Un récent scandale sexuel est à l’origine d’un large mouvement de dénonciation. Le phénomène du harcèlement sexuel n’est pas nouveau en Egypte, mais cette forte mobilisation l’est certainement.
Par Hayat Kamal Idrissi
Assiste-t-on actuellement à une véritable mutation socioculturelle en Egypte ? Suite à l’éclatement d’un grand scandale de viols, d’agressions et de chantage, les langues se sont déliées un peu partout dans le pays et sur tous les réseaux sociaux. Des récits aussi sordides les uns que les autres, sur des affaires étouffées par peur de scandale, de représailles ou juste parce que justice n’est pas faite. Les femmes victimes sont souvent incriminées, stigmatisées socialement et rendues coupables pour leurs propres agressions.
Les faits
Début juillet, Un compte Instagram « Assault Police » (Police du harcèlement) commence à publier des témoignages accusant Ahmed Bassem Zaki, 22 ans, ex-étudiant de l’Université américaine du Caire, d’avoir commis plusieurs viols et agressions sexuelles. Les victimes, d’anciennes camarades, appuient leurs accusations par des captures d’écran. Des preuves de chantage sexuel, d’agressions et de viol perpétrés contre de jeunes femmes mais aussi contre des mineures ne dépassant pas les 14 ans.
Le choc dépassé, s’ensuit alors un large mouvement de dénonciation et de protestation contre le phénomène. Le hashtag #Metoo ne tarde pas à prendre. D’autres victimes de Zaki se manifestent … mais pas uniquement. Les harceleurs sont légion et les harcelées ont trouvé enfin le courage de dénoncer leurs agresseurs… en public.
Le phénomène
Une véritable tare, le harcèlement sexuel a, à plusieurs reprises, soulevé des vagues d’indignation en Egypte. La dernière en date, était le jour de l’an 2020. A Mansoura, une touriste marocaine a été attaquée par une foule d’hommes acharnés en plein public. Apostrophée au début dans un centre commercial, elle sera presque « violée » dans la rue. Attouchements obscènes, vêtements déchirés, coups et injures… La jeune femme sera sauvée in extremis par un bon samaritain qui l’arrache, à grande peine, des mains de cette foule acharnée. La vidéo choquante a largement circulé sur la toile en rappelant le triste vécu d’une grande majorité de femmes égyptiennes, comme l’affirment les rapports de l’ONU.
Le terrorisme sexuel
Un phénomène qui persévère et s’aggrave malgré la loi de 2014 incriminant le harcèlement sexuel. Considérant ce dernier comme un « péché », le pouvoir religieux représenté par Al-Azhar Charrif, ne réussit pas non plus à freiner le développement de ce que les associations féminines égyptiennes qualifient de « terrorisme sexuel ». Si les viols collectifs et les agressions sexuelles ont toujours existé en Egypte, les observateurs ont toutefois enregistré une hausse significative du phénomène depuis la révolution du 25 janvier 2011. Plusieurs manifestantes de la Place Tahrir et des femmes journalistes en mission ont été victimes d’attaques physiques et de tentatives de viol en public. Ceci sans parler des attouchements et autres violences verbales qui sont fréquentes dans l’espace public.
« Ces attaques visent à exclure les femmes de la vie publique et à les punir de leur participation au militantisme politique et aux manifestations. Elles sont aussi une tentative de ternir l’image de la place Tahrir et des manifestants en général », accuse alors l’organisation « Operation Anti-Sexual Harassment », un groupe de volontaires qui veillaient à la protection des manifestantes.
Au fil des années, la place Tahrir s’est vidée de sa foule, mais le phénomène lui continue de se développer. Il investit cependant d’autres espaces publics. La toile est ainsi devenue un espace privilégié de prédateurs sexuels aux aguets, en perpetuelle quête de nouvelles victimes.
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via Abdo El Rhazi #Metoo Egypte. Ça bouge contre le terrorisme sexuel
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