Infantino et Blatter, c’est blanc bonnet, bonnet blanc. En tirant cette conclusion d’une manière aussi tranchée, le chercheur marocain en droit des sports, Yahia Saidi ne laisse pas de place au doute. Pour lui, rien n’a changé dans la « maison FIFA » que le nouveau président gère, selon lui, en maître absolu.
Pire, de l’avis de plusieurs spécialistes internationaux, la FIFA version l’Italo-Suisse Gianni Infantino a envoyé au monde des signes inquiétants à travers l’examen préliminaire des dossiers de candidature pour le Mondial de 2026.
Dès le départ, des informations ont été révélées par une émission de télévision mexicaine sur une probable promesse donnée par Infantino aux Américains qu’il allait peser de tout son poids, en sa qualité de président de la FIFA, pour faire pencher la balance de leur côté face aux Marocains. Malgré son démenti, ses tentatives de sabotage de Maroc2026 au profit de United2026 (USA-Canada-Mexique) se sont succédées.
L’une de ces tentatives a été révélée, en premier, par Die Welt. Dénonçant le « sale jeu de la FIFA », le quotidien allemand a montré comment cette organisation, sous la houlette d’Infantino, veut évincer d’entrée de jeu la candidature marocaine en introduisant, à la dernière minute, la condition pour les pays candidats de disposer de six stades. Ce chiffre n’a pas été choisi au hasard, tout le monde sait que le Maroc ne dispose, pour l’instant, que de cinq stades prêts (Marrakech, Agadir, Rabat, Tanger et Fès). Le journal allemand a même conseillé au Maroc de porter l’affaire devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), ce que la Fédération royale marocaine de football (FRMF) n’a pas fait.
Le Maroc avait une autre raison de saisir le TAS, quand le président de la FIFA avait tout d’un coup décidé de créer le tout puissant organe d’inspection, la fameuse Task Force. « C’est une entité illégale, puisque sa création est contraire aux statuts de la FIFA », proteste Yahia Saidi. Pour ce chercheur, il est inacceptable que 5 personnes non élues, ni même désignées par les membres de la FIFA, puissent avoir le plein pouvoir de décider de l’élimination d’une candidature avant le vote du congrès. « La règle de base qui était appliquée lorsque le Maroc a postulé pour l’organisation du Mondial 2026 : le congrès est souverain et c’est au congrès que le pays hôte est élu », rappelle Saidi. Et ce dernier d’ajouter, non sans regret: « Fluant les règles élémentaires de transparence, Infantino a créé la Task Force et en a désigné les membres. Il pourrait ainsi barrer la route à qui il veut ».
La FRMF ne s’est pas laissé faire et a multiplié les lettres de protestation contre les manigances d’Infantino. Le système de notation ajoute de nouveaux critères techniques qui ne figuraient pas dans les prescriptions transmises initialement par la FIFA, s’indignait la Fédération marocaine début avril. Et d’ajouter que la lettre d’information sur ce changement a été transmise le 14 mars à 16h18, soit moins de 24H avant le dépôt du dossier technique de la candidature marocaine et à peine plus de 48H avant la date limite réglementaire de dépôt du 16 mars 17H00. L’antijeu est flagrant !
FiFantino
Cette déclaration faite à l’AFP par l’historien du football Paul Dietschy résume tout : « Il y a peut-être cette idée de remerciement pour une aide apportée lors d’une élection, c’est possible. Mais je crois que pour Infantino, la logique est d’attribuer cette Coupe du Monde à 48 pays à de grands pays qui ne l’ont jamais eue, comme la Chine ou l’Inde, ou à des associations de pays car pour couvrir les frais il faut être à plusieurs ».
Pour rappel, Infantino a été porté à la tête de la FIFA par défaut, grâce au report de voix de la Confédération nord-américaine, Amérique centrale et Caraïbes (CONCACAF). Aurait-il conclu un quelconque marché à la veille de son élection ? L’histoire le dira. En attendant, son favoritisme en faveur d’United2026 montre qu’il tente, par tous les moyens, de renvoyer l’ascenseur à ses électeurs.
C’est, en partie, pour savoir pour qui roule Gianni Infantino que l’eurodéputée luxembourgeoise Anne Brasseur a mené une enquête sur la FIFA. Ses révélations sont édifiantes. Dans son rapport sur la « bonne gouvernance dans le football », réalisé au nom de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) et publié le 15 décembre 2017, Brasseur a rencontré, le 16 octobre 2017, Gianni Infantino et l’état-major de la FIFA durant trois heures, au siège de l’organisation, à Zurich. « Pendant trois heures de réunion, c’est bien M. Infantino qui a piloté l’exercice ; il m’est donc impossible de croire qu’il ne soit pas aux commandes en ce qui concerne aussi bien le macro que le micro-management », raconte-t-elle. C’est une façon diplomatique de dire que le président de la FIFA est le maître absolu à bord.
L’enquêtrice le constatera et le révèlera clairement dans ses conclusionen s’arrêtant sur l’éviction, en moins d’an an, de 4 présidents des principaux organes de contrôle de la FIFA. Le cas qui illustre le mieux l’esprit Infantino est celui du Portugais Miguel Maduro. Cet ancien patron du comité de gouvernance a perdu ce poste, qu’il n’a occupé que pendant 8 mois seulement, parce qu’il a osé déclarer inéligible le Russe Vitali Moutko. Ce dernier n’est autre que le vice-premier ministre de Vladimir Poutine et patron de la Fédération russe de football. Il était aussi président du comité d’organisation de la Coupe du monde 2018. Son inéligibilité lui a barré la route d’un énième mandat au Conseil de la FIFA. « Maduro, en date du 14 septembre 2017, a déclaré publiquement devant la Commission de la culture des médias et du sport (select committee for culture, media and sport) de la Chambre des communes (House of Commons) du Parlement du Royaume-Uni qu’il a été évincé de son mandat à la tête de la Commission de gouvernance de la FIFA suite à son refus de céder aux pressions exercées sur lui par M. Infantino », écrit l’eurodéputée. Elle rappelle aussi que le Professeur Joseph Weiler, ancien membre de la Commission de gouvernance, a déposé une plainte contre Monsieur Infantino et d’autres responsables pour tentative de blocage des enquêtes à l’encontre de dirigeants du football. « Le sentiment général est, malheureusement, que le Conseil de la FIFA, et M. Infantino en particulier, voulaient se débarrasser des personnes qui risquaient de les gêner », conclut-elle.
Par ailleurs, la députée européenne cite dans son rapport le quotidien The Guardian, qui a révélé qu’Infantino faisait bien l’objet de deux instructions préliminaires. L’une concernant une fausse déclaration concernant les frais de sa campagne électorale pour l’élection à la présidence de la FIFA (sa déclaration fait état d’un budget de € 500.000, alors que l’UEFA lui avait accordé un budget d’environ 1 million d’euros). L’autre suite à des plaintes affirmant qu’Infantino et Samoura auraient cherché à influencer de manière illicite l’élection d’Ahmad Ahmad (Madagascar) à la présidence de la Confé- dération africaine de football (CAF) en assurant à plusieurs dirigeants de fédérations africaines, au cours d’entretiens privés, un versement plus rapide des fonds de développement à leurs fédérations respectives s’ils votaient pour Ahmad.
Malgré tout, Maroc2026 a tenu bon. La candidature marocaine sera soumise au vote jeudi 13 juin 2018 face à sa rivale United2026. Ce sont les votants et les votants seulement qui choisiront en leur âme et conscience le pays qui mérite réellement d’organiser le Mondial 2026.
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via Abdo El Rhazi Le match perdu de FIFAntino contre le Maroc
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