Samir Belfkih, 45 ans, est candidat à la succession à Hakim Benchamach à la tête du PAM. Docteur en Sciences de l’ingénieur, il est professeur de l’Enseignement supérieur à l’Université Ibn Tofail en systèmes d’information décisionnels et traitement de l’information. Membre du Bureau Politique du parti du tracteur depuis janvier 2016, il était député de 2012 à 2016 et il était aussi membre du fameux Conseil supérieur de l’Education et de la formation et de la recherche Scientifique dont il présidait la commission permanente de gouvernance. Sur le plan local, il est membre du conseil Régional Rabat-Salé-Kenitra et président de l’instance de développement économique. C’est sous casquette de candidat au Secrétariat général du PAM que nous l’avons interviewé à la veille du début des travaux du 4e congrès du parti du tracteur.
Entretien réalisé par Mohammed Zainabi
lobservateur.info : Dans quel état d’esprit vous abordez la course à la succession de Hakim Benchamach ?
Samir Belfkih : Je suis très optimiste et très confiant ; aucun doute ne m’a traversé en prenant la décision de me présenter au secrétariat général. C’est un combat politique que je devais livrer pour rester en cohérence avec mes idéaux et ma vision de la politique. Je suis confiant aussi parce que ma candidature constitue une certaine rupture dans le mode de fonctionnement du parti ; elle est également en phase avec mes espérances pour une transition générationnelle au niveau de l’élite politique.
Parmi les candidats, Il y en a au moins deux qu’on peut qualifier d’éléphants et que vous allez devoir affronter. Ne vous impressionnent-ils pas ?
Je ne suis nullement impressionné. Ce sont des confrères et des concurrents, pas plus. Je les connais très bien, tout comme le reste des candidats. Et je crois qu’on est sur un pied d’égalité quand-même. Ma jeunesse est au contraire source de confiance et de sérénité pour moi comme je l’ai précisé parce que je dispose d’une expérience et des acquis importants. Les responsabilités que j’ai pu occuper au sein du parti et en dehors, l’expertise que j’ai pu développer légitiment cet acte de candidature. En plus, cette candidature n’aurait pas eu lieu si je n’avais pas senti un soutien de la part des bases du parti dans plusieurs régions qui expriment une lassitude face à cette léthargie qui frappe le parti, mais également le reste de la classe politique.
Vous venez d’envoyer une lettre aux congressistes pour dénoncer ce que vous qualifiez de manque d’organisation à la veille du congrès, vous y relevez notamment du retard dans l’envoi des invitations. Pourquoi cette sortie ?
Je crois que c’est mon droit tout d’abord en tant que militant avant d’être candidat de protester si je constate des velléités d’irrégularités ou des choses malsaines qui pourraient entacher l’image du parti. Nous tenons tous à ce que le quatrième congrès du PAM soit une étape décisive dans la vie de notre formation politique et même dans le paysage politique national. Je n’ai fait d’ailleurs que transmettre des protestations des militants des différentes régions qui m’ont contacté et m’ont demandé de porter leurs voix
Je l’ai fait aussi afin de susciter la vigilance de tous les membres qui portent leur parti dans leurs cœurs et devraient être conscients de toutes ces pratiques visant à privilégier un candidat sur les autres.
« Malheureusement, un climat malsain persiste toujours au sein du PAM et qui est alimenté par certains. »
Est-ce qu’il vous semble aujourd’hui que la page de la guerre au sein du PAM est tournée ou pensez-vous que le congrès pourrait en être le prolongement ?
Il y a eu un consensus afin de permettre l’organisation du Congrès. Cet évènement devrait effectivement nous permettre tous d’aller de l’avant en insufflant un esprit démocratique. Nous devons tous œuvrer pour la réussite de ce congrès ; mais cela ne signifie pas de se taire face à toute tentative d’influence malsaine. Nous ne permettrons pas une déviation de ses travaux. La démocratisation et la moralisation sont seuls susceptibles de clarifier les orientations futures de notre parti. Personnellement je reste attaché au projet politique du parti et je le défendrai jusqu’au bout.
.Est-ce que le PAM ne sort pas fortement affaibli de cette guerre intestine ?
Si on y met pas fin à travers le congrès, il est sûr qu’elle va nous affaiblir tous et même le paysage politique marocain qui a besoin de partis jeunes, vivaces comme le PAM. L’affaiblissement du PAM profitera sûrement aux tendances qui essaient de phagocyter le projet et l’idée du Maroc moderne et moderniste, à savoir l’islam politique d’une part et la tendance qui se nourrit de la corruption. Le conservatisme religieux et les autres tendances régressives et réactionnaires tiennent à ce que le PAM soit faible, voire inexistant.
Quelle est aujourd’hui le positionnement du PAM ?
Le PAM demeure une projection de l’idée et de l’ambition d’un Maroc moderniste, démocratique et attaché à ses repères identitaires. C’est aussi est une force nationale ouverte sur toutes les autres forces qui partagent avec elle les mêmes fondamentaux.
A sa naissance, votre parti s’est proposé comme alternative au PJD, si vous êtes élu, vous maintiendrez cette vocation ?
Ce que vous avancez relève d’une appréciation politique de la fin de la première décennie. Aujourd’hui, le parti a douze ans, nous ne sommes plus dans cette littérature fondatrice. Néanmoins, la substance de notre projet politique demeure le même. En d’autres termes, notre ambition n’est pas liée à une autre force politique. Nous ne sommes pas de simples challengers. Comme je l’ai dit plus haut nous nous opposons au PJD au niveau des principes et de la vision ; ce sont des concurrents et des adversaires politiques et non pas des ennemis. En termes de libertés, certainement nous ne sommes pas en phase car nous deux référentiels idéologiques sont complètement différents, mais en termes de gestion politiques publique au sein d’une composition gouvernementale, il n’y a aucune ligne rouge pour qu’on ne se trouve pas ensemble si nos programmes sont très proches, d’autant plus qu’un nouveau modèle de développement est en cours d’élaboration et qui constituera le socle des politiques publiques avec le même cap pour tout le monde.
« L’affaiblissement du PAM profitera sûrement aux tendances qui essaient de phagocyter le projet et l’idée du Maroc moderne et moderniste, à savoir l’islam politique d’une part et la tendance qui se nourrit de la corruption. »
Les jeunes sont-ils suffisamment représentés au sein du PAM ?
Il faut reconnaître que notre parti avait placé la question de l’intégration de la jeunesse dans la politique et la libération des potentialités comme un des fondamentaux de son action. Malheureusement, avec le temps, on n’a pas pu maintenir le cap comme nous l’aurions souhaité. Pour répondre à votre question, non les jeunes méritent une place beaucoup plus centrale que ce qu’on leur donne aujourd’hui
Quelles sont vos priorités si vous devenez le conducteur du tracteur ?
Mon principal souci est de rendre le parti à ses militants qui devraient être les véritables décideurs de ses orientations. Il est indispensable de bâtir un mécanisme de concertation efficace permettant d’installer une réelle démocratie interne. C’est cette démocratie qui permettra au parti d’avoir une certaine force électorale et un impact dans le champ politique et sociétal. Mon principal objectif est ainsi d’instaurer une dynamique de renforcement des structures du parti en mettant l’élément humain au centre du fonctionnement de notre formation. Il faut être perspicace par rapport à nos faiblesses, le nœud du problème du PAM est ce lien entre le militant et le projet politique qui devrait être renforcé et mieux lisible. Toute la base des militants devrait être à la fois une source, une référence et un cadre du projet politique.
La data est votre champ de prédilection. Comptez-vous en faire usage dans la gestion de votre partie et dans l’exercice de la politique ?
Bien évidemment, le numérique au service de la politique permet de démocratiser davantage l’information et de mettre en œuvre l’ambition de la construction collective de nos positions au sein du parti, pour une bonne prise de décision anticipative.
Avez-vous des prévisions concernant les tendances des électeurs ?
Malheureusement, un climat malsain persiste toujours au sein du PAM et qui est alimenté par certains. Ce climat laisse croire que des forces exogènes en provenance d’en haut orientent la volonté des électeurs pour favoriser un candidat par rapport à un autre. Cela est complétement faux car l’Etat se trouve à la même distance de tous les acteurs politiques.
Quelle est votre analyse par rapport à la marche du pays que ses jeunes veulent, pour la plupart, quitter ?
Quitter pour bien revenir et mettre son intelligence au service de son pays qui se développe, pourquoi pas, je ne suis pas contre. Certes, La situation économique n’est pas satisfaisante et les attentes de la population, notamment des jeunes, ne cessent d’augmenter. La création de la richesse et sa répartition équitable en vue de réduire les disparités sociales et territoriales arrivent en tête des priorités à la fois du pouvoir politique et des citoyens. Un nouveau modèle économique est en cours d’élaboration. Lors des deux dernières décennies, pour plusieurs observateurs, le Maroc a connu le développement le plus important pendant toute son histoire. Le développement de notre pays pour moi est un défi qui doit être porté collectivement tout en mettant les jeunes au cœur de cette dynamique, car ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui feront le Maroc de demain, le Maroc espéré.
« Le développement de notre pays pour moi est un défi qui doit être porté collectivement tout en mettant les jeunes au cœur de cette dynamique »
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via Abdo El Rhazi Samir Belfkih : « Mon principal souci est de rendre le parti à ses militants »
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