L’Iran, pays si intriguant, change-t-il vraiment ? Cette question s’impose à la lumière des réactions explosives de ce pays aux derniers attentats terroristes qui l’ont frappé.
Ces jours-ci, l’Iran est, plus que jamais, au cœur de l’actualité. L’un de ses derniers faits d’armes, ses six missiles tirés, dimanche 18 juin courant, depuis l’ouest du pays vers à Deir Ezzor à l’est de la Syrie. C’est la première fois en trente ans, depuis en fait la guerre avec l’Irak entre 1980 et 1988, que l’Iran lance des missiles en territoire étranger. La cible était des bases terroristes de Daech, à en croire les fameux Gardiens de la révolution. Cette armée d’élite du régime iranien précise dans un communiqué que son action a été menée en représailles aux attentats perpétrés le 7 juin contre le Parlement et le mausolée de l’imam Khomeiny à Téhéran, qui avaient fait dix-sept morts et qui ont été revendiqués par « l’Etat islamique ».
De nombreux analystes estiment qu’à travers son intervention de terrain en Syrie, le pays des Mollahs veut envoyer des messages à ses ennemis dans la région, Israël et l’Arabie saoudite en premier, et plus largement aux Américains et au monde.
« Les frappes de missiles ne sont qu’une petite partie de la capacité punitive de l’Iran contre les terroristes et contre ses ennemis », a clairement déclaré, lundi 19 juin, le général Ramezan Sharif, porte-parole des Gardiens de la révolution, cité par l’AFP. Et ce haut gradé d’ajouter : « Les soutiens internationaux et régionaux des terroristes doivent comprendre cette mise en garde. »
Le président de la Commission des Affaires étrangères du Parlement iranien, Allaeddine Boroujerdi, a été encore plus explicite en annonçant que l’Iran est entré dans une nouvelle phase de la lutte contre le terrorisme. « Le Sénat américain vient de voter une loi pour imposer de nouvelles sanctions contre l’Iran qui visent notamment le programme balistique du pays et le message est que l’Iran, dans sa lutte contre le terrorisme, a besoin de ses missiles », a-t-il lancé.
C’est une contradiction de plus de la part d’un Iran qui s’évertue, ces dernières années, à promouvoir son pacifisme.
Arabie saoudite : l’ennemi juré
L’autre fait d’arme, encore plus récent, de l’Iran est sa demande adressée, mercredi 21 juin à l’Arabie saoudite, pour la libération de « trois pêcheurs » iraniens appréhendés quelques jours auparavant par les Saoudiens. Les Iraniens réclament aussi la punition des gardes-côtes saoudiens qui auraient tué un quatrième pêcheur.
De son côté, l’Arabie saoudite a affirmé, lundi 19 juin, avoir capturé non pas trois pêcheurs, mais plutôt trois membres des Gardiens de la révolution iraniens à bord d’une embarcation. Les captifs, selon les autorités saoudiennes, avaient des explosifs et se dirigeaient vers un gisement pétrolier dans le Golfe. Des accusations que l’Iran rejette en bloc.
Quoi qu’il en soit, ce dernier développement ouvre un nouveau chapitre dans la guerre froide qui oppose, depuis toujours, l’Arabie saoudite et l’Iran. Cette guerre est attisée par la crise que connaît le Golfe actuellement suite au boycott imposé au Qatar et que les Iraniens font tout pour le casser. Ils ne le font pas par mécénat, mais pour dominer leurs voisins. Ce faisant, ils donnent une définition bien singulière de l’ouverture envers leur région.
Reste la réalité intérieure du pays qui demeure cachée derrière un voile noir que seuls les plus aventuriers parmi les grands voyageurs tentent de lever. C’est ce qu’a fait Houda Chaloun qui offre l’occasion, à travers son reportage exclusif dans le pays des Mollahs, de découvrir la face cachée de l’Iran.
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