Véritable bête de scène, l’ex bassiste groovy de Prince a livré un show décoiffant lors de son passage à Casablanca le 17 juillet au Studio des Arts Vivants. Connue pour son style funk-rock, sa crête purple et son look excentrique, Nik West revient sur ses expériences avec Prince, Marcus Miller ou Dave Stuart.
C’est la 1ère fois que vous vous produisez au Maroc. Quel a été votre sentiment ? C’était génial. Le théâtre était très cool, j’étais surprise de voir qu’il y avait une galerie d’art au sous-sol, une école de musique et des cours de théâtre, c’est trop cool et le public était génial. Vous savez, une partie de ma famille vient d’Ethiopie, donc, ce n’est pas si loin du Maroc, j’ai de grands amis marocains, j’ai toujours voulu visiter le pays mais ça ne s’était jamais fait, donc, j’étais très excitée à l’idée de venir jouer ici.
Est-ce que vous avez une idée sur la musique marocaine, la musique Gnaoua spécialement ? Non, du tout, hier soir, nous étions dans ce restaurant à Casa et le DJ avait joué cette musique, c’était juste génial. On l’a enregistré pour la mettre sur Facebook…
Marcus Miller avec qui vous avez collaboré a été complètement bouleversé lorsqu’il a entendu le son du gembri et lorsqu’il a découvert l’ancêtre de la basse ! Vraiment ? Je crois que j’ai déjà vu cet instrument mais je ne l’ai jamais essayé ! C’est fou, pourtant, j’ai été dans plusieurs endroits en Afrique !
Vous avez commencé à jouer de la guitare quand vous aviez 13 ans, c’est votre père qui vous a appris ? Oui, je voulais être comme mon père, je voulais jouer à la guitare comme lui, c’était dur pour lui de m’apprendre les accords mais quand j’ai eu 16 ans et que j’ai entendu « Wanna be startin’ somethin’ » de Michael Jackson, j’ai su que je voulais faire de la basse.
Dave Stewart de Eurythmics adore votre 1er album « Just In The Nik Of Time » et juste après, il vous propose de collaborer avec lui. Oui, j’ai enregistré mon 1eralbum avant que je ne le rencontre. Il avait adoré la chanson « Black Beauty » et donc, il m’a appelé pour collaborer avec lui à Los Angeles. C’était ma 1ère expérience professionnelle.
Comment était-il en tant qu’artiste ? C’est probablement le génie de tous les temps que j’ai jamais rencontré. C’est lui qui m’a appris comment me vendre, il me disait si je voulais être classique ou trendy (branchée) ? Je ne pouvais pas décider à l’époque, alors il m’a dit qu’au-delà de jouer de la basse ou de chanter, les gens devaient me reconnaître et que je devais être capable de provoquer une émotion sur scène ; il était un peu comme mon parrain !
Est-ce qu’à ce moment, vous vous attendiez à un tel succès ? Du tout, parce que ce que je faisais avec la basse était un peu osé, vu que je voulais faire quelque chose de différent. Et ça a fonctionné.
Comment s’est passée votre rencontre avec Prince ? En 2012, j’ai reçu ce coup de fil vers minuit, j’ignorais que c’était lui. Le lendemain, il m’a demandé de faire une session jam avec lui, il m’a offert du boulot. A l’époque, je voulais me produire solo et faire mon propre truc. Mais j’ai adoré travailler avec lui. On a souvent collaboré ensemble, on a travaillé sur « Say somethin’ », il m’a toujours dit d’être moi-même. On est devenu de bons amis. Chaque idée qu’il avait était enregistrée, il y avait ce show de télé réalité qu’il voulait faire avec moi et Orianthi, la guitariste de Michael Jackson. Il voulait voir comment on allait jouer ensemble, il avait de très bonnes idées. C’était un génie.
C’était un choc pour moi lorsque Prince m’a dit que je l’inspirais !
Pourquoi vous a-t-il choisi ? Je ne sais pas mais souvent, il me disait que je l’inspirais. Il disait souvent aux gens que j’étais superbe et qu’il fallait me voir jouer, tout comme Rosie Gaines l’a inspiré ! Pour moi, c’était un choc parce que lui m’inspirait alors comment moi je pouvais l’inspirer ?
Qui est votre guitariste préféré ? J’en ai plusieurs, mais quand j’ai entendu Marcus Miller jouer, il était différent de n’importe quel autre bassiste. Quand tu entends un de ses disques, tu le reconnais après 10 secondes, au son qu’il produit, en plus, il est super créatif, il y a aussi Lary Graham… En fait, ce serait une combinaison entre Marcus Miller et Lary Graham.
Vous avez un style bien propre à vous, avec cette crête pourpre qui vous distingue des autres, pourquoi ce style ? C’était un pur hasard, j’ai des cheveux bouclés, une fois, je faisais une séance de shooting photos au studio, et je me suis dit je ne voulais pas faire quelque chose qui a déjà été faite, alors on a essayé ce truc, on a trouvé ça cool, je voulais quelque chose de différent, on a pris les photos, on les a mis sur Facebook et tout le monde est tombé sous le charme. En fait, ça ressemble à la forme d’une basse et d’ailleurs, c’est plus facile de jouer avec ça qu’avec mes cheveux lâchés, ça tient sur place.
Vous êtes une bête de scène, la façon de jouer avec votre basse est impressionnante. J’ai toujours été pleine d’énergie depuis mon plus jeune âge, quand j’ai commencé à jouer de la basse très tôt dans ma carrière, j’ai vu comment les bassistes se déchainaient sur scène. J’ai toujours voulu imiter Michael Jackson et dans les fêtes de famille, je m’amusais à imiter pleins de personnages effrayants, j’ai commencé à faire ça sur scène et les gens ont aimé !
Vous avez collaboré avec Stewart et Glen Ballard, producteur et compositeur de Michael Jackson, Elton John ou Céline Dion : La 1ère fois que j’ai joué avec Dave à LA, il m’a vu jouer au studio, il m’a dit « je sais qui tu es, j’ai saisi ta personnalité ». Le lendemain, il débarque avec une chanson, un mix de funk et de reggae, et ça m’a parlé. J’ai adoré travailler avec lui.
Vous préférez chanter ou être bassiste ? Si vous m’aviez posé cette question il y a 2 ans, je vous aurais répondu, jouer de la basse, mais là, je veux à la fois chanter, jouer de la basse et interagir avec le public sur scène. J’adore voir sa réaction et celle de mon équipe. Quand on chante, on voit directement si les gens sont emballés ou pas mais quand on joue que de la basse, on reste entre les deux. Aujourd’hui, j’ai moins peur qu’avant.
Est-ce que c’était dur pour vous en tant que femme de jouer à la guitare ? Oui, au début, dans ma ville natale, c’était difficile de faire des reprises. D’ailleurs, j’ai choisi le nom de NIK plutôt que Nikky ou Nicole, pour que les gens pensent que c’est un homme qui jouait dans le groupe, mais ça a fonctionné. Aujourd’hui, ce n’est pas dur pour moi mais je n’ai jamais choisi les choses faciles, j’ai toujours voulu sortir des sentiers battus !
C’est pourquoi vous avez lancé en 2015 « Queen of strings » ? Oui, c’est une sorte de compétition qui a pour but de découvrir, soutenir et récompenser des jeunes artistes féminines. Il y a des joueuses de rock des années 80, qui jouent du métal qui me dépassent et qu’on peut voir jouer sur mon site.
Comment définiriez-vous dernier album « Say Somethin » C’est un album où je suis moi même, où je n’ai pas peur de chanter et de jouer à ma manière, c’est un peu un mix de funk, de rock…qui comprend plusieurs reprises notamment « I’m Shakin’ ».
Que rêvez-vous d’accomplir ? Ma passion c’est enseigner la musique aux enfants, leur apprendre comment être créatifs. C’est pour cela que j’ai adoré le studio des Arts vivants, parce que c’est à la fois un théâtre, une école et une galerie d’art.
Vos projets ? Je viens de finir l’enregistrement du clip « Bottom of the bottle », avec des sons funky. Sinon, je suis en tournée jusqu’à fin août, je vais me reposer un mois et après, je reprendrais en octobre.
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Abdo El Rhazi Nik West : « Dave Stewart était un parrain pour moi ! »