La primaire de la droite française livre les mêmes enseignements que la victoire de Donald Trump aux USA. Il faut d’abord signaler que la mobilisation, le nombre de votants, a dépassé les prévisions les plus hautes. Ce n’est pas anodin, parce que ce scrutin avait plusieurs objectifs. Selon toute vraisemblance, le candidat adoubé pourrait être le prochain président de la République. Il y a eu un phénomène de mobilisation anti-Sarkozy. C’est un fait. Des électeurs se sont déplacés, juste pour lui barrer la route. Mais les enseignements dépassent ce cas passionnel. La faillite des sondeurs et des chroniqueurs a une nouvelle fois été totale. Ils ont annoncé, pendant des mois, que le match Juppé-Sarkozy était la seule perspective, et que le maire de Bordeaux était gagnant certain. C’est encore une fois, après le Brexit, les élections présidentielles en Autriche, Trump, un désaveu total du système médiatique et des sondages. Leur match préféré n’aura pas eu lieu et c’est François Fillon qui pourrait être le candidat de la droite. L’on se rend compte que les électeurs refusent la bipolarité factice que leur propose « le système ». Ils préfèrent chercher un candidat de rupture. En Autriche, ils ont mis en finale l’extrême droite et un écolo indépendant reléguant au rang de spectateur les partis traditionnels. Aux USA, ils ont élu Donald Trump, y compris contre l’establishment républicain. Le vote François Fillon est révélateur des tendances qui traversent la société française. Son programme économique est ultralibéral catholique, sa mesure phare c’est de diminuer le nombre de fonctionnaires de près d’un demi-million, mais aussi d’augmenter la TVA de deux points, et donc de faire subir la pression fiscale aux plus démunis. Mais ce qui a impacté, c’est son attachement à la droite chrétienne la plus intégriste. Il est réactionnaire sur des sujets concernant les femmes, les homosexuels ou l’école. Ce sont des thèmes que l’intelligentsia traite par-dessus la jambe, les scrutins successifs montrent qu’ils sont importants au sein de la société. La bipolarité, Sarkozy-Juppé, tentait de nous expliquer qu’il y avait une droite dure et une droite ouverte, capable de rassembler. Cette bipolarité a été rejetée par les électeurs, mais partiellement. Il faut déjà se projeter sur l’élection présidentielle. F. Fillon n’aura pas le soutien des électeurs centristes et la gauche émiettée, totalement discréditée, ne pourra pas mobiliser énormément pour un front républicain qui ne fait plus sens auprès des électeurs. C’est faire preuve d’une cécité criminelle que de ne pas tirer les enseignements qui s’imposent. En Occident, les peuples utilisent le bulletin de vote pour se rebeller. La mondialisation a créé des désordres, des déclassements sociaux, de l’insécurité physique et culturelle. Les élections se suivent et se ressemblent, les peuples n’en veulent plus. Il faut imaginer une alternative.
via Abdo El Rhazi Des tendances lourdes
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