Pour sa première Masterclasse animée cette année à Marrakech, le grand réalisateur Fatih Akih, a affirmé que son cinéma s’inspirait avant tout de sa double turco-allemande. connu pour sa rupture stylistique, son style audacieux, sa capacité à instiller tension et âpreté dans ses mises scènes, l’enfant prodige du cinéma allemand, issu de la banlieue ouvrière et populaire de Hamboaurg, est revenu sur son parcours cinématographique et a livré par la même occasion, quelques secrets sur les critères guidant ses choix artistiques et le traitement de ses oeuvres. Avec les acteurs, il cherche à cultiver une confiance mutuelle, tout en laissant la voie ouverte à l’improvisation qui ne peut qu’enrichir la création. Concernant les techniques utilisées, la lumière, les lieux de tournage, le casting ou la musique, c’est l’objet de l’oeuvre qui détermine le traitement réservé in fine pour les films et leur vision cinématographique, a rappelé le cinéaste qui rêvait d’être acteur à La Bruce Lee avant de passer derrière la caméra. Primé à Berlin en 2004 pour Head-on, son cinéma connu pour sa sourde violence, tente de s’affranchir d’une approche purement identitaire pour aborder la réalité multiculturelle des sociétés modernes avec fougue à la manière de Martin Scorsese dont il est un grand admirateur. En 2014, il aborde le génocide arménien dans The Cut, un sujet tabou dans le pays de ses parents, pour lequel il sera menacé de mort par des turcs radicaux. « Je n’ai pas peur, je trouve ça plutôt cool, quand votre art effraie certaines personnes, vous ne leur faites pas peur avec des kalachnikov ou des flingues, vous leur faites peur avec votre art, ça parle pour votre travail, je considère cela comme un prix, et vu que c’est la 3e fois qu’on me menace de mort, j’estime que j’ai 3 prix ! » ironise le réalisateur qui dit humblement ne pas se considérer comme un maître mais plutôt comme un étudiant, qui doute au fur et à mesure qu’il réalise des films. «J’ai passé 5 ans à réaliser The Cut, j’ai perdu beaucoup d’argent, ce n’était pas du tout un succès, et ça m’a fait beaucoup douté de moi, du coup, toutes mes angoisses ont résurgi, aujourd’hui, je ne crois plus au pouvoir du cinéma à changer le monde, vu les horreurs qui se produisent autour de nous chaque jour, car depuis qu’on réalise des films, rien n’a véritablement changé ! », conclut le réalisateur.
via Abdo El Rhazi Fatih Akin Confidences d’un maître
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