Monday, April 30, 2018

Morcheeba: «On n’a jamais prêté attention aux critiques !»

Pour leur 1er concert au Maroc, le duo britannique a enflammé la scène de l’Hippodrome lors de la 11eédition du Jazzablanca. Connus pour leur son à mi-chemin entre musique populaire et expérimentale,le groupe iconique du Trip-Hop nous parle de leur nouvel opus « Blaze Away », un album plus organique qui fusionne Downtempo, Trip Hop et Rhythm and Blues.

Pendant près de deux heures, le groupe britannique emblématique des années 1990 et 2000, composé de la chanteuse Skye Edwards et du guitariste psychédélique Ross Godfrey etauteur de 8 albums et affichant plus de 10 million de disques vendus à son compteur, a livré un concert exceptionnel à l’Hippodrome Casa-Anfa. Les fans casablancais, ravis de retrouver leurs idoles, ont repris en chœur les plus grands tubes de la formation originaire de Douvres ainsi que le célèbre morceau « Let’s Dance » de David Bowie. Mélangeant downtempo, trip-hop, rnb et pop, Morcheeba a livré une prestation magistrale à mi-chemin entre les musiques populaire et expérimentale, offrant une expérience inoubliable et envoûtante !

C’est la première fois que vous jouez à Casablanca. Comment imaginez-vous le public marocain et avez-vous déjà entendu parler de Jazzablanca ?

En fait, on n’en avait jamais entendu parler, mais quand on nous a contactés il y a 6 mois, on était très enthousiastes parce que le Maroc est un pays formidable, que j’ai eu la chance de visiter il y a une dizaine d’années, et c’était l’occasion parfaite pour nous d’y retourner pour jouer notre musique. Je ne savais pas qu’on avait des fans ici, mais ça serait une vraie surprise de voir comment ils vont réagir à notre prestation.

Donc vous n’avez aucune idée sur la musique marocaine et la musique africaine en général ?

Non, je connais un peu la musique marocaine et africaine, je connaissais les histoires des stars de rock qui sont venus ici dans les années 60, comme Brian Jones (fondateur des Rolling Stone) qui avait une fascination pour la musique de Jajouka : percussions, flûtes de bambou et de ghaïtas…, En fait, les instruments traditionnels sont juste incroyables. J’ai toujours écouté la musique de l’Afrique de l’Ouest, comme Ali Farka Touré, musique des Touaregs,…

Votre musique est un mélange de plusieurs styles. Vous ne pensez  pas un jour y intégrer des sons africains ?

Peut être. Les deux styles sont tellement proches l’un de l’autre, quand j’écoute de la musique ouest africaine, ça raisonne pour moi un peu comme du John Lee Hooker. Vous savez, les gens en Europe apprécient ce genre de musique mais ils oublient parfois qu’elle trouve ses racines en Afrique de l’Ouest, ça n’a pas été inventé au Mississipi, c’est tout un mix de styles ! Ça change un peu mais c’est essentiellement la même chose, les mêmes rythmes et les mêmes vibrations.

Votre musique est un mélange entre la musique populaire et la musique expérimentale. Pourquoi avoir choisi ce style « Trip Hop » ?

Quand on était jeune, on était plus dans l’expérimental, mais en même temps, il fallait y rajouter d’autres mélodies pour pouvoir faire des enregistrements. Donc, pour continuer à produire, on devait faire une sorte de mélange entre la musique instrumentale et d’autres sons pour réaliser des singles et des vidéos Pop. En fait, c’est une sorte d’équilibre, presque une nécessité, tout comme l’avait fait d’ailleurs Jimi Hendrix, un de mes artistes préférés.

Après 20 ans de carrière, diriez-vous que vous êtres arrivés à une sorte de maturité ?

Oui, je pense qu’on est plus confiants qu’avant, nous avons réalisé ce que nous souhaitions. On n’a jamais fait attention aux critiques, il y avait des gens qui nous aimaient et d’autres pas, donc, on s’en fiche un peu, on a fait de grands concerts, et on éprouve beaucoup de plaisir à le faire, on est plus confiants par rapport à notre jeu, et Skye Edwards pour sa voix.

Skye :A mes débuts, j’étais très timide, ils veillaient à ne pas augmenter le son de la musique de sorte à ce qu’elle ne soit pas plus haute que ma voix ! de peur qu’elle ne disparaisse. Maintenant, je suis plus confiante, je peux expérimenter et essayer différentes choses !

Est-ce que c’était facile pour vous de perdurer dans le temps, surtout que vous n’avez jamais cédé à la tentation commerciale ?

Vous savez, on a toujours fait les choses à notre façon et de la manière dont nous la sentions. Les années passent vite, on grandit, on a fait notre 1erenregistrement il y a 20 ans de cela, on a l’impression que ça fait longtemps, mais la musique moderne n’a pas vraiment changé ! Entre les années 60 et 80, les choses ont changé radicalement, or, entre 1990 et 2010, ça n’a pratiquement pas bougé. Je crois que tout est devenu fragmenté, l’internet a changé la façon dont les gens consomment de la musique, il n’y a plus de scènes locales, les groupes se collent les uns aux autres, et donne une sorte de mélange. Vous pouvez avoir des fans dans le monde entier, et étrangement, c’est a été bénéfique pour nous, parce que nous sommes un groupe éclectique.

Vous pensez que c’est le secret du succès ?

Peut être, l’important c’est de faire ce que vous aimez, le faire bien et prendre du bon temps en le faisant.

En quoi se différencie votre dernier album « Blaze Away »-dont la sortie est prévue en juin prochain »- des précédents ?

C’est un album avec des sons plus rocky et auquel on a intégré un peu de musique Live. On a accueilli deux invités de luxe notamment « Roots Manuva » sur le titre éponyme, qui ramène un son plus rapide avec sa guitare, et donc beaucoup d’énergie. Ce qui est génial mais il y a aussi des chansons qui sonnent comme des balades, avec du piano solo et de la voix, puis, des morceaux plus traditionnels et fidèles au style Morcheeba. On a aussi un titre en français « Paris Sur Mer » avec Benjamin Biolay. Artistiquement parlant, on est très satisfait de cet album et on sent que ça va être bien accueilli par nos fans.

Quels thèmes vous touchent le plus et vous inspirent pour vos chansons ?

L’amour, la confiance, les relations humaines, …après, on essaie de trouver la meilleure façon de dire les choses. Je trouve qu’il faut être reconnaissant pour les bonnes choses qu’on a, au lieu de focaliser sur la négativité.

Est-ce que c’est facile pour vous de travailler ensemble ? Parce que « Skye » a quitté le groupe en 2003 avant de le réintégrer en 2010 ?

Oui, ça fonctionne à merveille entre nous, sinon, on ne serait pas là et on ne sortirait pas un nouvel album.

On a chacun notre Home studio pour enregistrer les mélodies, les paroles, …puis occasionnellement, on se retrouve dans un studio plus grand avec le reste du groupe pour rajouter le son des percussions, de la basse, …Avant, c’était plus électronique, et c’était réalisé de façon contrôlée. Dans cet album, c’est un peu plus organique et aussi, quand on a collaboré avec d’autres artistes à Paris, on a essayé de nouvelles choses. Vous savez, faire un album seul peut être des fois super ennuyeux, ce n’est pas drôle de passer 10 heures/jour devant son ordinateur, ce n’est pas comme si on jouait de la guitare avec ses amis ! En fait, on a essayé d’enregistrer cet album en se faisant plaisir et en le rendant le plus amusant possible.

Quel est l’album que vous aimez le plus ?

J’adore notre dernier enregistrement, j’aime aussi « Big Calm » qu’on a fait il y 20 ans, parce qu’il y a une grande collection de bonnes chansons dedans. En plus, il a réuni de grands musiciens et ce n’est pas souvent qu’on peut faire ce genre de choses.

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via Abdo El Rhazi Morcheeba: «On n’a jamais prêté attention aux critiques !»

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