Par Ahmed Charaï
Le ministre des Finances est allé à la rencontre de la CGEM. Mohamed Benchaâboun connait bien le monde de l’entreprise et ses problématiques puisqu’il a dirigé, pendant des années, une grande banque de la place.
Il n’a pas cédé sur l’essentiel, mais il a accepté quelques arrangements, notamment sur la vente de la résidence principale. Le respect des délais légaux de paiement par les établissements publics a aussi été à l’ordre du jour. Le ministère a tenu sa parole sur la transparence, le site internet existe où les retards sont affichés. Mais une méthode plus coercitive est peu envisageable. Les entreprises qui subissent ces retards ne peuvent réclamer des intérêts, comme le prévoit la loi, pour des raisons commerciales.
L’exercice est important. Il faut qu’Etat et secteur privé composent et se fassent confiance pour que la machine économique carbure à un rythme soutenu. Les banques sont appelées à jouer un rôle central dans la relance. L’accès des PME-PMI au crédit reste difficile, surtout face à des conjonctures de manque de liquidités. Pourtant, ce sont ces entreprises qui créent de l’emploi. Elles ont l’avantage d’être présentes sur tout le territoire, et de participer ainsi, de manière forte, au développement régional.
Comme dans tous les pays du monde, le patronat a des revendications fiscales sur le droit du travail ou encore l’administration. Certains textes fort attendus, comme celui sur le droit de grève, n’ont toujours pas vu le jour. Le dialogue social n’a pas trouvé de consensus sur ce sujet. La CGEM est dans son droit, c’est sa raison d’être, quand elle défend ces revendications.
Cependant, le Patronat ne peut s’affranchir de ses responsabilités sociales. L’Etat est lui aussi en droit d’attendre des contreparties aux baisses d’impôt. Le premier devoir c’est l’investissement. Une bonne gouvernance suppose que les bénéfices profitent pour un tiers à l’investissement, un tiers aux salariés et un tiers à l’actionnaire. On est très loin de ce ratio. Trop de patrons préfèrent multiplier les résidences secondaires, grossir leur parc automobile au détriment du développement de leur propre entreprise.
Actuellement, une sinistrose s’est installée dans les milieux d’affaires. Or, il n’y a aucune raison objective. La stabilité politique, le fonctionnement des institutions sont assurés. Le nombre des journées de grève est très marginal, les syndicats privilégiant la culture du dialogue, les rapports entre le fisc et les entreprises se sont largement améliorés. Les taux de profit sont très attractifs. On devrait avoir une embellie plutôt qu’une ambiance de crise.
La confiance ne peut pas se construire uniquement de la part de l’Etat. C’est une mission collective qui concerne tous les citoyens. Ceux qui font sortir des fortunes gagnées au Maroc à l’Etranger font-ils confiance à leur pays ?
L’histoire des pays émergents montre que le secteur privé doit jouer un rôle moteur dans l’investissement, mais aussi constituer une élite qui tire la société vers le haut, en portant des valeurs. Celles de la solidarité, de la responsabilité vis-à-vis de l’environnement, de la transparence s’imposent. Le projet national est basé sur un triptyque : Démocratie, développement, modernité.
Le patronat, en tant que classe sociale, doit, normalement, porter ces valeurs et les diffuser. Objectivement, il ne remplit pas entièrement ce rôle et se limite à l’aspect business délaissant les autres débats qui secouent la société. C’est une réflexion à mener au sein de la CGEM, au profit du projet national.
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via Abdo El Rhazi Rétablir la confiance
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