C’est la constitution de gouvernement la plus douloureuse. Elle a pris plus de six mois. Il faut y voir un apprentissage démocratique, de l’application de la Constitution du 1er juillet 2011. La lecture, la révision de ce texte doit continuer, pour arriver à un consensus sur son interprétation, en particulier sur l’équilibre des pouvoirs, pierre angulaire de toute construction démocratique. Mais il y a un peuple et un État qui doit fonctionner, des enjeux énormes qui dépassent de loin le mobilisme partisan, ou le carriérisme individuel. Il y a le Maroc, ses intérêts, sa vision pour l’avenir, qui ne peuvent être l’otage de calculs politiciens. Le nouveau gouvernement doit s’inscrire, tout de suite, dans l’action. Sa première tâche, c’est de relancer l’activité économique. Il ne peut pas le faire par de microdécisions. Le modèle de développement doit être revisité, réinventé pour que la demande intérieure soit capable de tirer la croissance vers des niveaux suffisants. Les pistes sont nombreuses : développer l’économie solidaire, s’appuyer sur la transition énergétique, s’intégrer à la révolution numérique, offrir de réelles opportunités à l’investissement étranger. Le défi, c’est de faire de tout cela un projet cohérent et non pas des décisions parcellaires qui, à part l’effet médiatique, ont peu d’impact sur la réalité des choses. Mais il y a aussi la question sociale : Les Marocains qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, la déliquescence de l’éducation nationale, la faillite de la santé publique, malgré l’AMO et le RAMED, qui sont de véritables acquis dans leur conception. Les autres services publics, les transports, par exemple, ne sont pas au niveau d’un pays qui se veut émergent. Les réformes de la Justice et de l’Administration font partie des priorités des gouvernements depuis trente ans. Le ressenti est très négatif, puisque les citoyens, mais aussi les responsables politiques, continuent à émettre des critiques acerbes sur ces deux colonnes d’un État de droit. Dans les deux cas, la suspicion généralisée sur la corruption, même sans être étayée de manière formelle, annihile l’impact de toute réforme, même sérieuse. Enfin, la jeunesse est peu mobilisée. Les perspectives du chômage, des difficultés de la vie, sont un écueil devant la citoyenneté. Ce sont là des défis qui, au-delà des couleurs politiques, s’imposent à tout responsable en charge d’un secteur. Le nouveau gouvernement doit s’y atteler au plus vite, dans un esprit collégial, autour d’un programme réaliste, ayant une colonne vertébrale, parce qu’il ne s’agit pas d’additionner des propositions sans cohérence. SM le Roi Mohammed VI, à partir de Dakar, avait défini une feuille de route au nouveau gouvernement. C’est cette feuille de route qui est la plus importante, parce qu’elle part d’une vision globale, qui dépasse les intérêts catégoriels, partisans, pour ne s’intéresser qu’aux défis à relever. Les nouveaux ministres ont une responsabilité historique. Ils doivent innover pour relancer la croissance, décliner la stratégie africaine, chacun dans son secteur, améliorer la situation sociale, sauver le service public, sauvegarder l’unité nationale… Il leur faut oublier les turpitudes politiciennes et agir en hommes d’État. En seront-ils capables ? Souhaitons-le pour notre pays.
via Abdo El Rhazi Et maintenant au travail !
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