Les nombreux actes de répression du régime algérien en Kabylie ont été décriés lundi 29 juin au Parlement européen.
L’eurodéputé italien Massimiliano Salini (PPE) au Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité a fait part de ses préoccupations dans une question écrite au Parlement européen concernant ce qu’il qualifie de menaces d’instabilité et d’autoritarisme au Maghreb. Dans son volet portant sur l’Algérie, la question indique que le gouvernement algérien renforce son emprise autoritariste et mène des actes de répression, particulièrement en Kabylie « où les protestations sont nombreuses car, selon l’Organisation des nations et des peuples non représentés (UNPO) qui défend les peuples indigènes et tribaux dans le monde, il s’agit d’un territoire occupé ».
« Le peuple kabyle rejette l’autorité du gouvernement algérien »
Selon le mouvement Mak-Anavad -formé en 2016 à la suite d’une fusion entre le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) et le Gouvernement provisoire kabyle (GPK) et seul membre maghrébin de l’UNPO-, le peuple Kabyle rejette l’autorité du gouvernement algérien car elle découle d’un processus « d’annexion unilatérale du territoire de la Kabylie à la république démocratique d’Algérie ».
L’objectif du Mak-Anavad, souligne-t-on, est de « regagner l’indépendance que la Kabylie a perdu quand elle fut annexée à l’Algérie en 1957 ». « Durant la dernière décennie, le Mak-Anavad a organisé une résistance pacifique et a conduit progressivement le peuple Kabyle vers l’indépendance ». Depuis 1963, date où le parti FFS de Hocine Aït Ahmed a contesté l’autorité du FLN, le peuple Kabyle a été assujetti à la discrimination, la persécution, les assassinats et la répression violente.
L’Algérie refuse le droit du peuple Kabyle à l’autodétermination et à l’autoidentification
Le gouvernement algérien rejette, pour sa part, toute forme d’existence au Mak-Anavad sur la base d’élections libres et transparentes, ne respectant pas, ainsi, le droit du peuple Kabyle légitime, selon l’UNPO, à l’autodétermination et à l’autoidentification. Le régime algérien tente ainsi de se dérober à ses engagements de droit international portant sur la protection des droits des peuples autochtones. L’Algérie est en effet signataire de la Convention de l’Organisation International du Travail ILO No. 169, relative à la protection des peuples indigènes et tribaux.
Hugh Roberts, éminent professeur d’histoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient à la prestigieuse Université américaine Tufts et autorité de premier plan sur l’histoire et la politique algérienne, a scientifiquement corroboré cet état de choses dans son ouvrage “Berber Government: The Kabyle Polity in Pre-Colonial Algeria” publié en 2014 et réédité en 2017. L’auteur a démontré, preuves historiques et anthropologiques à l’appui, que la Kabylie qui s’est formée en tant qu’entité politique distincte et s’est développée avant la conquête française était une république dotée d’institutions fonctionnelles, “fondée sur le consentement de la population, avec un mode de légitimation fondé sur un principe de représentation politique, une procédure de délibération publique et une prise de décision respectueuse de l’opinion publique, un corpus de lois ayant une autorité et des partis politiques rudimentaires”.
En cinq ans, le parlement européen a adopté deux résolutions d’urgence portant sur l’Algérie
Pour rappel, le service de l’état-civil mis en place par Mak-Anavad a délivré le premier Passeport kabyle le 14 juin 2020 à l’occasion de la Journée de la Nation Kabyle et ce, dix ans après la mise en circulation de la première Carte d’identité kabyle. Des mesures de proximité ont été mises en place pour permettre aux citoyens kabyles de commander en ligne leurs passeports kabyles biométriques.
Dans la même dynamique, le Parlement kabyle (Imni aqvayli) en tant qu’institution législative kabyle fut proclamé le 14 juin 2020, soit dix ans après l’avènement du pouvoir exécutif que représente le Gouvernement provisoire kabyle mis en place le 1er juin 2020.
En l’espace de cinq ans, le parlement européen a adopté deux résolutions d’urgence portant
sur l’Algérie. Il s’agit respectivement de la résolution du 30 avril 2015 sur l’incarcération des militants des droits de l’Homme et des travailleurs en Algérie et, de la résolution du 28 novembre 2019 sur la situation des libertés en Algérie. Dans sa lettre au Président du Parlement européen, datant du 5 décembre 2020, le Président du Mak-Anavad, Ferhat Mhenni, avait « salué la résolution du Parlement Européen du 28 novembre 2019, initiée par l’euro-député Raphaël Glucksmann, du Groupe de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates, et mettant en cause le pouvoir militaire algérien dans le traitement des droits humains et des libertés des citoyens ».
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