Dévoilé récemment à la Berlinale en Allemagne puis au festival Travelling de Rennes en France, le 5e long-métrage de Hicham Lasri («Darba fa rass») continue de faire le tour du Maroc. Après les festivals de Tanger et de Tétouan, il vient d’être projeté en avant-première ce jeudi 25 mai à l’Institut Français de Casablanca. Co-produit principalement par le Maroc et la France, le film d’époque qui traite de certains thèmes chers au réalisateur, notamment les années 80, les années de plomb, la vie sous Hassan II…, nous plonge dans les années 86 au lendemain de la victoire de l’équipe nationale en Coupe du monde contre le Portugal, à Mexico.
Dans un décor poussiéreux et des plans débullés qui donnent le vertige, digne des westerns spaghettis, on découvre un film surréaliste peignant la réalité d’une société absurde avec des personnages attachants, marginaux et presque loufoques, « C’est un film sur la tendresse qui marque une rupture avec tout ce que j’ai pu faire auparavant, il est plus proche des gens, loin des films de jugements. J’avais envie de faire un film sur des gens qui n’ont rien, qui n’auront jamais rien mais qui s’aiment quand même et qui réussissent à trouver le bonheur là où il est », confie le réalisateur. Des personnages simples, déjantés mais heureux incarnés magistralement par Benaissa El Jirari (moqadem), Latefa Ahrrare et le jeune Zoubir Aboulfadl. Dans la peau d’un flic blessé à la tête après avoir reçu une bouteille sur la tête pendant les émeutes du pain en 1981, et envoyé au milieu de nulle part pour sécuriser un pont où Hassan II doit passer, Aziz Hattab est juste bluffant. « On m’a souvent reproché que je me répétais dans mes films mais c’est presque la dernière fois où je vais parler des années 80, de Hassan II et de Basri… Je pense que j’ai fait le tour et le film finit d’ailleurs sur une note à la fois ironique, tendre et plein d’espoir et c’est pour cela que je raconte cette époque avec des yeux d’enfant, histoire d’apprendre aux autres le goût de la vie », explique le réalisateur.
Dans cette œuvre sensorielle, très personnelle et presque cathartique, Hicham Lasri joue à nouveau sur les silences, les angoisses, les frustrations et les insécurités du Marocain face à l’autorité et à l’abus de pouvoir. « Je trouvais intéressant de raconter cette histoire du point de vue d’un flic, un personnage qui nous effrayait quand on était gamins qui essaie de se racheter, de s’élever et de devenir meilleur. En fait, c’est l’histoire d’un vertige, qui s’incarne exactement au moment où il se réconcilie avec lui-même », déclare Lasri qui compte désormais s’affranchir de ses souvenirs d’enfance qui le rattrapent dans tous ses films. « Je vais passer à autre chose, j’ai envie de tourner dans d’autres pays, dans d’autres langues. Ceci n’affectera pas le traitement de mes sujets, ni le regard que je porte sur le monde », a-t-il conclu.
via Abdo El Rhazi Head Bang Lullaby Le vertigo de Hicham Lasri
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