‘L’acteur marocain nous parle de son rôle dans Le chant des hommes sélectionné en Coup de coeur du Festival de Marakech ainsi que de son personnage dans Le 1er marocain dans l’espace, premier roman graphique de Ayoub Qanir.’
L’observateur du Maroc et d’Afrique : Le chant des hommes (2014), de Bénédicte Liénard & Mary Jiménez a été sélectionné dans la catégorie Coup de coeur au FIFM 2015. Quel est votre sentiment ?
Assad Bouab : Un sentiment de fierté, car c’est un film qui doit avoir sa place dans un grand festival international. Et qu’il soit en coup de coeur au Maroc me ravi et me procure beaucoup de joie.
Qu’est ce qui vous a séduit dans le rôle que vous interprétez dans ce film ?
Le film parle de sans papiers qui entament une grève de la faim dans une église. C’est inspiré d’une histoire vraie. J’interprète le rôle du leader qui essaie d’attirer l’attention de la presse et des politiques. C’était un challenge d’incarner ce personnage, d’abord parce qu’il a vraiment existé et ensuite, parce qu’il a une part assez sombre. De plus, pour être crédible, il fallait perdre du poids pendant le tournage. J’ai donc perdu 11Kg en 7 semaines. Bref, c’était un réel investissement personnel, moral et physique.
Le thème des migrants sans papiers vous tient à coeur ?
Oui, c’est un moment grave dans l’histoire de l’humanité et j’estime qu’il faut trouver le moyen d’accueillir ces personnes en détresse. Je me sens concerné puisqu’il pourrait s’agir un jour de nous, nul n’est à l’abri d’une guerre. Cela dit, en tant qu’artistes, notre marge de manoeuvre est faible, si ce n’est faire des films et soulever les voix. D’ailleurs, le titre du film en anglais est «Rising Voices».
Vous avez perdu 11 kg pour interpréter ce rôle. Est-ce que vous êtes du genre à vouloir coller à la réalité d’un personnage ?
En fait, j’essaie de «plonger» dans le quotidien de mes personnages. Je bosse beaucoup en amont, je me pose plein de questions, je construis un background, me réfère à des souvenirs, … Je pense qu’en tant qu’acteur, il ne suffit pas de débarquer sur le plateau et penser que «ça va aller tout seul» ; le travail en amont est primordial. Après, chacun son approche, ce n’est pas une science exacte.
Quelle est la chose la plus dure pour vous dans ce métier ?
Les phases de préparation, de questionnement et de construction. C’est tout un investissement moral et physique, avec la douleur qui va avec. On donne beaucoup de soi.
Et la plus cool ?
Les voyages, la découverte de nouveaux pays, les rencontres et les festivals quand on a la chance d’être sélectionné.
Vous êtes plutôt du genre cadré ou préférez-vous improviser ?
Cela dépend du réalisateur et du personnage. Je suis à l’aise dans les deux; quand on me laisse la liberté d’improviser, je le fais. J’aime écouter ce que le réalisateur propose et être capable d’apporter ma vision personnelle. Mais quand le réalisateur sait exactement comment doit être son personnage, on ne peut que respecter et s’aligner.
Vous incarnez également « Le 1er marocain dans l’espace » dans le roman graphique de Ayoub Qanir. Pourquoi avoir accepté ce rôle ?
Je trouve que c’est une idée géniale! et au-delà de l’idée et du personnage, c’est l’envie de semer des graines pour les générations futures qui m’a boosté et poussé à dire oui sans hésitation. C’est une première donc un véritable challenge pour moi puisque nous allons faire un shooting sur un fond vert. C’est une chance inouïe d’avoir des opportunités de camper un personnage dans un roman graphique. Le sujet est inédit et en plus, je suis fan de bandes dessinées et de films de science fiction, c’est presque un rêve de môme que de pouvoir jouer un héro.
Ce projet sera présenté lors de la fête de la jeunesse. Comment voyez-vous la jeunesse marocaine aujourd’hui ?
Nous avons dans ce pays un puit de talents, de belles énergies qui restent inexploitées. J’aime le message de ce projet «Rêver sans limites». Qanir propose à la jeunesse de ne jamais s»arrêter de rêver, rêver loin, viser la lune, quitte à atterrir sur les étoiles…
Un mot sur votre expérience dans la saison 5 de Homeland, diffusée aux USA? Êtes-vous du genre à convoiter Hollywood ou plutôt films d’auteurs ?
Homeland a été une expérience très enrichissante. Jouer dans une série de cette envergure, avec Claire Danes, je ne vois pas comment j’aurais pu refuser. Cela dit, je ne me pose pas la question «d’Hollywood», j’avance au jour le jour et si des portes s’ouvrent, on verra. Je ne calcule pas trop, j’avance à l’instinct, je choisis les scénarios qui me parlent. Il n’y a pas de petits rôles et tout est enrichissant et bon à prendre.
Ça vous fait quoi d’être un Sex symbol du cinéma marocain ? ça vous plait ? ça vous agace ?
(rire) ça ne m’agace pas, bien au contraire c’est très flatteur. Le physique peut être un avantage comme un inconvénient dans ce métier, car il se pourrait qu’on ne nous propose jamais des rôles qu’on souhaiterait interpréter, mais bon, c’est valable dans les deux sens.
Est-ce qu’il y des rôles que vous rêvez d’interpréter ? et pourquoi ?
J’ai soif de personnages atypiques et surprenants. Ce qui m’excite, c’est de pouvoir me dire «il va y avoir un réel travail à faire» et c’est pour ça que je fais ce métier.
Y a-t-il des acteurs, des réalisateurs avec lesquels vous aimeriez travailler ?
Tout ceux avec qui je n’ai pas encore travaillé (Rires). Il y a tellement de réalisateurs dont l’univers est impressionnant : Noureddine Lakhmari, Faouzi Bensaidi ou Adil Fadili. A l’international , cela va de Fatih Akin à Francis Ford Coppola en passant par Sergio Castelitto et James Cameron.
Quel genre de films préférez-vous ? Et pourquoi ?
J’aime les films qui ont une véracité historique, car on en ressort toujours enrichi humainement. Et aussi les films genre «Billy Elliot», car derrière, il y a un fort message d’espoir!
Votre frère est aussi acteur, c’est une passion familiale ? Comment est votre relation ?
Mon frère a commencé le théâtre bien avant moi. On aime ca. on vient de travailler dans la même série, mais nous n’avons pas jouer ensemble. On se conseille, on échange nos idées, on plaisante, se taquine, se jalouse aussi par moment… mais c’est mon frère, et avec le temps, je ne suis que fier de lui et fier de tout ce qu’il fait. Je pense qu’à un moment de nos vies, on s’est influencé dans le bon sens. C’est grâce à lui que je suis monté sur scène la première fois et c’est moi qui lui ai donné envie d’en faire un métier quand il s’en est éloigné pour faire autre chose. J’adorerai jouer avec lui !
Votre ambition pour l’avenir ?
Pouvoir continuer à vivre de ma passion et faire un film avec mon frère.
via Abdo El Rhazi Assad Bouab « J’ai soif de personnages atypiques et surprenants »
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