Connue pour sa reprise “La Bidayi Wala Nihayi”, des “Moulins de mon cœur” de Michel Legrand, la chanteuse, comédienne et réalisatrice libanaise et l’interprète d’Esmeralda dans « Notre Dame de Paris » a subjugué le public marocain avec sa voix exceptionnelle pouvant s’étendre sur 4 octaves. Son producteur et grand compositeur Oussama Rahbani dira d’elle que « C’est une artiste cultivée, charismatique, passionnée et extrêmement intelligente. Son point fort c’est le monologue intérieur, elle sait non seulement transmettre les sentiments et les émotions, mais aussi se comporter avec l’orchestre ».
C’est la 1ère fois que vous vous produisez au Maroc. Quel est votre sentiment ? Je suis très enthousiaste, et j’ai vraiment envie de rencontrer le public marocain, j’ai déjà un lien fort avec mes fans via les réseaux sociaux, j’espère que durant les 2 concerts que je vais donner à Casa et Rabat, ils vont apprécier ce que je fais et la musique qu’on leur présente, et que ça sera un début pour d’autres concerts.
Vous êtes très connue au Liban, mais vous avez quand même participé à The Voice en France. Pour quelle raison ? C’est le directeur de casting de The Voice qui m’a repéré sur Youtube et comme il a vu que je chantais en plusieurs langues, il m’a contacté pour participer à l’émission. Au début, j’avais refusé parce que pour moi, c’était un risque à prendre, mais Oussama m’a demandé de bien réfléchir, et en fin de compte, il y a plusieurs raisons qui m’ont poussé à dire oui. D’abord parce qu’au Liban et dans le monde arabe, on avait déjà exploré beaucoup de choses et réalisé plusieurs exploits et donc j’avais envie d’aller plus loin et de toucher un public plus large. Mais aussi, à 26 ans, j’avais envie de m’aventurer pour évoluer, en comme je chante aussi en français et en anglais, The Voice allait m’apporter non seulement cette visibilité mais me permettre aussi de chanter en français. Le public français a pu me découvrir et c’est grâce à The Voice que j’ai pu interpréter le rôle d’Esmeralda dans la comédie musicale Notre dame de Paris !
Vous avez choisi Mika comme coach parce qu’il était libanais ? Non, parce qu’il est international, j’aime beaucoup comment il réfléchit, son caractère, sa personnalité, son charisme et son intelligence. Cela dit, le fait qu’il soit libanais a beaucoup aidé, puisqu’il comprenait ma culture, le milieu d’où je viens et la musique que je chante, donc, il pouvait m’apporter cette touche unique que les autres ne pouvaient pas me procurer.
Votre style est un mélange de musique classique, orientale, Pop, jazz,… ? En fait, c’est Oussama qui produit la musique et qui la compose, en ayant en tête ma voix et ma personnalité. Tous les deux, on n’aime pas un genre musical précis, on est très ouverts, on aime la belle musique, que ça soit Pop, classique, jazz, funk, R&B, orientale, …On aimerait avoir une identité personnelle qui intègre tous ces mélanges de genres musicaux et de culture musicale. Le Liban est un pays multiculturel où on parle français, anglais, arabe, on écoute de tout, on a la facilité de parler plusieurs langues, on sent ce mélange dans cette musique ce qui fait qu’on a créé une identité assez unique.
Vous avez toujours su que vous alliez chanter ? J’ai toujours été passionnée par le chant depuis toute petite, mais ce n’est qu’après ma rencontre avec Oussama à 19 ans que j’ai décidé d’en faire ma profession.
Quand vous étiez jeune, vous ne chantiez jamais devant vos parents, pourquoi ? C’était une forme de timidité peut-être, mais j’attendais que la maison soit complètement vide pour chanter devant le miroir, et me transformer en star. A 14 ans, j’avais demandé à mes parents de m’inscrire dans une académie de musique, j’ai fait 3 ans de solfège et de chant classique, et un peu de piano. Après, j’ai pris des cours particulier pour me perfectionner puis à 18 ans, j’ai rencontré Oussama, et puis on collabore toujours ensemble.
Vous êtes à la fois chanteuse, comédienne et réalisatrice. Que préférez-vous vraiment ? A l’université, je voulais faire des études de cinéma, parce que je trouvais que c’était un art expressif complémentaire à la musique, et je trouve qu’ils ont beaucoup de similarités. Ceci étant, je préfère le chant, car c’est une nature qui me colle à la peau, c’est ma priorité. La comédie et le cinéma sont complémentaires, ils nourrissent aussi un rêve et une passion mais voyez-vous, le chanteur est beaucoup plus proche des gens que l’acteur, il les accompagne partout, dans la voiture, dans leur chambre, leur salle de bain…
Vous avez suivi des cours de chant d’opéra. C’est un style qui vous touche ? J’adore tout ce qui a rapport à la voix, la technicité, la virtuosité. Je n’ai jamais voulu être une chanteuse d’opéra, cela dit, ça pourrait me servir d’une certaine façon dans ma carrière.
En quoi les cours de chant avec Gwen Conely à New York vous ont permis de vous perfectionner ? Avec elle, j’ai découvert le Gospel et cette générosité de se lâcher quand on chante mais aussi le perfectionnisme dans le moindre détail, elle me faisait répéter la phrase 20 fois… C’est aussi un style qui te permet des fois d’improviser.
Ça vous a fait quoi de succéder à Hélène Segara dans le rôle d’Esmeralda dans la comédie musicale « Notre Dame de Paris » ? Pour moi, c’est une énorme chance pour ma carrière européenne. C’est un 1er pas en dehors du monde arabe, et en plus c’est une des comédies musicales qui a un succès énorme en Europe, c’est la plus connue et la plus appréciée. En plus de m’apporter une visibilité en Occident, c’est aussi un enrichissement artistique et humain. Pour l’artiste libanaise et arabe que je suis, c’est un grand exploit de pouvoir me produire à l’international.
Un artiste se doit d’être sensible aux problèmes qui l’entourent
Votre collaboration avec Oussama ? C’est sûr que ma voix est un don du ciel mais c’est Oussama qui a vu en moi ce grand potentiel et qui a su mettre en avant mes atouts de chant et les exploiter.
Plusieurs de vos chansons sont des œuvres engagées comme « Rabii arabi » et « Mitli chajar mazou3in ». C’est important pour vous de crier votre ras le bol ? Vous savez, en tant qu’artiste, on ne peut pas fermer les yeux et prétendre que tout va bien alors que ce sont des problèmes qu’on vit quotidiennement et qui nous touchent personnellement. Pour le printemps arabe, c’était un coup de gueule, le ressenti d’une certaine amertume face à l’inaction des peuples, c’était plus un besoin qu’autre chose. Nous vivons dans un milieu de guerre civile, dans un système corrompu, et on ne peut pas rester indifférents ; l’artiste, ce n’est pas de l’eau de rose !
Et le jazz, c’est une musique qui vous parle plus ? J’écoute beaucoup de jazz grâce à Oussama, c’est un genre que je ne connaissais pas bien avant ! En fait, j’aime plus les chanteurs de jazz et leur voix que la musique instrumentale, en plus, dans le jazz, il y a beaucoup de virtuosité dans la manière de chanter, et donc, ses mélodies groovy et ses arrangements sont très inspirants, ça enrichit la musique.
Les chanteuses que vous aimez ? Pour les chanteuses arabes, il y a bien sûr les Divas Fairouz, Oum Kalthou et Warda, sinon, j’adore Withney Huston et Mariah Carey.
Quel est votre rêve ? Aller encore plus loin. C’est bien d’être connue dans le monde entier, mais ce n’est pas ça le but principal ; le plus important, c’est de durer dans le temps.
via Abdo El Rhazi Hiba Tawaji « Je suis ouverte à tous les genres musicaux »
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