Par Ahmed Charaï
Lors de son discours à Abidjan, Le Roi Mohammed VI avait évoqué « la chasse gardée qui n’existe plus ». C’était une allusion directe à l’attitude de pays qui ne réagissaient pas aux nouveaux enjeux africains et restaient empêtrés dans les schémas anciens, hérités de la colonisation.
Quinze ans après, le contexte est totalement bouleversé. L’Afrique, parce qu’elle recèle le potentiel de croissance le plus fort, parce que ses nouvelles élites sont ouvertes à la mondialisation, attise toutes les convoitises, diversifie ses liens économiques, n’est plus dans l’attente de faibles subsides d’aides mais d’investissements win win.
La France a des relations historiques avec l’Afrique, liées à la colonisation, et à la gestion post-coloniale. Les temps ont changé, le continent évolue vers une meilleure gouvernance qui ne s’appuie plus sur les ressources naturelles bradées, mais sur de vrais projets de développement.
La Russie, la Chine, l’Allemagne, et les pays du Golfe notamment, recherchent des opportunités en Afrique et y investissent. Cette tendance ne peut que s’amplifier, parce que malgré la persistance de zones de tensions, c’est la zone du monde qui connait les meilleurs taux de rentabilité. C’est une logique économique implacable.
La France a de formidables atouts, son passé lui permet d’être omniprésente en Afrique de l’Ouest. Les élites sont francophones, ont souvent été formées dans l’Hexagone. La connaissance du terrain est maximale. Mais il faut que la France sorte du schéma néocolonialiste. « L’Afrique n’est plus une chasse gardée ». La France a un immense avantage par rapport à ses concurrents. Encore faut-il qu’elle se donne les moyens d’utiliser ces avantages à son profit en intégrant, définitivement, que les rapports avec l’Afrique ne dépendent plus exclusivement du politique et que l’approche réaliste doit être privilégiée.
Paris n’est pas dénuée de moyens. Pour contrecarrer les influences chinoises et maintenant russes, elle peut compter sur plusieurs atouts, les relations historiques qui perdurent, mais aussi la possibilité d’interférences positives.
Le Maroc est un hub privilégié. Son système bancaire est bien implanté sur le continent, or les banques françaises sont souvent présentes dans le système financier marocain. Les entreprises marocaines sont présentes, y compris dans des pays lusophones ou anglophones, c’est une vraie porte d’entrée pour l’Afrique.
Si la France veut retrouver sa place en Afrique, elle est obligée de changer de paradigme, de nouer des alliances. Le continent africain est, de l’avis de tous les économistes, celui de l’avenir. Pour avoir sa part, il faut faire fi du passé et s’inscrire dans une véritable politique de co-développement.
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via Abdo El Rhazi France-Afrique : Les nouveaux enjeux
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