Après son passage remarqué au Fès Jazz in riads en 2010, le prodige du l’oud tunisien Anouar Brahem s’est produit pour la 2e fois au Maroc et fait à nouveau sensation avec son concert enchanteur qu’il a livré lors de la 10e édition du Jazzablanca. « Le public marocain commençait à me manquer », a lancé l’artiste tunisien, ravi de rejouer dans un pays qu’il considère un peu comme « chez lui ». Avec un quartet surprenant, Anouar Brahem a ébloui le public en interprétant avec beaucoup de grâce les neuf morceaux de son album «The Astounding Eyes Of Rita». Véritable hommage au poète palestinien disparu M. Darwich, l’oeuvre qui s’appuie fortement sur la mélodie s’inspire de la tradition arabe. En mêlant subtilement des sonorités indiennes, elle explore des espaces nouveaux, combinant des compositions inédites, traditionnelles sur le plan sonore, mais modernes dans l’approche. Tantôt envoûtante, tantôt mélodique, la musique a emporté les plus sceptiques vers un voyage au pays des milles et une nuances. Connu pour ses concerts bien structurés, l’instrumentiste et compositeur le plus innovant de sa génération en a surpris plus d’un en laissant une grande marge à l’improvisation. « La chose qui rapproche le jazz et la musique arabe, c’est l’improvisation, nous confie t-il. Bien sûr, tous les morceaux sont composés, mais il y a des plages, des moments où le musicien peut laisser libre court à son inspiration. Et c’est toujours une part d’inconnu qui est nouvelle pour nous et pour le public ». Ayant une affinité naturelle pour l’univers sonore de Brahem, l’incroyable prestation du clarinettiste Klaus Gesing, un improvisateur au phrasé étonnement fluide s’est agréablement mêlée au timbre envoûtant de la basse électrique du suédois Björn Meyer ainsi qu’à celui de l’oud et lui procure une fondation subtile et souple. Le libanais Khaled Yassine a apporté lui, à la darbouka une pulsation vitale à cette musique de chambre transculturelle. Dans un environnement musical arabe dominé par la chanson de variété où l’oud occupe une place d’accompagnement, A. Brahem qui refuse de se laisser enfermer dans un genre, a su apporter au fil des ans, sa touche personnelle et composer une musique arabe contemporaine. L’artiste qui s’est attelé à restaurer le oud en tant qu’instrument soliste, a rompu par la même occasion avec la tradition dans son travail de composition, en intégrant des éléments de jazz ainsi que d’autres traditions musicales orientales et méditerranéennes. « J’ai toujours voulu redonner à l’oud, cet instrument qui était presque en train de disparaitre de l’orchestre, une nouvelle vie, ce n’est pas seulement un retour nostalgique, c’est aussi pour réécrire la nouvelle musique arabe », conclut-il ✱
via Abdo El Rhazi Anouar Brahem « Je voulais réécrire la nouvelle musique arabe »
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