Dans les us et coutumes du landerneau politique marocain, cela s’appelle «renverser à la table». La véhémente attaque signée Mezouar contre Benkirane, lors du conseil national du RNI, impose plus d’une interrogation.
C’est à croire que rien ne va plus entre Salaheddine Mezouar et Abdelilah Benikirane. En effet, le président du Rassemblement national des indépendants (RNI) n’y est pas allé par quatre chemins pour descendre en flammes le chef de file du Parti justice et développement (RNI). Lors du tout récent conseil national du parti de la colombe, Mezouar s’est attaqué frontalement à son allié au sein de l’actuelle majorité. Il est allé jusqu’à l’accuser de « autoritarisme ». Poussant le bouchon trop loin, le président du RNI en voudra aux « frères » de Benkirane leur tendance à s’immiscer dans les affaires internes des autres formations de l’échiquier politique. Une tendance qui a encore été illustrée lorsque Benkirane disait voir d’un mauvais l’arrivée de Ilyas El Omari à la tête du PAM, tout comme il s’était exprimé, négativement, lorsque Hamid Chabat a été porté à la tête du Parti de l’Istiqlal.
Qu’à cela ne tienne. La sortie de Mezouar n’a pas été sans susciter plus d’interrogations qu’elle n’a dégagé des réponses. Contactés, certains ténors du parti de la colombe n’ont pas jugé opportun de commenter la véhémence des propos de leur chef de file, alors que le concerné, à l’agenda certainement surbooké, ne répondait pas au téléphone. Du coup, la porte a été ouverte à toutes les lectures imaginables quant au sens d’une telle sortie. Qui plus est n’est pas sans rappeler les échanges d’amabilités auxquels on avait assisté à la veille des dernières élections législatives. Sans oublier, bien entendu, les attaques et contre-attaques au lendemain des élections locales et régionales. Lorsque Benkirane en a voulu au RNI pour lui avoir faussé compagnie dans l’élection des présidences de certains conseils des villes ou des régions.
Des circonstances où les deux formations avaient mis au placard leur alliance au sein de la majorité gouvernementale pour se livrer à une guerre de positions qui, aux yeux des observateurs, risquaient de faire éclater une majorité qui ne tenait qu’à un fil. Or, avec cette nouvelle « bombe » dégoupillée par Mezouar, l’on se demande si une éventuelle implosion n’était pas à écarter. D’autant plus que ceux qui suivent les évolutions de la scène politique, s’attendent toujours à une « probable » réaction de Abdelilah Benkirane, des siens ou de ceux qui le font par procuration à la place des deux. Seulement voilà, le secrétaire général du parti de la lampe aurait préféré jouer la carte de l’apaisement en s’interdisant toute réaction. Plus encore, selon certaines sources de son entourage, il aurait même donné des consignes pour ne pas souffler sur les braises. Serai-ce une manière pour sauver une majorité chancelante ? Possible. En revanche, il n’est pas incertain que, à quelques mois des prochaines échéances législatives, prévues pour octobre, que de telles prises de positions ne soient annonciatrices des ébauches des éventuelles alliances qui se dessineraient à l’horizon.
via Abdo El Rhazi Mezouar-Benkirane : le désamour…
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