Le dernier livre de Gilles Kepel, «Terreur dans l’Hexagone», décrit une France plongée dans une crise sociale où le repli identitaire est le symptôme le plus criant. Spécialiste de l’islam mondialement reconnu et arabisant, il revient sur le parcours d’intégration de la jeunesse issue de l’immigration postcoloniale. Gilles Kepel considère que la réponse apportée par François Mitterrand à la «marche pour l’égalité et contre le racisme» de 1983, vulgairement appelée la «marche des beurs», est une «ruse» politique. Cette génération d’immigrés, qui revendiquait son appartenance à la France et réclamait son droit à plus d’intégration, a été cantonnée par le Président socialiste dans des associations antiracisme. Pour le sociologue, la marginalisation de cette population pousse les plus désœuvrés vers le salafisme, une idéologie en rupture avec l’Occident. Pourtant, les jeunes issus de l’immigration ne sont pas les seuls à être, selon l’auteur, victimes d’une crise sociale.
Parallèlement au développement de l’idéologie djihadiste en banlieue, il y a une montée fulgurante de l’extrême droite. Loin de comparer les électeurs du Front National aux djihadistes de Daesh, Gilles Kepel analyse la désintégration sociale et le repli identitaire qui sont communs aux deux idéologies. Ces deux tendances favorisent, selon l’auteur, la polarisation de la société française.
La guerre civile reste l’objectif principal de Daesh. C’est la stratégie mise en place par Abu Musab al-Suri, un ingénieur syrien qui a vécu neuf ans en Europe. Ancien conseiller d’Oussama Ben Laden, l’homme est à l’origine, en 2005, de l’«Appel à la résistance islamique». Il théorise le djihad mondial et s’adresse principalement à la troisième génération de jeunes d’origines maghrébines qui n’ont pas réussi à s’intégrer dans le vieux continent.
Pour l’auteur de «Terreur dans l’Hexagone», les services de renseignement vont louper le virage emprunté par la troisième génération de djihadistes (3G). En effet, en 2005, ces services sous-estiment al-Suri et son «Appel à la résistance islamique» alors qu’il vise directement l’Europe, considérée comme le «ventre mou» de l’Occident aux yeux du théoricien syrien.
Pour Gilles Kepel, 2005 est une année charnière. Il rappelle que cette année correspond également à la création de YouTube aux Etats-Unis et à la crise des banlieues en France. Sans jamais établir de lien direct entre ces événements, Kepel parle de «coïncidences congruentes».
Afin de mieux comprendre la thèse développée par le politologue dans son ouvrage, notre correspondante à Paris, Noufissa Charaï l’a rencontré dans son bureau parisien de Sciences Po.
L’Observateur du Maroc et d’Afrique : Vous commencez votre livre avec le «Communiqué sur l’attaque bénie de Paris contre le France croisée ». Pourquoi ce choix ?
Gilles Kepel : Le communiqué existe dans les deux langues. Je pense qu’il a d’abord été rédigé en français puis en arabe, il est passionnant à étudier. Ce texte est rédigé dans un français très fautif, un français de jeunes peu éduqués, issus des classes populaires. Ils utilisent des termes de la «novlangue salafiste». Ces djihadistes essayent ainsi de se désavouer du fait qu’ils sont nés ici et qu’ils parlent français. Pour l’islamisme nord-africain dans sa version la plus radicale, le simple fait de parler français est considéré comme une trahison. Comme le disait Ali Belhadj, l’un des patrons du Front Islamique du Salut (ndlr, FIS algérien), l’objectif était de lutter contre tous ceux qui avaient «tété le lait vénéneux de la France». Les islamistes d’aujourd’hui ne parlent plus arabe ou un «arabe de cuisine». Ils veulent donc se détacher de leur identité française. Il y a une volonté de réa-arabisation en «fossha coranique» puisqu’ils estiment qu’ils sont contaminés «nafsyan» (psychologiquement) parce qu’ils parlent français. Le communiqué en arabe de l’attaque de Paris ne peut pas être compréhensible pour un arabophone qui ne maîtrise pas le français. Ses auteurs utilisent des mots comme «arrondissement, Bataclan».
Le sous-titre du livre est «Genèse du djihad français». Pourquoi la France est-elle devenue le premier pays européen pourvoyeur de djihadistes pour l’organisation Etat islamique ?
La France est le premier exportateur de djihadistes, en nombre absolu, les Belges, eux, sont les premiers en nombre relatif. Le djihadisme de Daesh est principalement fait en langue arabe.
En Allemagne, les immigrés sont d’origine turque et en Grande-Bretagne, ils sont Indo-pakistanais. Leur littérature est évidemment traduite, mais l’univers mental fonctionne en arabe, ce qui la rend donc plus facilement perceptible par des individus qui pensent être d’ascendance arabe.
L’un des carburants utilisé pour recruter les jeunes est le ressort «post-colonial». C’est le cas de Mohammed Merah, le 19 mars 2012. Ce dernier ne connaît certainement pas l’histoire de cette date, mais cela reste tout de même très significatif. C’est un élément paradigmatique très éclairant. Les attentats de 2015 ont une logique qui s’inscrit dans les trois générations de djihadisme et les trois générations de l’islam en France. La société française est par ailleurs l’une des «moins inclusives» d’Europe mais cela ne concerne pas seulement les enfants issus de l’immigration. Nos élites ont perdu pied avec la jeunesse et cela passe notamment par le mépris de l’université.
Vous déplorez dans votre livre l’ignorance des dirigeants politiques français du monde musulman depuis une dizaine d’années, quelles sont les conséquences de cette ignorance, selon vous ?
Les études sur le monde arabe contemporain avaient eu un regain d’intérêt il y a vingt cinq ans, après les problèmes pétroliers. Il y avait à Sciences Po une chair Moyen-Orient qui a formé des spécialistes très compétents. Paradoxalement, en 2010, au cours du mois où Mohamed Bouazizi s’immole en Tunisie, Sciences Po décide de fermer la filière d’études sur le monde arabe. Depuis, nous ne formons plus de spécialistes. Si cette filière existait, nous aurions pu avoir des thèses sur la situation en Libye ou en Syrie et peut-être éviter le chaos actuel.
La France est la cible numéro 1 de Daesh et ce sont les plus ignorants sur le domaine qui sont les plus influents. La thèse d’Olivier Roy considérant qu’il s’agit «d’islamisation de la radicalisation» et qu’au fond, ce sont «les brigades rouges qui sont devenues les brigades vertes» n’est pas en accord avec la réalité. Pourtant, son idée est très partagée. Olivier Roy, comme de nombreux experts, n’est pas arabisant, il ne peut donc pas comprendre les textes salafistes et les analyser.
Par ailleurs, il faut se rendre en banlieue pour constater l’emprise du salafisme et sa signification. En France, la classe politique est en rupture totale avec la jeunesse. Ces populations sont également porteuses du passé rétro-coloniale de la France qui a été mal géré et mal digéré. Merah tue des enfants juifs après le 50ème anniversaire, jour pour jour, du cessez-le-feu de la guerre d’Algérie.
Que pensez-vous de la position de Manuel Valls qui a déclaré : «Expliquer le jihadisme, c’est déjà vouloir un peu excuser» ?
Si l’objectif est de combattre, il faut analyser l’adversaire. Valls répond à Emmanuel Macron qui parle de «terreau» qui est un enjeu politique. Je préfère plutôt parler de «faille de la société française» et je pense que c’est l’un des grands défis de 2016, avec évidemment la lutte contre le terrorisme.
Depuis le 13 novembre dernier, Daesh ne commet que des erreurs politiques. En janvier, ils avaient certes réussi, en partie, à cliver la société entre «je suis» et «je ne suis pas Charlie». Mais en novembre, c’était une erreur que de retranscrire dans le texte «Paris capitale de la dépravation», considérant ainsi tout le monde comme dépravé. Y compris les musulmans qui adoptent un mode de vie occidentale, considérés comme des apostats. Du coup, il y a eu un rejet très fort, y compris par les musulmans en France. Pour ces derniers, les hommes de Daesh sont des «takifiristes», des «kharijites», une secte de l’islam qui considère que tout musulman qui pêche doit être déclaré «kafir».
Vous rappelez que l’attaque de Mohammed Merah du 19 mars tombe le même jour que le cinquantenaire du cessez-le-feu avec l’Algérie. Vous venez de préciser que rien n’atteste qu’il se réfère à cette date. Mais vous écrivez tout de même que Merah «viole le cessez-le-feu cinquantenaire». N’avez-vous pas l’impression de lui donner une trop grande responsabilité? Mohammed Merah n’est pas représentant de l’Algérie !
Ce n’est pas l’Algérie elle-même qui est concernée mais ce que représente la France dans l’esprit algérien. Après cent trente deux ans de colonisation, pour eux, le IIIème Reich «c’était le paradis sur terre», en comparaison avec ce qu’ils ont vécu. Cette éducation perdure et le frère Merah qui s’est désolidarisé du tueur de Toulouse, revient dans son livre sur cet esprit. Il décrit la fierté ressentie par la famille après le passage à l’acte de Mohammed Merah. Pour eux, il a réussi à «mettre la France à genoux». Il viole donc, à sa manière, le cessez-le-feu comme l’avait fait avant lui Khaled Kelkal.
Au-delà de Mohammed Merah, vous faites souvent référence aux origines algériennes de certains terroristes. Pourquoi est-il important d’insister sur les origines algériennes puisque toutes les nationalités sont concernées ?
Le mixte franco-algérien est beaucoup «plus intime» d’une certaine manière. L’Algérie a été un département français, la question de l’assimilation là-bas et de la désintégration ici, est beaucoup plus intense que ce qui s’est passé en Tunisie ou au Maroc. Il y avait certes des établissements étatiques sous protectorat mais qui perduraient et qui ont permis de construire un mixte identitaire différent et moins «explosif».
Vous considérez que 2005, avec la crise des banlieues, la création de YouTube et l’appel à la résistance islamique d’Abu Musab al-Suri, est une année charnière. Quel lien établissez-vous entre ces événements ?
Ce sont des coïncidences congruentes. C’est l’année de la troisième génération de l’Islam de France et l’année de la troisième génération de djihadistes français. C’est l’année où les enfants des darons prennent l’ascendant. Ce sont eux qui seront désormais en contact avec le pays d’origine. Personne ne veut s’occuper de l’Islam en France. Certains vont essayer de créer une communauté islamique dont ils se considèrent les interlocuteurs avec les pouvoirs publics. A l’autre bout du spectre, d’autres vont se diriger vers le salafisme. Le paradoxe c’est que ceux qui voulaient devenir Français ont eu du mal à y parvenir, alors que les salafistes d’aujourd’hui sont nés français. Abu Musab al-Suri, auteur de l’Appel à la résistance islamique mondiale connait bien l’Europe. Il a su bien identifier les failles et les difficultés d’intégration des sociétés européennes. Il a constaté la marginalisation de cette jeunesse qu’il a théorisée. Ça sera une réussite en janvier, mais un raté en novembre avec les Belges. Et 2005 marque une révolution culturelle majeure avec la création de YouTube qui va faciliter la propagande djihadiste.
Vous affirmez que la période 2005-2012 marque le grand basculement de l’Islam de France, c’est «le septennat du danger» et des «occasions manquées». Pourquoi ? C’est une période où la jeunesse issue de l’immigration entre sur la scène politique institutionnelle. Vingt-deux ans après le ratage politique de «la marche des beurs» et de la réponse apportée par Mitterrand qui les a amusés avec de l’anti-racisme.
Justement, la date qui revient souvent c’est 1983 avec «la marche des beurs». Selon vous, Mitterrand «ruse» et fait preuve de «machiavélisme» pour ne pas répondre aux attentes des immigrés. La montée du «djihadsime» dans les banlieues s’explique selon vous en partie par l’échec politique de cette «marche des beurs». Dans cette vision, les terroristes d’aujourd’hui sont les descendants de ces immigrés qui réclamaient hier plus d’intégration. N’est-ce pas là un raccourci ?
Cela concerne une toute petite minorité. Mais c’est dans cette génération de 1983 que naît le salafisme qui n’est pas toujours terroriste. Mais la rupture culturelle est faite. Pour un salafiste, les autres sont des «kafirs». C’est un effet de la désintégration sociale. Le salafisme arrive et propose comme avenir la «hijra». Si François Mitterrand les avait fait entrer dans les partis politiques, alors cela aurait permis d’avoir des modèles d’identification qui auraient donné l’impression qu’un enfant issu de l’immigration peut devenir Français à part entière. Le fait de les avoir marginalisés a laissé l’entrée libre aux mouvements religieux. Lesquels ont eu une emprise de plus en plus grande dans les quartiers populaires. Le désespoir social a conduit à la délinquance, la toxicomanie dont les religieux se sont occupés parce qu’ils ont sorti les jeunes de leurs dépendances. Nous avons créé une mécanique perverse dont 2005 est la fin. Les émeutes ont abouti à l’inscription des jeunes sur les listes électorales. Il y a eu 400 candidats issus de l’immigration, principalement maghrébine et principalement algérienne. En 2012, pas moins de 90% des Musulmans français ont voté pour François Hollande mais, en vrai, c’était contre Nicolas Sarkozy qu’ils ont voté.
Vous employez à plusieurs reprises la formule «troisième génération de l’islam de Fran-ce», qui donne parfois l’impression d’être synonyme dans vos propos de «troisième génération djihadiste». Vous ne craignez pas l’amalgame ?
Il n’y a pas d’amalgame. La troisième génération de djihadistes appartient à la troisième génération de l’islam de France. Evidemment qu’elle n’est pas entièrement djihadiste. al-Suri pense que la nouvelle génération de djihadistes sera celle de jeunes de culture musulmane qui ne s’identifient plus à la société dans laquelle ils vivent. Il va théoriser cela sous forme de «koufr». Si les thèses de Abu Musab al-Suri s’étaient adressées à l’époque aux générations précédentes, cela n’aurait pas fonctionné. Il s’est adapté aux problèmes d’intégration qui traversent les sociétés européennes.
Vous estimez que les services secrets ont raté le virage pris par les jihadistes 3G (G pour génération) en France ?
Les Anglais n’ont pas pris au sérieux l’appel à la résistance de Abu Musab al-Suri. Au Foreign Office (ministère anglais des Affaires étrangères), ils pensaient que cet appel allait détruire Al-Qaida. Le groupe de Ben Laden fonctionne de manière hiérarchique et les renseignements n’ont pas compris le système développé par al-Suri qui était différent. C’est un ingénieur de formation qui a vécu neuf ans en Europe. Je le répète encore une fois, ce théoricien a une bonne connaissance des failles sociales et culturelles qui existent dans l e s sociétés européennes. Il remarque la marginalisation de ces populations et décide d’en profiter alors que les services secrets sous-estiment sa stratégie et le danger qu’il représente. Les services secrets estimaient qu’ils y auraient des appels dans tous les sens, ce qui allait aboutir, selon eux, à la dispersion. Ils n’ont pas compris la révolution culturelle qui passait par les réseaux sociaux. Et en France, la prison est un incubateur de djihadistes. Par exemple, au quatrième étage de Fleury- Mérogis, il y avait Djamel Beghal et au troisième, il y avait Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly. Ils se sont rencontrés en prison.
Olivier Roy déclare dans une interview publiée le 29 septembre 2014 dans le journal Le Monde : «il faut d’autant moins internationaliser le conflit, que Daesh a avant tout une stratégie locale qu’il tente d’étendre à tout le Moyen-Orient mais son objectif n’est ni New York ni Paris». C’était trois mois avant Charlie Hebdo.
Vous évoquez des mosquées en France et les problèmes que posent certaines. Faut-il imposer une formation des imams, comme ce qui se fait au Maroc ?
Au Maroc, le Roi est commandeur des croyants, ce qui lui confère de la légitimité. Dans ce pays, les mosquées sont fermées après les prières. En France, le phénomène des grandes mosquées a longtemps été vu comme la solution pour rassembler un maximum de fidèles autour de la même «khotba» (prêche), pour éviter les petits prédicateurs. Pourtant le problème se pose différemment, comme dans la mosquée Stalingrad dans le 19ème arrondissement de Paris. Après les prêches, la mosquée servait de «terrain de chasse».
Votre thèse c’est que la marginalisation de cette population la pousse au «salafisme», quand les «blancs» se tournent vers l’extrême droite. N’y a-t-il pas d’autres possibilités ?
Rien n’est inéluctable. C’est tout le travail que doit faire la société française. Il faut proposer des anticorps à ce type de phénomène aussi bien celui du terrorisme que celui de l’intégration sociale qui sera un enjeu de la campagne de 2017.
Il existe également selon vous un lien entre la sphère djihadiste et la nébuleuse de l’extrême droite. Quels sont leurs points communs ?
La congruence des deux identitarismes. L’identitarisme salafiste ou djihadiste et celui de l’extrême droite, comme il est défendu par Alain Soral et des sites comme «Égalité et Réconciliation». Pour les djihadistes, «les autres» sont perçus comme des «mécréants» et pour les gens de l’extrême droite «les autres» sont considérés comme des «allogènes». Pour les premiers, le complot c’est le «koufr» et pour les autres, il est mené par les «américano-sionistes». Sur les sites de propagande et les vidéos comme 19 HH (Histoire de l’Humanité) et «Égalité et Réconciliations», il y a une congruence des récits. Les schémas narratifs sont homothétiques.
Vous évoquez à plusieurs reprises Youssef El Qaradawi, prédicateur sur d’Al Jazeera qui utilise parfois des versets du coran pour donner une légitimité au combat terroriste. Quelle est la responsabilité, selon vous, de la chaîne qatarie dans la diffusion d’un islam radical?
Youssef El Qaradawi et Tarik Ramadan c’est la vision qatarie de l’Islam. C’est la vision qui, pendant les révolutions arabes, s’oppose au wahhabisme saoudien d’obédience salafiste. Le Qatar voulait la victoire des frères musulmans, Youssef El Qaradawi et les autres participent à la diffusion de cette vision de l’Islam.
Qu’est-ce que vous pensez de la création de l’Observatoire de Lutte contre l’Islamophobie ?
Il y a de la compétition sur ce sujet entre diverses instances. Les actes qui mettent en danger la vie des Musulmans doivent être punis comme tout acte raciste. Dans le contexte actuel, l’islamophobie a été construite par les islamistes pour interdire toute critique de leur interprétation du religieux, mais également pour intimider les autres Musulmans qui, selon eux, font le jeu des ennemis de l’Islam. Concernant Charlie Hebdo par exemple, j’ai exposé sur les ondes de France Inter à Richard Malka, avocat de la revue satirique, la révulsion que m’inspirait une caricature de Mahomet en train de prier dans une position indigne et pourtant je suis athée. Dire «Je suis Charlie », cela signifie que nous sommes contre l’assassinat des journalistes. Depuis le 13 novembre, la critique du djihadisme et du salafisme comme étant une idéologie en rupture avec la société européenne a été plus facile qu’après janvier.
Vous estimez que le 11 janvier est «la riposte la plus puissante à la stratégie de al-Suri qui veut créer la division». L’esprit du 11 janvier est-il toujours là ?
Tout a été transformé le 13 novembre. Le 11 janvier c’était la plus grande manifestation, mais c’était clivant. Le 13 novembre a dépassé le 11 janvier. Le 13 novembre a été un facteur d’unification beaucoup plus puissant de la société française, toutes catégories et toutes religions confondues.
Article paru dans le magazine L’Observateur du Maroc et d’Afrique, version papier, le 29 janvier 2016.
via Abdo El Rhazi Gilles Kepel, politologue et spécialiste de l’islam et du monde arabe contemporain : «Pour combattre le terrorisme, il faut analyser l’adversaire !»
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