Confiante en l’avenir du paiement mobile, Samira Khamlichi insiste sur la confiance qui doit prédominer entre les différentes parties prenantes pour qu’il y ait moins de cash en circulation.
L’Observateur du Maroc et d’Afrique : A ce jour, quel bilan d’étape faites-vous de l’activité du paiement mobile au Maroc ?
Samira Khamlichi : Je pense que le bilan doit être qualifié de prometteur parce qu’on est au tout début. Il y a eu un très bel effort de coordination qui a été fourni par les différents acteurs de la place, tant les acteurs publics, notamment Bank Al Maghrib que les acteurs privés. Et aujourd’hui, je peux vous dire que les fondamentaux sont mis en place. Donc, on est à même de répondre aux attentes du marché, aux attentes des clients et surtout aux attentes nationales, parce que c’est un sujet qui est porté vraiment par tout le monde au niveau de notre pays. Et le sujet, qui est celui de l’inclusion financière des populations à faible revenu, est vraiment un point très important.
Aujourd’hui, on a une offre qui est disponible et opérationnelle. On est plusieurs établissements à être opérationnels sur le marché. C’est le tout début. Il est important qu’on se donne la main et qu’on se dise c’est maintenant qu’on doit avancer en apportant apporter des services qui sont à la hauteur des attentes de nos clients et qui leur facilitent la vie. Parce que la finalité de tout cela, c’est de faciliter la vie du citoyen.
Un déploiement à grande échelle du paiement mobile se fait remarquer. Mise à part Covid-19, quelles sont les autres raisons qui ont accéléré ce processus ?
Je pense qu’il y a plusieurs éléments. Covid-19 en est un. Je pense que si le terrain n’avait pas été préparé en amont, on n’aurait pas pu aller plus vite et mettre en place toute la panoplie de services déjà lancés. Donc, en fait, les réflexions étaient là, les initiatives étaient là aussi, parce que la vraie préoccupation est de réduire les déserts financiers à travers notre pays et de limiter la circulation du cash. Parce que malgré tout ce qu’on peut dire, le cash reste vraiment le moteur de l’économie. Il était vraiment important de se dire comment réduire sa circulation et assurer une meilleure utilisation de cet argent.
Le Covid est arrivé et on a alors commencé à se demander comment faire pour éviter que les gens touchent les billets de banque. Le paiement mobile offre la solution. Mais à côté de cela, on ne peut pas aller plus vite que la musique. Il est important que les gens fassent confiance. Le message qu’on leur transmet est clair : « oui les 100 dirhams dans votre poche, vous pouvez les avoir à travers votre téléphone dès que vous avez un compte de paiement, il faut et il suffit de nous faire confiance ».
Le citoyen a besoin de communication et de relation de proximité. Il a besoin qu’on le rassur parce que c’est de son argent qu’il s’agit. Il est important qu’on puisse l’accompagner à évoluer, à accepter le changement. Parce qu’aujourd’hui, dans le cadre du paiement, il y a énormément de moyens qui sont mis en place, notamment la monétique et autres, mais on doit reconnaître qu’il y a encore énormément de choses à faire. Donc, franchement, le lancement du paiement mobile constitue vraiment un coup d’envoi du déploiement de la Stratégie nationale d’inclusion financière.
Et cette stratégie apporte un certain nombre d’opérations et ne se limite pas au paiement mobile. Il y a différents leviers. Outre, le paiement mobile et je pense que c’est lui qui fera le lien, mais derrière il y a l’assurance inclusive, il y a la microfinance, entre autres. Il est vraiment important que l’on ne rate pas notre démarrage. Et la crédibilité et la confiance sont vraiment très importantes pour construire et créer un environnement favorable à la Stratégie nationale d’inclusion financière.
Nombreux sont ceux qui ont la carte bancaire dans une poche et le cash dans l’autre. Comment expliquer cette duplicité ?
Ce constat soulève la question de la confiance et rien d’autre. Le Marocain a besoin d’être mis en confiance. Dès que c’est fait, il prend goût à ce que nous lui proposons comme nouveaux moyens de paiement. Et s’il y prend goût, il va les utiliser. Vous savez, au niveau du paiement, il y a l’acteur qui est le client final, c’est vous et moi, mais il y a aussi l’acceptant, c’est à dire le commerçant. A ce niveau, il y a énormément de mesures d’accompagnement que nous devons mettre en place pour que ce dernier se sente aussi en sécurité et baisse les fameux freins dont on parle souvent. Les autorités ont fait aussi énormément de choses puisque, aujourd’hui, pour accompagner les commerçants, on leur dit même qu’il y a un abattement, voire une exonération totale sur les bénéfices Θ
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