En clôture du festival Jazzablanca, le jazzman britannique survolté à mi-chemin entre jazz et pop, a fait swinger Casablanca avec ses tubes teintés de pop et de rock.
Le jeune pianiste, chanteur et compositeur anglais a livré un spectacle époustouflant et une performance hors du commun lors de la soirée de clôture de la 11e édition du festival Jazzablanca. Profondément ému, le prince du swing qui se produit pour la 1ère fois au Maroc, a rendu un bel hommage au chanteur Prince, décédé le soir même, en reprenant son tube planétaire « Purple rain ». Devant un public trans-générationnel complètement déchaîné, Jamie Cullum, 36 ans, s’est montré comme d’habitude un showman de haut niveau. En véritable bête de scène, il a fait exploser ses cocktails swing devant des fans enchantés. On l’a vu monter sur son piano, jouer debout, sauter et se dépenser sans retenue, enchaînant reprises (« Don’t stop the music » de Rihana) et tubes de son album acclamé « Momentum » ainsi que son dernier opus « Interlude » (2014) où il revisite à sa façon, un répertoire de standards, de Dizzy Gillespie à Ray Charles, de Billie Holiday à Nina Simone.
Réputé pour son charisme, son énergie débordante et son talent, le crooner anglais qui puise son inspiration dans musique Pop, s’est fait connaître grâce à son album « Twenty something » sorti en 2003 et sa ballade Gran Torino composée pour le film éponyme de Clint Eastwood (2008).
Avec deux Grammy, deux Golden Globes et une série de nominations et récompenses, le multi-instrumentiste qui a déjà vendu plus de 10 millions d’albums dans le monde, a réussi à mixer le jazz avec l’air du temps. Grâce à son style teinté de pop et de rock, le jazz rime plus que jamais avec modernité et jeunesse.
Vous êtes un habitué des grands festivals de jazz internationaux. C’est la première fois que vous vous produisez à Casablanca. Comment imaginez-vous le public marocain ? Je pense que la culture marocaine est très vibrante, très colorée, vivante et excitante, et je sens que ça va être très intéressant.
Vous êtes une vraie bête de scène, pour un jazzman, c’est rare. Vous aimez ça ? Vous savez, la scène est devenue importante pour moi avec le temps, mais au départ, ça n’a jamais été intentionnel. J’ai grandi en écoutant différents types de groupes, et on a souvent donné beaucoup d’importance à la prestation scénique de certains artistes de rock, de pop, de funk ou de hip hop …Pour moi, un artiste performant, c’est celui qui parvient à toucher le public et à l’impliquer dans son show…En général, C’est quelque chose à laquelle vous ne pensez pas quand vous jouez du jazz, même si Charlie Parker, Miles Davis étaient de grands interprètes, …Pour moi, c’est devenu naturel avec le temps et quand je joue sur scène, c’est un mélange de beaucoup de choses.
Etes-vous conscient que vous avez modernisé le jazz en le rendant plus accessible aux jeunes générations ? Je n’ai jamais senti que le jazz n’était pas inaccessible aux jeunes ! D’ailleurs, quand j’étais jeune et que je me suis intéressé au jazz, notamment à travers le Hip hop, je ne m’intéressais pas à un groupe donné parce qu’ils étaient vieux ou jeunes. Personnellement, je n’ai jamais senti qu’on avait besoin de moderniser cette musique, je crois que jeunes et grands apprécient un artiste s’il a peu de sens de l’humour et un peu de spontanéité.
Que représente le jazz pour vous, pouvez-vous imaginer votre vie sans ? Du tout. Je crois que ça doit être mon côté artiste. Ça me dérangerait forcément de vivre sans. En tout cas, ce n’est pas quelque chose qu’on choisit, on le fait, c’est tout, …j’adore lire, j’adore écrire mais je tripe surtout sur la musique.
Vous aimez mixer jazz et musique Pop ? J’adore la bonne musique Pop, les gros tubes, des Rois de la Pop à Taylor Swift, … ça semble facile à faire, mais en fait, c’est très difficile. Je pense que je suis à la fois un musicien de jazz et de pop et c’est parce que j’ai un grand respect pour les deux que j’ai pu les mixer.
Qui vous a inspiré le plus dans votre carrière ? Probablement mon frère aîné Ben qui a grandi en écoutant de la bonne musique. Mais aussi le chanteur Prince qui vient de mourir. Avec mon frère, quand on avait 12, 13 ans, on a joué à la guitare tous les titres de son album « Batman », en fait, il a été une grande inspiration pour moi et mon frère. Ainsi qu’Oscar Peterson et Dave Brubeck.
Depuis 5 ans, vous animez une émission dédiée au jazz à la BBC radio 2. Vous avez dit que vous vous sentez souvent plus comme un fan de musique qu’un vrai musicien. Pourquoi ? En fait, je n’ai jamais considéré les musiciens comme de artistes en compétition, je n’aime pas me comparer aux autres, je suis ce que je suis, quand j’écoute les autres jouer, j’oublie que je suis musicien et je me considère juste comme un fan.
C’est important pour vous d’interviewer des légendes de jazz ? Ça ne l’était pas au début, mais maintenant, si. Encore là, c’est devenu presque organique et spontané, j’apprends énormément de choses, c’est un grand plaisir pour moi, j’adore parler aux gens surtout quand ils ont beaucoup à dire sur la musique (Herbie Hancock, Diana Krall, Dave Brubeck, Clint Eastwood, Rolling Stone, Charlie Watts, Lars Ulrich, Paul McCartney…). C’est juste génial !
via Abdo El Rhazi Jazzablanca 2016 Jamie Cullum rend un vibrant hommage à Prince
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