Monday, July 1, 2019

Interview exclusive Hassan Hakmoune


Hassan Hakmoun « La musique Gnaouie, c’est le salut de mon âme »

Venu présenter son nouveau projet The Universal Force, le maâlem de Brooklyn et fervent acteur de la fusion gnaoua-jazz a livré un concert explosif devant une foule déchaînée lors de la 22e édition du Festival Gnaoua d’Essaouira.

Entouré de Justin Purtill à la guitare, Leonardo Genovese aux claviers, Matthew Kilmer aux percussions, Dean Johnston à la batterie, Brahim Fribgane au oud et Chikako Iwahori au chant, percussion, claquettes et danse, le multi-instrumentaliste ayant collaboré avec des sommités comme Don Cherry, David Sanborn ou Dee Dee Bridgewater, Peter Gabriel ; devenu en 30 ans une référence musicale planétaire ; a secoué la scène Moulay Hassan avec sa musique de transe hors pair alliant énergie contemporaine de New-York aux rythmes ancestraux de la tagnaouite. Des sons électroniques aux rythmiques House et funky qui ont secoué la scène et fait « trembler d’excitation » des fans subjugués par la performance du maestro.

Vous êtes un habitué du festival. Vous êtes un peu chez vous ici ?

Oui, je vivais à Essaouira dans les années 80. Je suis lié à la ville d’Essaouira, il y a plusieurs grands musiciens qui nous ont quitté et qui me manquent terriblement comme Mahmoud Guinea et deux de ses frères, Mokhtar et Zitoun, …oui, c’est comme si je rentrais à la maison, c’est chez moi ici.

Parlez-nous de votre nouveau projet musical et ce qui vous a inspiré pour sa composition ?

« The Universal Force » est un projet qui m’a surpris moi-même. C’est une nouvelle collaboration avec une nouvelle direction. C’est une musique de transe qui fait danser, crier, sauter…c’est très chaud…L’inspiration vient de mon enfance, il a fallu du temps pour que j’arrive à ce que je voulais faire, cette formation est composée de musiciens de renom hyper talentueux, certains d’entre eux ont des doctorats en musique. Je suis béni de les avoir à mes côtés, ils sont multi-instrumentalistes et ont collaboré avec de grands musiciens, comme le percussionniste qui a joué avec Martin Hill ; les autres ont joué avec le célèbre « Résidente », et on a beaucoup de chance de les avoir ici.

Qu’est ce qui différencie ce projet des autres ?

Le son qu’on a réussi à produire est juste incroyable ! Cela pourrait ressembler à une musique qu’on écouterait dans un club, mais c’est vraiment très particulier. On a de la batterie acoustique, c’est plus électronique, avec des rythmiques House et Funk, … On veut secouer la scène, je veux que les gens sautent, dansent dans tous les sens et se souviennent de ce spectacle toute leur vie. Je veux me surprendre moi-même et trembler d’excitation !

Vous avez ce don pour fusionner le jazz avec la musique Gnaoua

Oui. D’ailleurs, j’ai inspiré beaucoup de musiciens au Maroc qui ont suivi ma trace et surfé sur la même vague. J’étais le premier à avoir joué avec de grands noms du jazz international comme le trompettiste Don Cherry, Miles Davis, Adam Rudolph, Dee Dee Bridgewater ou le Kronos Quartet…des légendes…La musique Gnaoua peut se marier à toutes sortes de musiques ; que ça soit la musique brésilienne, le Jazz, le Funk, le Hip Hop ou le Reggae, ils comportent tous en eux les styles ce qu’on joue, il faut juste les repérer. C’est comme une valise plein de jouets et de cadeaux que vous ouvrez un par un jusqu’à ce que vous trouviez ce que vous cherchez. Le fait de vivre aux USA m’a ouvert l’esprit, m’a permis de découvrir d’autres genres musicaux et de collaborer avec d’autres artistes, je me suis retrouvé en quelque sorte …En écoutant la musique de Michael Jackson et je me suis rendu compte qu’on pouvait repérer des sons et rythmes gnaouis dedans ! C’est donc très facile pour moi de mixer et de matcher un genre musical avec la musique gnaouie.

New Yok, c’est un peu comme votre 2e demeure ?

C’est mon chez moi en fait. Cela fait 35 ans que je vis là bas, mes enfants sont nés là bas, mon fils a 31 ans, mon père a été enterré à New Jersey, en 1999, ma mère a 92 ans, elle va avoir sa citoyenneté ce 25 juin, je me sens mal parce que je ne vais assister à la cérémonie, elle va être la plus vieille à avoir sa citoyenneté aux States.

Vos enfants sont aussi des musiciens ?

Oui, ils étudient la musique, ma fille a 18 ans, sa mère c’est la célèbre chanteuse et pianiste Paula Cole. Maintenant, je suis marié à une très belle femme du Japon, elle m’a beaucoup inspiré et elle m’a énormément aidé et épaulé, ce n’est pas facile de vivre avec un artiste comme moi. Je suis béni d’être avec quelqu’un comme elle, qui s’intéresse à ce que je fais, et qui s’intéresse à ma culture, et à mes origines. Chaque vendredi, elle m’accompagne à la mosquée pour prier avec moi, je ne l’ai jamais forcé et je trouve cela juste génial.

Vous êtes aussi compositeur, danseur et acteur ?

Oui, écrire de la musique, chanter et monter sur scène ne sont pas un métier pour moi, c’est un mode de vie ! J’ai composé des musiques de films, j’ai joué dans le film Disney « Un indien fans la ville », « Volley Ball », j’ai fait deux chansons pour l’un des meilleurs producteurs de la planète, Jessi Poder, qui a produit Michael Jackson, Ricky Martin, Christina et Destiny’s Child. J’ai composé des musiques pour plusieurs documentaires. Je suis béni de collaborer avec des gens de cette pointure !
Pour la composition de musique de film, je me base sur l’histoire, je vois ce qu’il s’en dégage, si c’est de l’émotionnel par exemple, je veille à ce que ça concorde pour respecter le fil conducteur.

Qu’est ce que vous aimez le plus ?

Tout, je suis un « Everytherian » qui respecte toutes les sortes de musiques.

Quel genre de musique vous écouter ?

J’aime la musique du Sénégal, du Mali, …des USA comme Prince et Steevie Wonder.

Que représente le Sintir pour vous ?

C’est la base même de la musique que je joue. C’est mon confident, des fois, j’ai du mal à le laisser dans certains endroits où je me retrouve ; quand je vais dormir, j’ai besoin de savoir qu’il est à mes côtés, c’est comme mon partenaire de vie, comme un lien de mariage, je suis rien sans lui.

Et la musique Gnaoua ?

C’est le salut de mon âme. Sans cette musique, je ne serais pas heureux, je remercie Dieu pour le don qu’il m’a offert et que je partage avec les autres.

Qu’aimez-vous faire de votre temps libre ?

J’aime regarder le foot, la boxe. Je supporte l’équipe gagnante. Je soutiens toutes les équipes marocaines quand elles jouent contre une étrangère (Raja, Widad..), je suis un grand fan du Real Madrid, PSG, Juventus, Liverpool, Manchester city…Je joue au foot et à la boxe, c’est ce que mon père faisait et je suis son exemple !

Accroche

« Le Sintir est mon compagnon de vie »

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via Abdo El Rhazi Interview exclusive Hassan Hakmoune

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