Installé en France depuis 1967, l’auteur et compositeur franco-marocain Errami Miloud, nous parle de son ouvrage Imraghen, qui relate l’histoire d’un superhéros amazigh inspiré du drame des migrants qui périssent en mer en tentant de rejoindre l’Europe. Une sorte de justicier de la nature préoccupé par la question environnementale qui continue son aventure dans le 2ème tome « IMRAGHEN, Le suicide des poissons ».
Comment est né le personnage d’Imraghen ?
Imraghen est en réalité un accident car il n’était pas prévu dans mon imaginaire au départ. Tout a démarré quand j’ai voulu raconter dans un livre, des histoires que j’entendais étant adolescent, histoires de familles brisées par la perte de leurs enfants disparus en mer. Des femmes en pleurs venaient chez ma mère à Casablanca pour raconter leur calvaire et cette ambiance pesante et lourde était insupportable pour l’adolescent que j’étais. J’avais donc intériorisé ces drames au fond de moi avant de les voir resurgir des années plus tard.
30 ans après, quand je me suis mis à coucher ces souvenirs sur des pages vierges, je ne m’attendais pas à ce que mon personnage central, une fois noyé, n’aurait plus rien à raconter, puisqu’il serait mort, comme de nombreux malheureux « Harraga » (migrants clandestins) qui ont tenté la traversée de la méditerranée pour rejoindre l’Europe. Une sorte de révélation m’est alors apparue : « IMRAGHEN » ; c’était pour moi une alternative pour continuer à raconter cette histoire douloureuse.
Mon personnage central ne devait pas mourir mais plutôt revenir sous cette nouvelle identité pour devenir une espèce de justicier dédié à l’environnement et à la vie sous toutes ses formes. C’était une manière pour moi de conter au monde ce drame humain du 20ème siècle ; celui des migrants : Comment est-ce que la méditerranée est devenue un cimetière à ciel ouvert pour des milliers d’âmes en détresses ?
Quel est sa mission ?
Imgharen a pour mission principale de préserver l’environnement. Il ne se contente pas uniquement de redresser les torts causés par les hommes et les effets dévastateurs qu’ont eu leurs projets sur la nature, il met aussi un point d’honneur à rééduquer l’humanité pour lui réapprendre à aimer, à respecter la vie et la biodiversité.
Comment envisagez-vous de le faire vivre ?
Pour le moment, il existe en support papier grâce à un mécène inattendu, El Ghouti Brahimi que je tiens à remercier. Il m’a offert un cadeau de 300 exemplaires en format livre et il m’a aussi proposé d’éditer le deuxième tome que je viens d’achever : « IMRAGHEN, Le suicide des poissons ».
L’idée de départ était de le faire vivre en BD, dessin animé et pourquoi pas l’adapter au cinéma. La cible d’Imraghen est en premier lieu les enfants, car c’est eux qui peuvent changer le monde de demain. Si on leur inculque les vraies valeurs de respect de leur environnement, leur monde sera indéniablement plus propre.
Quelle sera sa carrière ?
J’espère qu’il aura une vraie vie de super héros et une carrière aussi longue et illustre que ses prédécesseurs déjà portés à l’écran. D’ailleurs, j’en profite pour lancer un appel aux dessinateurs, réalisateurs et producteurs qui voudraient se joindre à l’aventure. Comme je le dis souvent : « Imraghen est le héros qui sommeille en chacun de nous ».
Vous êtes aussi compositeur de musique. Quelles sont vos réalisations dans ce domaine ?
Oui, je suis modestement auteur compositeur. J’ai travaillé avec des artistes de la scène marocaine, tels que « Les Frères Bouchnak et Said Mosker dans les années 90, Cheba Maria, Cheb Amar, Akheto des Snipers pour la compilation « Rnbe Fever 3 » dans les années 2000, ainsi que d’autres expériences en World music, variété française, musique Kabyle et autres. J’ai également composé un album de 13 titres originaux pour mes 3 filles et leur groupe « Les sirènes du Nord ».
Vos filles sont des artistes. Comment se déroule leur carrière ?
Pour le moment, tout est à l’arrêt à cause du Covid mais aussi pour une question de priorités et de choix de vie. Elles s’accrochent à leurs études et c’est très important.
Qu’envisagez-vous pour leur carrière ?
Je pense que comme tous les artistes, elles aimeraient vivre de leur art et partager de belles émotions avec leur public. On se concentre pour l’instant sur l’après confinement et on prépare de nouveaux titres. On profite aussi du temps libre, car pour le moment, on ne sait toujours pas quand reprendront les scènes musicales.
On se remémore les merveilleux moments en photos, comme ceux qu’on a vécu avec notre Vigon national, avec qui elles ont partagé à plusieurs reprises la scène entre 2014 et 2018 et chanté en duo sur les titres « I’m a Soul man » et « Hit the road jack » de Ray Charles.
Etes-vous toujours attaché au Maroc ?
Evidemment, plus que jamais, autant que je suis attaché à ma deuxième identité française. Ces deux identités cohabitent en moi en parfaite harmonie et font ce que je suis. Je pense, et rêve en français, sourit et profite de la vie en marocain, ceci grâce à ces deux cultures si riches qui se côtoient et se mêlent à merveille.
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via Abdo El Rhazi Nos MRE ont du talent. Imraghen, le superman amazigh
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