A l’approche du mois de ramadan, le ministère de l’intérieur rassure quant à la disponibilité des produits de base sur le marché national. Les prix de la plupart des denrées sont stables. Pour le poulet et les œufs, essentiels durant le ramadan, on note une hausse. Explications du président de la FISA, Youssef Alaoui.
Par rapport au ramadan de l’année dernière, les marocains achèteront le poulet et les œufs plus chers. Le président de la Fédération Interprofessionnelle du secteur avicole, Youssef Alaoui relativise. Pour lui, les prix sont raisonnables vu la crise qui sévit dans le secteur. «L’année dernière le prix de reviens était de 11DH le kilo. Cette année, il est entre 12 et 12,5 DH », explique Youssef Alaoui. Le professionnel renvoie cette hausse du prix de reviens à la flambée des cours des matières premières à l’international, en particulier, le maïs et le soja indispensables pour l’élevage du poulet, importés essentiellement de l’Argentine, des Etats Unis… En effet, l’année 2020 a vu exploser le prix des matières premières agricoles. Le FAO note une flambée de 30 % pour le maïs et 50 % pour le soja. Résultats ? Une hausse des prix sur le marché national. «L’éleveur perdait de l’argent depuis un an et gagne 1DH depuis 15 jours puisqu’il revend à 13,5 DH. Très faible par rapport à tout ce que nous avons perdu en 2020 », justifie Youssef Alaoui qui tient à rassurer par ailleurs que pendant le ramadan, les prix resteront au même niveau actuel.
De lourdes pertes
L’activité avicole a subi une baisse drastique de la demande évaluée à plus de 40% suite aux dispositions liées à la lutte contre la pandémie du coronavirus notamment la fermeture des hôtels, des restaurants, des salles de fêtes, l’annulation d’événements, le confinement obligatoire des ménages à domicile, la restriction de la circulation des personnes et la fermeture des souks hebdomadaires. « Depuis mars dernier, on vend à perte avec un prix situé entre 7 et 10DH/ Kg pour un prix de reviens de 11DH et de 12,5DH durant les trois derniers mois, soit entre 2 DH et 4DH durant un an. Pour les œufs, ils ont été vendus à 45 centimes contre un prix de revient de 65 centimes. Une vraie hécatombe », regrette Youssef Alaoui. Il ajoute aussi que beaucoup d’éleveurs ont arrêté de produire, d’autres ont jeté l’éponge et se sont convertis dans de nouvelles activités surtout que la filière n’a bénéficié ni de soutien, ni de subvention lors de cette période de crise sanitaire. Pire encore, «le personnel déclaré était en arrêt temporaire de travail et n’a pas bénéficié des indemnités de la CNSS et les professionnels n’ont bénéficié ni de prêts oxygène ni de crédits de relance », insiste le président de la FISA qui tient à souligner que les professionnels ont travaillé pendant toute la période de la pandémie et vendu à perte pour éviter tout risque de pénurie sur le marché.
Donc, outre la flambée des prix de matières premières à l’international, l’envol des prix s’explique aussi par la baisse de l’offre. «On ne peut pas continuer de vendre à perte. L’éleveur doit quand même gagner un peu, même si cela ne compensera guère les pertes subies », affirme Youssef Alaoui.
L’anarchie des intermédiaires
Youssef Alaoui évoque la problématique des intermédiaires. Pour lui, c’est une plaie. «Même quand le prix du poulet à la ferme a été de 7DH, il était vendu sur le marché à des prix dépassant les 13DH. Et quand les œufs étaient à 45 centimes, il étaient à 1DH dirham sur le marché. Donc finalement, les consommateurs ne profitent pas de la baisse. Et l’intermédiaire agit sans foi ni loi. C’est aberrant et cela porte préjudice à la fois à l’éleveur et le consommateur », s’indigne le président de la FISA avant d’appeler le ministère de l’intérieur à contrôler les prix sur le marché et faire face à cette anarchie.
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via Abdo El Rhazi Pourquoi le poulet coûte plus cher ?
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