Il n’y a pas un gouvernement qui n’ait depuis des décennies mis le développement des PME-PMI à la tête de ses objectifs primordiaux. Nous avons toujours eu des congrès, des séminaires, des tables rondes, des symposiums autour du rôle économique et social des PME-PMI et de leur promotion. On a eu même droit à un Livre Blanc. Les problèmes ont été déjà diagnostiqués il y a très longtemps à travers de nombreuses études qui finalement n’ont abouti à rien de concret. Aujourd’hui encore, les problèmes sont toujours les mêmes et les solutions toujours en stand-by.
Pour faire la part des choses, les blocages au développement de ces agents économiques, qui représentent plus de 95% des entreprises marocaines, ne sont pas dus uniquement à des facteurs externes à la PME. Cette dernière est elle-même responsable d’une partie de ses problèmes, comme l’a analysé Khaddouj Karim, professeure à la faculté des Sciences juridiques, économiques et sociales à Salé: Fragilité de la structure, sous-capitalisation, faiblesse de l’encadrement et manque de formation de nouvelles compétences. En plus, il faut ajouter le manque de stratégies de recherche et d’innovation. Souvent, la PME est une affaire familiale et son administration unipersonnelle ne permet pas d’introduire des techniques de gestion innovantes et efficaces.
Bien sûr, les patrons des PME rétorquent que toutes ces questions sont la conséquence des blocages externes qui sont, il faut le dire, bien réels et très pensants. Ce que tout le monde reconnaît. Les lourdeurs administratives et la fiscalité figurent en bonne place dans la liste des problèmes externes. S’y ajoute le problème du financement, expliqué par la trop grande méfiance des banques.
A la décharge de celles-ci, il est juste de rappeler qu’elles gèrent l’argent des déposants. De ce fait, elles doivent veiller à son emploi dans les meilleures conditions de rentabilité et de sécurité. Par contre, les PME ne sont pas, parfois, au courant des instruments de financement créés à leur intention. Cela est peut être dû au manque d’encadrement. Toutes les PME ne peuvent pas s’offrir un directeur financier. Nous sommes ainsi devant un cercle vicieux qu’il faudra bien rompre par quelqu’un.
Et ce quelqu’un ne peut être que l’Etat, les PME sont trop occupées par la gestion du quotidien, mission qui s’avère très ardue pour la plupart d’entre elles. La professeure ajoute dans son diagnostic «le manque d’adaptation des produits financiers aux besoins d’une grande population de PME», d’autant plus que 96% des PME marocaines sont en fait de très petites entreprises (TPE).
L’existence d’une «forte asymétrie d’information entre l’investisseur et la PME et le manque de transparence» est aussi un autre problème relevé par la professeure.
Nous sommes alors devant une situation intenable: La participation des PME à la valeur ajoutée ne dépasse pas 20% alors qu’elles représentent 95% du tissu économique.
Comment améliorer l’environnement des PME ?
La question reste toujours d’actualité. Mais une chose est certaine, avec la mondialisation, les PME marocaines se doivent d’élargir leur horizon et se projeter au niveau mondial. Les accords de libre-échange conclus par le Maroc n’ont pas été bien exploités par les PME marocaines. Ce n’est pas un échec des entreprises seules.
Depuis déjà longtemps, les pays, qui ont saisi la chance de la mondialisation, ont assigné un nouveau rôle à leur diplomatie: rapprocher leurs entreprises des marchés. Ce n’est pas une fleur faite aux PME, c’est bénéfique pour l’économie du pays dans son ensemble. Plus d’exportation, c’est plus de devises et d’emplois dans le pays. Avec toutes les conséquences vertueuses sur la consommation interne, elle-même génératrice de croissance.
Une chose qu’il faudrait peut-être regretter: L’esprit conquérant n’est l’apanage ni des entreprises marocaines, ni des politiques, ni, encore moins de l’administration. L’esprit d’entreprise est une culture, qu’il serait utile d’inculquer aux petits marocains dès leur jeune âge.
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via Abdo El Rhazi Les PME lâchées par le gouvernement
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