Mohamed Ali est surement la légende sportive la plus marquante des temps modernes. Ce statut, il ne le doit pas uniquement a ses performances extraordinaires sur le ring, trois fois champion du monde, 56 victoires en 60 combats. Il le doit surtout a son engagement humaniste, citoyen. En 1967, il a refuse d’etre incorpore dans l’armee américaine et de combattre au Vietnam, signifiant ainsi son opposition a cette guerre. Cela lui a valu de faire de la prison, d’etre dechu de son titre et interdit de boxer. Entre temps, il avait annonce sa conversion a l’islam. Mohamed a choisi le soufisme comme voie pour pratiquer sa foi qu’il vivait pleinement en la maintenant dans sa sphere privee. Il s’etait toujours refuse a toute instrumentalisation. Atteint de maniere tres precoce par la maladie de Parkinson, il lutte pendant des decennies dans la dignite, tout en continuant a soutenir des actions humanitaires, a se deplacer pour des causes nobles, malgre son etat physique. Si sa memoire est saluee de maniere unanime, c’est d’abord l’homme de convictions, l’humaniste qui est mis en avant. De Clinton a Obama, en passant par une serie de chefs d’Etat, les louanges pleuvent. Dans une Amerique fracturee, celle des annees 70, il a apporte son soutien au mouvement des droits civiques, contre le racisme. Il a joue un role important dans cette lutte. Barack Obama le qualifie de heros, Clinton lira son oraison funebre. Ce combat-la, il l’a gagne et personne ne pourra lui prendre son titre. C’est une lecon pour la jeunesse du monde entier. On peut defendre des causes nobles avec force, s’exposant a des risques reels, etre pret au sacrifice, mais sans jamais ceder aux sirenes de la haine et de la violence. Sa foi musulmane, Mohamed Ali l’a vecue comme une richesse interieure et non pas comme un rempart contre l’alterite, ni comme un etendard d’une guerre contre le reste du monde. Sa ligne de conduite, exemplaire, humaniste, de son combat contre une guerre injuste a celui contre la maladie, en font un grand, un tres grand homme, apres avoir ete le plus grand boxeur de tous les temps. Sa mort intervient a un moment ou l’Amerique est tentee par ses vieux demons et ou Donald Trump reveille le racisme, l’homophobie, la haine de l’autre et les divisions. Ses funerailles deviennent, par la force des choses, un moment politique. Blancs, Afro-americains, Latinos, cote a cote, exprimeront l’autre Amerique, celle de la diversite, de la tolerance, celle qu’il a reve et que l’on prefere de loin a celle de Trump. The Greatest rejoint dans le pantheon des hommes justes, Martin Luther King, autre destin tragique, dont la victoire posthume a donne raison a son choix de la non-violence. Mohamed Ali etait musulman dans une societe qui ne l’est pas. Son message de paix etait universel, son amour de l’humain. Ce faisant, il etait un bon musulman, parce que porteur du veritable message de sa foi. Dans ces moments troubles ou une jeunesse deboussolee se reconnait dans des criminels et en fait de heros, adopte des theses nauseabondes et en fait des causes, il est bon de lui proposer d’autres modeles. Mohamed Ali en est assurement un. La richesse et la celebrite ne l’ont pas entraine dans le consumerisme, ni detourne de ses engagements. Le soufisme lui a permis de vivre sa foi dans la serenite et il est mort comme il a vecu, en homme de bien, mondialement reconnu comme tel. N’est-ce pas un merveilleux modele ?
via Abdo El Rhazi The greatest
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