Le débat est abscons. Il y aurait des partis historiques, d’autres issus de l’administration, mais la jeunesse n’en a cure. Elle ne peut se resituer dans l’ère de la guerre froide, ni se projeter dans un avenir qui ne serait qu’un prolongement du passé. La non constitution du gouvernement, ce que l’on appelle le blocage, impacte le Maroc, de différentes manières, son coût économique est énorme, et ce dans la durée. Nous n’avons plus de gouvernement depuis le 7 octobre. Cela veut dire qu’il n’y a plus aucun appel d’offres depuis 5 mois. La dépense publique est l’un des moteurs de la croissance au Maroc. Des entreprises, parfois mono-client, dépendent largement des marchés publics, ces entreprises sont en grandes difficultés. Nier cet état de fait, c’est faire preuve d’une irresponsabilité indigne de candidats aux plus hautes fonctions de l’Etat. Le coût économique est encore plus important, quand il s’agit des investissements. Les gros investissements étrangers ont besoin de visibilité. La stabilité pour eux n’est pas uniquement politique, elle est aussi liée à la permanence des choix, à la fiscalité. Nous savons tous, que tout grand investisseur négocie des arrangements fiscaux, un « deal » foncier, etc. La concurrence internationale sur l’accueil des investissements étrangers se joue sur ce terrain. Or, le gouvernement de gestion des affaires courantes n’a pas les moyens législatifs, constitutionnels, pour passer ce genre d’accords. Des investissements, de l’emploi, de la richesse, partent ailleurs, parce qu’il n’y a pas d’exécutif capable de les attirer. Parce qu’il n’y a pas de gouvernement, il n’y a pas non plus d’emplois de fonctionnaires. Nous savons tous que les départs à la retraite sont imposants. Ceux qui ont été recrutés, il y a 35 ans, alors que l’Etat, après la hausse des prix des phosphates a cru avoir les moyens de renforcer les services publics, ont atteint l’âge du départ à la retraite. Rien que pour l’Education nationale, ils sont 13.000 à partir cette année. C’est une hérésie que de croire que tout cela peut attendre, parce qu’il faut former les gens, avant de les mettre au front. Enfin, la politique africaine du Roi est un vrai succès. C’est économiquement une opportunité extraordinaire. Mais encore faut-il qu’il y ait un suivi, des équipes dédiées. Or, en l’absence d’un gouvernement, nous sommes face à un service minimal, où nous signons des accords, ambitieux, mais les signataires, les ministres, n’ont plus la légitimité de la fonction. La situation de blocage n’est pas seulement coûteuse pour la construction démocratique dont elle détourne une partie de la population. Elle a aussi un coût économique, qui se traduit par du chômage, l’affaiblissement des entreprises, le ralentissement de la croissance et l’appauvrissement des services publics. Il faut être un anti-patriote pour mettre en avant la politique politicienne face à ces dégâts collatéraux.
via Abdo El Rhazi C’est la Nation qui perd
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