Liée au système Bouteflika, l’affaire dite de «Madame Maya» est révélatrice de dérapages impensables dans une vraie démocratie.
Sous son surnomde Madame Maya, Zoulikha-Chafika Nachinache est une célébrité en Algérie. Les Algériens ne parlent ces jours-ci que de cette dame qui se serait insolemment enrichie le long du «règne» de Bouteflika en se présentant comme sa propre fille. Elle a été déjà condamnée, le 14 octobre dernier en première instance, à 12 ans de prison ferme pour de nombreux actes de corruption et d’enrichissement illicite.
En appel, Madame Maya a été rappelée à la barre pour la troisième fois, samedi 26 décembre, mais elle ne s’est pas présentée pour «des raisons de santé». En première instance, Ses deux filles, Imène et Farah, ont été condamnées dans la même affaire à une peine de 5 ans de prison ferme assortie d’une amende de 3 millions de DA. Selon la justice algérienne, leur maman les a bien fait profiter non seulement de sa fortune mal acquise, mais aussi de son pouvoir.
Pour rappel, en juillet 2019, trois mois après l’éviction d’Abdelaziz Bouteflika, sous pression de la rue algérienne, le domicile de Madame Maya a été perquisitionné, ce qui a permis la saisie de l’équivalent de 800.000 euros en dinars, ainsi que 270.000 euros, 30.000 dollars et 17 kilos de bijoux en or.
Des le sillage de cette affaire, de nombreux symboles du système sont tombés. Il s’agit de l’ancien wali de Chlef, Mohamed Ghazi, qui a été condamné à une peine de 10 ans de prison ferme, assortie d’une amende d’un million de DA ; de son fils qui a écopé de 2 ans de prison ferme et une amende de 500.000 DA ; de l’ancien wali d’Oran, Abdelghani Zaâlane et de l’ancien directeur général de la Sûreté nationale algérienne, Abdelghani Hamel, condamnés à 10 ans de prison ferme avec une amende d’un million de DA chacun ; des deux hommes d’affaires Belaid Abdelghani et Ben Aicha Miloud (respectivement 7 et 10 ans de prison ferme avec une amende d’un million de DA chacun) ; de l’ancien député à la retraite en fuit à l’étranger, Omar Yahiaoui (10 ans de prison ferme assorti d’une amende d’un million de DA, avec la confiscation de ses biens et le lancement d’un mandat d’arrêt international à son encontre.
Madame Maya, qui est propriétaire de six villas et divers biens en Espagne, continue à clamer son innocence et celle de ses filles en prétendant s’être légalement enrichie en investissant dans l’immobilier locatif. Personne ne la croit. Le parquet de Tipaza a requis une peine de 15 ans de prison ferme contre elle et 10 ans de prison ferme contre ses deux filles. De lourdes peines ont été également requises contre le reste des condamnés. Ces derniers pleurent leur sort en affirmant, pour la plupart, avoir été des exécuteurs d’ordres directs ou indirects de la présidence algérienne.
Le procès est reporté au 26 décembre.
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via Abdo El Rhazi Algérie : Bouteflika et «Madame Maya»
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