Alors qu’au Maroc, les élections du 7 octobre ne suscitent, pour l’instant aucun débat sérieux et que les projets, s’ils existent, ne sont pas exposés clairement, en France, le thème majeur de la campagne présidentielle de 2017 est déjà connu, ça sera l’islam et sa place dans la république.
La séquence du burkini est symptomatique, sinon de la dérive, du moins de la précipitation de la classe politique devant ce problème. N’oublions pas que même Manuel Valls, le Premier ministre, a soutenu les arrêtés des maires, que le conseil d’Etat a jugé liberticides. Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il proposerait une loi interdisant le burkini, les signes religieux, s’il était élu. Or, tous les juristes disent qu’elle serait inconstitutionnelle.
Cela se passe dans un contexte très dur et très complexe, celui de la multiplication des attentats terroristes, commis dernièrement par des Français et non pas des étrangers. Les discours identitaires ont trouvé un terrain favorable pour s’exprimer et la parole sectaire, raciste s’est libérée et a envahi l’espace public.
Pourtant, il y a deux réalités incontournables qui ne sont pas prises en compte par les prophètes du clash. La première c’est que les terroristes présumés ne sont pas passés par la case mystique, ni même par la mosquée. Mettre toute la responsabilité sur les lieux de culte empêche une vraie lutte anti-terroriste.
La deuxième vérité, est que le profil de ces terroristes n’est pas celui de doctrinaires, mais de déclassés sociaux ayant la haine d’eux-mêmes et de leur environnement avant d’avoir celui de la France. Ce sentiment aux origines sociales se pare de religion et surtout de politique, en s’exprimant par le biais du terrorisme.
Mais le problème de l’intégration des musulmans en France est une réalité et doit être traité rapidement, mais pas dans la stigmatisation.
L’erreur des autorités françaises c’est d’avoir ghettoïsé les migrants qu’ils sont venus chercher, il ne faut pas l’oublier. En parquant ces familles ensemble, les autorités ont créé les conditions du communautarisme. L’école a échoué dans sa fonction d’intégration dans une grande mesure. La crise économique, qui frappe plus durement les plus précaires, a crispé l’ensemble.
La situation internationale, le terrorisme intégriste d’Al-Qaïda puis de Daech, la montée d’un islam régressif avant d’être radical dans le pays d’origine, mais importé dans les pays d’accueil, créent un contexte favorable à un climat de suspicion généralisée.
Que l’objectif soit la constitution d’un véritable islam de France, respectueux de la laïcité et des règles de la République, nul ne peut le contester. Mais on ne peut y arriver en remettant en cause le droit du sol, en proposant l’interdiction du voile et non pas tous les signes religieux à l’université, en stigmatisant les musulmans.
Les Français de culture musulmane sont cinq millions. La République se doit d’intégrer ceux qui ne le sont pas et non leur proposer une assimilation forcée, qui ne peut qu’exacerber les conflits.
Cet article a été publiée dans le huffingtongpost.fr le 30 août 2016
via Abdo El Rhazi Le mal français
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