Par Hakim Arif
France 24 est une chaîne publique française créée pour « le rayonnement de la France dans le monde ». Parce que les luttes dans ce pays assurent l’indépendance des journalistes et leur imposent une certaine déontologie, on ne peut pas dire qu’elle est aux ordres d’une officine. Bien que le patron de France-Television, groupe dont dépend la chaîne, est désigné par le pouvoir.
Cette chaîne a organisé il y a quelques jours un débat autour du procès de Hajar Rissouni qui s’est terminé en pugilat. Au Maroc ce procès a suscité et suscite un vrai débat autour des libertés individuelles et en particulier le droit des femmes à disposer de leur corps, c’est à dire pour être concret, les relations sexuelles hors mariage et l’interruption volontaire de grossesse. Des centaines d’associations, des personnalités, des éditorialistes historiques et reconnus, se sont engagés dans ce combat. Mouvement unique dans la sphère musulmane.
Un bon journaliste aurait constaté que ce mouvement est porté par des laïcs, pour défendre une jeune femme, liée famillialement à un dirigeant islamiste, ce qui n’est qu’un détail.
Car au sein même des islamistes marocains, des voix s’élèvent pour légaliser les droits individuels et ne plus en faire un point de clivage entre conservateurs et modernistes. Une parlementaire du PJD y voit le moyen de pouvoir construire des alliances autour de l’approfondissement de la démocratie, du développement, de la justice sociale.
Ce mouvement profond, puissant, où des laïcs côtoient des islamistes n’a pas intéressé ‘’France 24’’. L’émission a préféré se concentrer sur la théorie du complot, celle des services marocains et de la justice, qui chercheraient à monter des dossiers contre la mouvance islamiste pour les disqualifier. Au passage ils permettent à leurs ‘’invités’’ de mettre en cause des gens qui, pourtant, défendent le droit à l’avortement.
Ce cas n’est qu’emblématique. Dès qu’il s’agit du Maroc, à France 24, c’est haro sur toutes les institutions, la justice, la police, la presse, tout le monde est mis au pas, selon eux.
C’est une position qui devient lassante parce que tendancieuse. Lorsqu’en France l’affaire Tarek Ramadan a éclaté suite à son accusation pour viol, les médias marocains, qui ont suivi les événements n’ont pas évoqué un quelconque complot de l’Etat français, de la police ou de la Justice contre un théologien islamiste. On peut penser éventuellement qu’ils font confiance à l’indépendance de la Justice et c’est certainement la réponse qu’ils auraient eue s’ils avaient qualifié l’affaire de complot. C’est l’attitude que France 24 aurait pu adopter en traitant l’affaire Rissouni. C’est en tout cas ce que commande la déontologie.
On s’attendait à ce que les médias occidentaux en général et français en particulier participent au soutien des tendances libertaires dans nos sociétés. Les modernistes mènent des combats, parfois au péril de leur vie, dans la sphère musulmane. Il serait naturel, que le secteur public audio-visuel français, mette en valeur leurs combats. Il préfère l’ignorer, dénigrer des avancées difficiles, obtenues après des années de plomb et mettre en vedette des théoriciens du complot, porteurs de valeurs rétrogrades et liberticides, au mépris des souffrances des gens qui partagent les valeurs universelles.
Libre à France 24 de préférer parler de complot, alors qu’il s’agit de lois obsolètes, liberticides, qu’il faut abattre. Il faut libérer Hajar, mais toutes les Marocaines. Par la loi.
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via Abdo El Rhazi Le biais de certains médias occidentaux
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