Après avoir supporté tant bien que mal deux mois de confinement interminables, voilà qu’on nous annonce que l’on devrait rester encore 3 semaines de plus, isolés du monde extérieur, histoire de nous protéger d’un virus invisible qui sévit à l’extérieur. Sauf, que les choses commencent à dégénérer et pas tout le monde arrive à gérer la situation.
Au début, l’idée de rester à la maison pendant la pandémie actuelle de coronavirus ne paraissait pas si terrible. On avait même plutôt l’impression d’être bien préparé pour faire face à la situation. Sauf qu’à présent, les gens commencent à lâcher et n’en peuvent plus de rester cloitrer entre 4 murs. Les réseaux sociaux débordent de commentaires sinistroses et les premiers signes de détresse et de lassitude commencent à se faire sentir. Comment supporter encore d’autres semaines de confinement et en sortir indemne ?
« J’ai du mal à tenir, explique Anissa, mère comptable de deux enfants. Au début, on se disait qu’on allait s’en sortir, on espérait tous un retour à la normale après ces 2 mois, mais là, on n’en peut plus. Mes enfants en CM1 et CM2 n’arrivent plus à suivre le programme scolaire puisque je n’arrive pas à les accompagner vu que je bosse en télétravail. Leur père travaille aussi à distance, donc, ils sont livrés à eux-mêmes ! Et depuis qu’ils ont appris qu’ils ne reviendront pas à l’école avant septembre prochain, il est très difficile de les motiver parce qu’ils n’arrivent à voir le bout du tunnel. »
L’importance de socialiser et de communiquer
Pour Ghizlane Benjelloun, pédopsychiatre et chef de service au CHU Ibnou Roch de Casablanca, il est très important de communiquer et de socialiser avec les enfants. « Vous savez, il existe plusieurs cas de figure, certains enfants ayant des difficultés d’apprentissage, développent des angoisses et seraient soulagés de ne pas retourner à l’école. D’autres par contre, auront hâte de reprendre la vie normale, parce que leurs amis leur manquent. L’idée c’est de pouvoir resocialiser malgré la distanciation physique, genre jouer et organiser avec eux des activités physiques régulières ».
Mme Benjelloun insiste sur l’importance de les rassurer. « Il faut beaucoup parler, communiquer, nous confie -t-elle. Si les enfants comprennent l’importance de rester chez soi si on leur explique que c’est une action collective et solidaire, qui va aider les autres et sauver la planète, alors ils accepteront mieux la situation. Il faut que ça ait un sens, et c’est important de leur expliquer par des actions et des schémas, beaucoup plus qu’avec des paroles. Les images du retour à l’école en France, c’est glauque, les enfants qui sautent dans leur sursaut pendant la récréation et qui ne peuvent pas jouer avec les autres, ce n’est pas ça l’école ! c’est morbide, déplore-t-elle ». La spécialiste poursuit en insistant sur l’importance de présenter les aspects positifs du confinement : « on peut leur expliquer, à titre d’exemple, que ceci nous a permis de passer plus de temps ensemble, en famille, qu’on est plus autonome, qu’on est en train d’éliminer tout le superflu dans notre vie, qu’on change d’opinion sur le monde, et surtout leur rappeler qu’ils sont des enfants qui ont vécu 2020, un événement mondial et historique, qu’on aura du mal à l’oublier ! »
Retrouverons-nous une vie psychique indemne après le déconfinement ?
Le problème qui se pose par contre, c’est comment rassurer ses enfants alors que les adultes eux-mêmes deviennent de plus en plus anxieux.
« Quand il n’est pas scotché devant la télévision toute la journée, mon fils se rabat sur sa console de jeux et devient de plus en plus violent », se plaint Samira, secrétaire dans une entreprise qui vient de perdre son emploi suite à la crise du covid-19 ! Je ne sais même plus comment je vais joindre les deux bouts parce que l’aide de l’état n’est pas suffisante pour vivre dignement, mon mari étant au chômage depuis 1 ans !
Pour Ghizlane Benjelloun, « la santé mentale de tout le monde va prendre un sérieux coup, -adultes et enfants confondus-. C’est l’événement traumatique sans précédent ». En effet, les premières études publiées dans le monde sur les effets psychiques et sentimentaux montrent que plusieurs symptômes commencent à apparaitre et que le niveau des angoisses a plafonné ces derniers mois : états de stress aïgu, augmentation de l’irritabilité et de l’anxiété, beaucoup de vigilance…. « C’est catastrophique, car même après le déconfinement, on aura des répercussions sur le long terme. Et qui dit déconfinement, ne dit pas forcément qu’on retrouvera une vie psychique indemne, et qu’on n’aura pas des séquelles post-traumatiques ! ».
Tout dépendra donc de l’état de fragilité de chacun, et comment chaque personne a vécu le confinement, explique le Dr. Benjelloun. « Il y a toujours des personnes résilientes qui s’en sortent bien, mais toutes les personnes avec un minimum d’angoisse ou qui ont vécu durant le confinement des événement stressants, ceux qui ont mal vécu les relations avec les enfants, les conjoints, ou avec les amis, ça va avoir un impact important au niveau relationnel, ils ont avoir des humeurs plus irritables sur le long terme, il y aura des anticipations anxieuses à chaque fois qu’il y a des annonces de virus à la télé ou autres maladies. D’autres deviendront plus hypocondriaques, plus obsessionnels, par rapport au lavage, à la propreté, beaucoup plus de rituels,…
Il faut relativiser…
Pour faire face à nos angoisses, un accompagnement psy s’impose. « Les personnes qui parlent à leur psychologue ou psychiatre par téléphone, disent clairement que ça les soulage, de pouvoir parler avec des professionnels. D’autres vont s’orienter vers des pratiques plus zen comme le Yoga, la méditation, la religion, ou la prière, pendant le ramadan… », conclut le Dr. Benjelloun.
Ainsi, au-delà de ces formes de spiritualités, il faut faire appel à toutes nos compétences personnelles d’introspection pour essayer de relativiser, car après tout, « c’est comme ça que des communautés entières comme les Hermites ont pu s’élever au-dessus des autres ! ».
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via Abdo El Rhazi Sortirons-nous indemnes du confinement ?
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