Le Maroc, la Norvège et le Danemark sont sous le choc. Des assassins, mus par une idéologie de la terreur, les ont réunis dans le drame le plus triste qui puisse exister. Les deux touristes, la danoise et la norvégienne qui ont été sauvagement agressées, peut-être violées et égorgées, sont de joyeuses jeunes filles qui ont l’habitude de voyager là où les gens ne vont pas souvent.
Elles adorent les montagnes et aiment défier les pics les plus hauts Quoi de plus naturel quelles aient choisi le Toubkal. Leur randonnée a été coupée court par des fanatiques qui poursuivent le même dessein obscur qui endeuille une grande partie du monde.
Ce qui est sûr à l’heure qu’il est c’est que les services de sécurité ont arrêté un suspect et, trois jours plus tard, trois autres. La rapidité avec laquelle le Bureau Central des Investigations Judiciaires (BCIJ) a mis la main sur le suspect est de nature à rassurer les Marocains ainsi que tous ceux qui viennent visiter le pays et jouir de ses multiples charmes.
Un élément est venu perturber les événement cependant. Une vidéo a circulé de manière virale sur le net montrant un acte des plus abjects qui puissent être imaginés. Un homme en train d’égorger et de trancher la tête d’une femme à la manière des tueurs de Daesh. Images insupportables que, pourtant, des millions de personnes ont du regarder, avec le dégoût qu’elles inspirent forcément.
Pour le moment, selon le procureur qui suit l’affaire, la vidéo n’a pas été authentifiée, des doutes sont formulés quant à son rapport avec le crime horrible d’Imlil.
Cela n’enlève rien au fond de l’affaire. Des photos des trois suspects recherchés circulent aussi. Trois hommes à l’aspect salafiste sont supposés être les complices de l’homme qui a été arrêté. Pour les Marocains, il n’y a pas de doute, le fanatisme religieux a frappé le pays et il s’agit bien d’un acte terroriste.
On doit néanmoins attendre la suite des événements et les résultats des enquêtes et des investigations en cours pour avoir une idée plus précise du drame et de ses circonstances. La piste terroriste est néanmoins confirmée. Ce qui pousse à poser la question de la religion encore une fois. Elle a déjà été posée à la suite des actes terroristes qui ont endeuillé le Maroc, mais à chaque fois, les choses ont repris leur cours, sans que rien n’ait été changé.
La grande hésitation à changer la perception de la religion empêche d’aller au fond du problème.
Les débats se passent à l’intérieur de la religion excluant toute critique externe. On tourne autour de la question de savoir s’il s’agit bien de l’Islam ou d’autre chose. Bien sûr la religion est disculpée. On n’y prend que les éléments qui condamnent le fait de tuer, fermant les yeux sur les passages où l’appel à la destruction de l’autre est clairement encouragé.
L’autre, c’est toute personne non musulmane. Les impies doivent être tués là où ils se trouvent. Les prêches du vendredi, ainsi que ceux des chaînes satellitaires arabes, enseignent la haine contre les non musulmans, les chrétiens et les juifs en particulier. Sans oublier leur guerre permanente contre les femmes.
On peut penser que la religion est indispensable à une certaine époque pour gouverner. Mais ce n’est pas une nécessité. La Chine vit sans. Aux Etats Unis, à part le fameux « God bless you », rien ne marche selon la religion. Au Rwanda, pays qui a réalisé un miracle, la religion n’intervient nulle part.
Ce qui pousse à poser la question suivante: L’Islam s’acquiert-il par choix ou est-il imposé? La réponse est une autre question: Au Maroc et dans tous les pays islamiques, le « citoyen » a-t-il le droit de ne pas écouter l’appel à la prière? La réponse est non, la sono du minaret n’est pas un choix, c’est imposé.
D’ailleurs, chaque fois que quelqu’un demande qu’on baisse la sono, tout le monde l’attaque, l’accusant d’être un agent de l’ « impérialisme américano-sioniste », accusation devenue tellement facile que tout le monde l’utilise sans en comprendre le sens. La religion est devenue totalitaire, dans le sens où elle ne reconnaît pas l’existence de visions différentes. Au Maroc on est musulman dès le moment qu’on arrive au monde, on ne pourra jamais en sortir. Aucune possibilité de choix n’est autorisée. L’école, les médias, la rue, la famille, tout oblige à suivre le même chemin.
A l’école on n’enseigne pas autre chose et surtout pas l’esprit critique et d’initiative. Mais déjà quand on y arrive, on est déjà pleinement fixé dans la conviction religieuse. C’est cette base qui a permis aux islamistes de se renforcer politiquement, malgré le fait qu’ils n’aient rien fait pour améliorer la situation des Marocains. Ils n’en ont pas eu besoin puisque l’enseignement de la religion promet la récompense suprême du paradis au lieu des petites contingences d’ici-bas. Les terroristes ne sont pas venus du néant. Il y a eu préparation dès le landau.
Par conséquent, continuer à argumenter que le terrorisme n’est pas l’Islam et que l’Islam n’est pas terroriste, ne mènera à rien. Il faut un autre socle qui puisse réunir les Marocains. Mission en principe dévolue aux stratèges de la politique.
Hakim Arif
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via Abdo El Rhazi Terrorisme: La religion rassemble-t-elle encore?
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