Monday, February 17, 2020

Mehdi Lougraïda : «Il y a une relation au son, à l’orchestre, à la matière organique qui m’interpelle»

Mehdi Lougraïda « Il y a une relation au son, à l’orchestre, à la matière organique qui m’interpelle »

Après avoir fait sensation en octobre 2018 lors des concerts d’ouverture de l’OPM autour du thème « Religions à l’Unisson », le jeune chef d’orchestre franco-marocain ayant un penchant pour la musique contemporaine, dirigera à nouveau les musiciens de l’OPM en juin prochain le temps d’un hommage aux 250 ans de Beethoven, juste après son escale au Théâtre Bobino de Paris. Un concert qui mettra  en avant le génie de la forme symphonique, le chercheur et l’expérimentateur dans le cadre du Quatuor à cordes, sans omettre la puissance de son invention, dans le genre concertant : Concerto pour piano, pour violon, lieder et sonates pour piano, seul ou en dialogue avec violon, violoncelle.

Vous êtes le 1er marocain à avoir dirigé l’OPM depuis sa fondation en 1996. Quel souvenir gardez-vous du concert d’ouverture « Religions à l’Unisson » que vous avez dirigé en 2018 au Maroc ?

Je garde un très beau souvenir du concert d’ouverture de l’OPM en octobre 2018. Nous avions donné la symphonie numéro 3 de Schumann ainsi que le double concerto pour violon et violoncelle et orchestre de Brahms avec Jérôme Pernoo (professeur de violoncelle au conservatoire national supérieur de musique de Paris) et Sarah Nemtanu (premier violon solo de l’orchestre national de France). L’orchestre a su interpréter de manière magistrale ce programme.

Ça vous fait quoi d’être le premier marocain à diriger l’Orchestre Philarmonique du Maroc depuis sa fondation en 1996 ?

J’ai été très heureux d’être le premier chef marocain à venir collaborer avec l’OPM. C’est la première fois que je venais au Maroc pour donner une série de concerts. Le public était au rendez-vous et nous avons eu de très bons retours des concerts donnés.

Vous reviendrez en Juin prochain pour diriger à nouveau les musiciens de l’OPM pour rendre hommage aux 250 ans de Beethoven. Parlez-nous un peu de ce concert ?

Le monde entier célèbre les 250 ans de la naissance de Beethoven à travers de concerts, de récitals. Le Maroc participe également à ces festivités en proposant des concerts autour de ce grand compositeur. L’OPM va donc proposer au public marocain une série de concerts symphoniques en juin prochain dans le Royaume.

Vous avez dirigé plusieurs orchestres à l’étranger. Y a-t-il une spécificité quelconque à diriger l’OPM ?

Chaque orchestre possède sa propre personnalité. Les musiciens de l’orchestre philharmonique du Maroc sont généreux dans leur travail et réagissent très bien aux différentes demandes des chefs. Ils ont la faculté de proposer beaucoup de choses intéressantes musicalement. Pour un chef d’orchestre, c’est un bonheur de travailler avec des musiciens dotés de ces qualités.

Vous organisez le 31 mars un Gala au profit de SESAM autistes de France au théâtre Bobino à Paris. C’est un peu votre côté engagé ?

Ce concert a pour objectif de récolter des fonds pour aider les personnes autistes à vivre confortablement leur vie. Je pense que chaque artiste s’il le peut, doit s’engager dans une action humanitaire ou sociale au moyen de son art. Cela permet de tisser des liens forts avec les associations dans le besoin et pour le milieu de l’art leur permettant de se produire. Nous aurons la chance de travailler pour ce projet avec Karine Deshayes mezzo-sorano.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Pour me ressourcer et trouver l’inspiration, j’aime m’échapper des grandes villes pour rejoindre la campagne. J’aime pouvoir me retrouver au calme pour trouver l’inspiration et concevoir mon travail. Le contact avec la nature est donc pour moi la source d’inspiration la plus nécessaire.

Quelles sont les difficultés de votre métier ?

La difficulté dans notre métier est d’essayer de trouver la bonne solution aux problèmes que l’on rencontre. Cela va des relations humaines aux problèmes liés à l’organisation d’évènements en passant par la partition. Nous devons prendre parfois des décisions rapidement et être sûrs de nos choix. Il faut savoir prendre assez de recul et avoir une vision globale de la situation pour pouvoir agir et proposer des solutions.

Vous avez commencé avec la flûte. Pourquoi avoir bifurqué vers la direction d’orchestre ? Et Comment a commencé votre histoire avec la musique ?

J’ai commencé la musique à l’âge de trois ans. Mes parents voulaient qu’on ait une éducation musicale. J’ai commencé par la flûte traversière en école de musique, puis je suis rentré au conservatoire à rayonnement régional de Lyon et par la suite au CRR de Rueil-Malmaison. Mais cette passion pour la musique me vient aussi de mon grand-père maternel. Il était trompettiste et jouait souvent à l’opéra de Lyon. Lorsque j’avais 13 ans, il m’a inscrit à un stage de musique qui s’est avéré être un stage de direction d’orchestre.

J’ai eu un véritable choc lorsque j’ai découvert ce métier: l’analyse du geste, la sculpture et l’harmonie des sons, l’immense étendu de l’interprétation, les émotions que l’on peut produire, la relation, le partage, la communication avec les musiciens qui s’établissent par un geste, un regard, un sourire…. J’ai voulu pousser cette réflexion et m’engager dans cet art. Je suis rentré à l’école normale de musique de Paris puis au Conservatoire Royal de Bruxelles en Master de direction d’orchestre. J’ai étudié également avec de grands chefs comme Matthias Pintscher à l’académie de Lucerne en Suisse, puis avec le grand Peter Eötvös à Budapest et à l’académie Jarvy en Estonie.

Pourquoi ce penchant particulier pour la musique contemporaine ?

Effectivement. Ma passion pour la musique contemporaine repose sur le travail de la matière, du son, du timbre, de l’équilibre et de la spatialisation de l’ensemble. Il y a une relation au son, à l’orchestre, à la matière organique qui m’interpelle.

J’ai appris cela en côtoyant et travaillant pendant deux ans avec l’Ensemble Inter contemporain à la Philharmonie de Paris où j’étais chef assistant. Le rapport au discours, à la rhétorique, à la résonance, à la spatialisation, à la texture et à la matière m’intéresse.

Je suis sensible à cette relation et ce partage qui s’établissent avec les musiciens par un geste, un regard, un sourire….

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via Abdo El Rhazi Mehdi Lougraïda : «Il y a une relation au son, à l’orchestre, à la matière organique qui m’interpelle»

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