile dans le sens où chaque Marocain est capable de reconnaitre les chansons de chaque région qui ont marqué son enfance. On a fait exactement le même exercice avec un grand comité de sélection, composé de musicologues, de musiciens, de représentants de la chaîne et du sponsor, on a essayé de se mettre à la place de tous les marocains qui devaient se retrouver dans notre choix.
Pour les duos c’était un peu plus difficile, on voulait la rencontre des deux générations, la rencontre de deux styles différents, la rencontre de deux voix différentes, une vraie rencontre éclectique, à l’image de celle de Faycal et Khaoula Moujahid, Chama Zaz et Badr Soultan, Ibtissam Tisket et Hayat El Idrissi, ou bien Salma Rachid et Mahmoud El Idrissi
Je suis, à titre personnel, très content des duos, la surprise et le succès étaient au rendez-vous.
Comment évaluez-vous le secteur de la production audiovisuelle au Maroc ?
Depuis quelques années avec l’arrivée des cahiers de charge, la marge de création est devenue à mon sens un peu limitée, l’approche était plus ouverte à la nouveauté et on a pu créer par le passé des moments et des occasions exceptionnelles pour la production de programme qui ont marqué le téléspectateur marocain, comme Lalla Laaroussa et Al Qadam Dahabi, aujourd’hui grâce à la possibilité de sponsoring de programme, un format comme Coke Studio a pu voir le jour, alors qu’il n’aurait pas trouvé sa place dans la grille imposée par ce cahier de charge.
Quelles sont les lacunes de ce secteur ?
Les lacunes sont diverses comme dans plusieurs autres secteurs, mais les plus importantes restent liées au financement. La création de programmes de divertissement nécessite des moyens techniques et artistiques très coûteux parfois. Le marché publicitaire (sponsoring ou parrainage) ne permet pas toujours de créer des occasions comme celles du programme Coke Studio. Nous faisons donc notre maximum pour redoubler d’efforts, d’énergie et de créativité afin de ramener du nouveau au téléspectateur.
Parlez- nous de l’édition algérienne de Coke Studio ?
Pour l’édition algérienne de Coke Studio, c’était d’abord un challenge pour mon équipe et moi-même, la production a commencé depuis le mois de janvier 2017, on a veillé à choisir un producteur délégué et on a travaillé avec lui en étroite collaboration, pour le choix des artistes, des chansons, on a choisi de tourner l’intégralité des répétitions en Algérie et de gérer le live studio ici au Maroc, les artistes algériens, étaient très coopératifs et nous avons été agréablement surpris par le niveau professionnel des 2 producteurs musicaux, du band et des artistes de notre voisin Algérien, qui ont pu partager presque une résidence artistique exceptionnelle avec les musiciens et l’équipe artistique marocaine … C’était une très belle expérience à vivre pour nous tous.
Quels sont vos projets ?
Continuer à produire de la nouveauté et de l’inédit, continuer à réaliser des programmes de divertissements fédérateurs et créateurs d’audience.
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via Abdo El Rhazi Othmane Benabdjlil « Je voulais redorer le patrimoine marocain musical »
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