Quand les Présidents des deux plus grandes puissances économiques tiennent un sommet, ce n’est jamais anodin. En Amérique, l’attitude envers la Chine suscite des controverses. La Chine est le premier fournisseur et le troisième client des USA, près de 30% des bons du trésor américains sont détenus par les fonds chinois. Pékin est le faiseur de marchés, de sa croissance, de sa consommation de matières premières dépend le sort de l’économie mondiale. Ce géant en devenir compte plus que jamais sur la scène internationale. Partant de ce constat, des observateurs préconisent une entente cordiale, l’approfondissement des relations entre les USA et la Chine, un contrat «Give and take», mais cela ne fait pas l’unanimité. D’autres, rappellent que la Chine n’est pas un pays ami, que dans sa sphère asiatique, Pékin se veut hégémonique face à des alliés comme le Japon ou la Corée, que le conflit de la mer de Chine est brûlant, que sur les questions internationales, bien que discrets, les dirigeants chinois sont rarement en accord avec Washington. Le point de discorde le plus souvent cité reste le volet cybernétique. L’ancien directeur de l’Agence de sécurité nationale, Keith Alexander a déclaré que les attaques chinoises coûtaient plus de 250 milliards de dollars par an aux entreprises américaines. Son successeur, James Claper, qui a pourtant un devoir de réserve puisqu’il est en fonction, déclare, lui qu’«il y a beaucoup de suspicions qu’il s’agit d’attaques organisées et encadrées par la Chine». On le voit bien, ce n’est pas un épiphénomène, mais un vrai contentieux. Or, Barack Obama a réussi à apporter la réponse idoine en arrachant une sorte de pacte de non agression informatique, un engagement de la partie chinoise à contrôler les hackers sur son territoire. Cela a été fait dans le respect des usages diplomatiques, parce que Pékin n’a jamais reconnu sa responsabilité dans ce dossier. Sur ce sujet, si Pékin tient parole, c’est une réussite du président US. Cependant, les problèmes politiques demeurent. Géostratégiquement, l’influence grandissante de la Chine, en Asie et en Afrique, se développe contre les intérêts des alliés traditionnels de l’Amérique. En Asie, le conflit est patent, Japon et Corée contestent les prétentions chinoises sur les îles, mais surtout le pétrole de Chine. En Afrique, les pays européens, les anciens colonisateurs, se sont rendu compte un peu tard, que la Chine les avait supplantés sur le plan économique. Sur le Continent noir, Pékin se refuse à toute position politique, laisse aux Français le soin de gérer les crises et se limite aux affaires, au business. Cette controverse qui divise les décideurs américains a énormément de sens. Sans revenir aux réflexes de la guerre froide, les démocraties ne peuvent pas coopérer, sans précautions, avec des régimes qui restent totalitaires et ne respectent pas les droits de l’Homme. La real-politik prime. La Chine est le marché le plus important, celui qui connait la croissance la plus forte au monde. Mais les USA ont aussi des responsabilités morales, en tant que superpuissance de ce que l’on appelait «le monde libre». Barack Obama a réussi, jusqu’ici, à respecter ces deux contraintes.
via Abdo El Rhazi Chine-USA : entente ou affrontement ?
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