Wednesday, September 4, 2019

Interview : L’Boulevard revivra avec moins de 6 millions de dirhams de budget

En marge de la conférence de presse dédiée à la présentation de la 19e édition de l’incontournable festival Underground, L’Boulevard, nous avons été à la rencontre de Mohammed Merhari (Momo) et de Hicham Bahou, cofondateurs du festival. Nous avons discuté de la nouvelle programmation, des nouveautés de cette édition et le problème du financement que rencontre la culture Underground au Maroc.

Interview réalisée par Hamza Makraoui

Lobservateur.info : Quelles sont les nouveautés pour cette 19e édition ?

Hicham : Cette année, nous avons invité des artistes de pays comme la Bosnie-Herzégovine, il y aura deux groupes qui viennes du Liban, notamment « Slave to silence », un groupe de Métal 100 % féminin et « Love and Revenge », un projet libanais qui se base sur toute la culture du cinéma égyptien des années 50-60. Les classiques égyptiens tels que Smahan, Oum Keltoum, Farid al Atrach et toutes les grandes stars mais en projet visuel, image et son avec de la musique électronique. Carcas, grosse tete d’affiche britanique pour la scène métal. L’Indonésie, le Brésil, le Sénégal seront également représentés.

La scène locale n’est pas en reste notamment la scène Hip Hop et Trap avec Draganov, Doliprane ou encore Dada, qui représentent un peu la jeune génération montante. Hassan Boussou artiste gnawa, qui montera pour la première fois sur la scène de L’Boulevard et beaucoup d’autres surprises. En cloture nous avons prévu Filastine & Nova, un projet très engagé de musique électronique. C’est un divertissement porté par des gens qui essayent d’éveiller les consciences des nouvelles générations sur l’état actuel du monde, la société humaine, la planète, l’environnement, l’écologie. Beaucoup de gens vont apprécier ce spectacle.

Momo : Cette année, nous avons plus mis l’accent sur la qualité musicale, même si on essaye de toujours le faire. Mais cette année il y ‘ aura des pays qu’on a pas l’habitude d’inviter comme la Bosnie-Herzégovine avec un groupe de métal qui cartonne dans le monde entier mais qui n’est pas très connu au Maroc et c’est une belle occasion de pousser les gens à découvrir ce qui existe. Je pense que c’est très important que les jeunes de ce pays s’ouvrent un peu sur ce qui se fait ailleurs, et la musique des Balkans dispose d’une très grande pureté musicale et une très grande présence dans le monde. Il y aura bien sur l’Espagne, la France, les pays scandinaves. Donc voilà en terme de découvertes musicales la diversité est hyper importante et ce qui fait l’âme, c’est sa raison d’être. Faire découvrir ce qui se fait de mieux au Maroc mais également à l’international.

 

Quelles seront les têtes d’affiche pour cette année ? Verra-t-on l’éclosion de nouvelles stars ?

 

Momo : Aujourd’hui on peut se permettre d’avoir des têtes d’affiche marocaines ce qu’on pouvait pas se permettre avant. On mettait les groupes étrangers en avant, pour ramener le public et après découvrir des groupes marocains maintenant c’est plutôt l’inverse. On peut se permettre de faire découvrir des groupes étrangers. Donc pour cette année il y aura Dizzy Dros pour la scène nationale et DOPE D.O.D, un groupe hollandais mais aussi des groupes de fusion. Mis à part les tête d’affiche, pour nous le plus important c’est la découverte.

Hicham : Nous notre prétention c’est d’être une « étape ». On a pas prétention à créer des stars, mais une étape essentielle dans le développement de la carrière d’un artiste. Evidemment ce qu’on recommande c’est l’esprit d’indépendance, que l’artiste compte d’abord sur lui-même. Aujourd’hui, il n y a pas vraiment un circuit professionnel au Maroc, il n y a même de droits d’auteur. Oui des stars oui, mais il faut différencier entre la scène commerciale et les scènes Underground. Il faut donner de l’espace et de moyens à ces scènes et une visibilité surtout.

 

Comment avez-vous réussi à rassembler les fonds pour cette édition ? Avez-vous trouver des difficultés ?

 

Hicham : C’est les mêmes partenaires qu’on a reconduit de l’année dernière et de 2017 également, il y a donc une continuité. C’est vrai qu’il y a eu des années très fragiles, mais ce qui est fragile en réalité, c’est la scène culturelle au Maroc. Le financement est très fragilisé et des scènes indépendantes comme L’boulevard, nous sommes dans des budgets très moyens et moindres à coté des autres gros festivals. On est entre 5 et 6 millions de dirhams… Or il n y a pas que le festival L’Boulevard, il n y a pas que des artistes, il y a beaucoup d’activités autour, il y a un Tremplin et c’est un festival qui est fonctionnel toute l’année notamment au Boultek et d’autres projets annexes avec Sbagha Bagha et Jidar. Il faut être clair aujourd’hui, on parle beaucoup d’économie créative, de modèles économiques mais il n y a pas de modèle économique dans la culture au Maroc. Il faut arrêter de vouloir commencer avec le tourisme pour aller vers la culture. On commence par la culture et on va développer le tourisme avec. Il ne faut pas faire les choses à l’envers. Il faut d’abord développer les initiatives culturelles locales et avoir une vision locale, massive et populaire. Il faut aller investir les quartiers, il y a énormément d’artistes et de talents qui aspirent à travailler dans ce domaine et on peut développer une économie solide.

Momo : Comme vous le savez, lors de plusieurs éditions il y a eu des problèmes de financement et c’est pour ça qu’on a annulé le boulevard à deux reprises. C’est pour ça que cette année c’est la 19 ème édition mais c’est la 21 ème année. Aujourd’hui je pense que les sponsors ont compris l’objectif du festival, c’est à dire que c’est un vrai travail de fond , très utiles pour le pays et ça change tout nos rapports avec les autorités, les sponsors. Ça serait mentir de dire qu’on a autant de problèmes qu’avant. Aujourd’hui c’est beaucoup plus facile parce qu’il y a beaucoup plus de jeunes au niveau des sociétés privés où au niveau des autorités et qui captent le fond de ce qu’on fait et c’est hyper important. Donc on se retrouve des interlocuteurs qui nous comprennent alors qu’avant on était perçu comme des jeunes qui faisaient du bruit, un ramassis de mal-élevés etc..

 

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via Abdo El Rhazi Interview : L’Boulevard revivra avec moins de 6 millions de dirhams de budget

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