Malgré les efforts entrepris, les discriminations basées sur le sexe et des violations des droits des femmes subsistent encore et leur participation au développement demeure faible. La CESE appelle à entreprendre des mesures urgentes pour l’émancipation et l’épanouissement des femmes marocaines
« Un pays ne peut prétendre à un quelconque développement et progrès si la moitié de sa force vive en est exclue. A l’heure où le Maroc se mobilise pour aller vers un nouveau modèle de développement plus inclusif il est inconcevable que des femmes subissent des violences et restent en marge des sphères de la vie socio-économique et civique », note le CESE dans une alerte émise à l’occasion de la journée de la femme. D’après le document, depuis les années 2000 la place de la femme au niveau de la société a été confortée à travers la réforme du code de la famille, la révision de celui de la nationalité permettant aux marocaines de transmettre leur nationalité à leurs enfants, leur accès à certaines professions, jusque là réservées aux hommes et la mise en place au niveau des élections législatives et territoriales et des mesures actives positives et ciblées visant le renforcement de la représentativité politique des femmes. Néanmoins, « malgré ces avancées des discriminations basées sur le sexe et des violations des droits des femmes subsistent encore », regrette le CESE.
Une faible représentativité
Plusieurs indicateurs témoignent de cette situation. En 2019, environ une femme sur deux a subi au moins un acte de violence tous contextes et toutes formes confondues. Plus de 30.000 autorisations ont été accordées en 2018 pour conclure un mariage avec des filles mineures, sans compter les unions non légalisées. La représentativité des femmes est aussi à un niveau bas depuis plusieurs années notamment au niveau des institutions représentatives. Au parlement la part des femmes ne dépasse pas les 10% au sein de la chambre des conseillers et 21% dans la chambre des représentants. Au niveau des instances territoriales les femmes sont également peu représentées (27% )avec deux femmes présidentes des régions contre 10 hommes. «Le faible taux d’activité des femmes témoigne également d’une participation au marché de travail qui demeure en deça du potentiel des marocaines. En 2020, moins d’une femme sur cinq est active », affirme le CESE qui ajoute que ces chiffres ne traduisent pas les aspirations du Maroc pour l’égalité et la parité telles qu’inscrites solennellement dans l’article 19 de la constitution ainsi que dans les conventions et pactes internationaux dûment ratifiés par le Royaume. «Dans ce contexte, il devient nécessaire d’assurer une mise en œuvre effective des droits des femmes tout en luttant efficacement et avec rigueur contre les violences faites aux femmes », souligne le CESE
Révision du cadre légal
Trois grands changements issus des rapports et avis du CESE consacrés à la promotion de l’égalité des sexes et la lutte contre toutes les formes de discrimination sont à opérer. D’abord le CESE appelle à des changements dans le cadre institutionnel et juridique. Concrètement, il s’agit d’accélérer l’harmonisation de la législation nationale avec les principes et dispositions de la constitution et des conventions internationales des droits humains portant sur la prévention et l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes et des petites filles. Pour le CESE, il importe dans ce sens d’abroger les dispositions juridiques contenus dans un certain nombre de textes des lois dont l’application porte préjudice aux mères célibataires et à leurs enfants et qui font obstacle aux droits de porter plainte pour les viols. Aussi, le CESE préconise d’ériger la promotion de l’égalité et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles (tolérance zéro), en cause nationale prioritaire, s’appuyant sur un budget clairement identifié et sanctuarisé, de conditionner une partie de la subvention publique accordée aux partis politiques, aux syndicats et aux associations à l’atteinte d’un niveau minimum de représentativité de 30% des femmes dans leurs instances dirigeantes et d’assurer le respect de la dignité et l’intimité de la femme, y compris dans le contexte des procédures judiciaires et médico-légales .
Amélioration des conditions socio-professionnelles
De plus, des changements opérationnels pour assurer aux femmes les conditions d’accès au travail rémunéré et les sécuriser vers et sur les lieux du travail est une nécessité pour le CESE. Pour cela il faudra selon l’organisation non seulement amorcer un plan national d’ouverture de crèches publiques ou en entreprises dans l’ensemble du territoire et flexibiliser les horaires de scolarité des enfants, mais aussi de mettre en place des mesures actives positives et ciblées pour garantir la parité dans l’accès aux postes de responsabilités dans la fonction publique. Autres recommandations à ce niveau : flexibiliser davantage le recours aux nouvelles formes de travail au sein des entreprises (télétravail travail à mi-temps, flexibilité des horaires…), renforcer le cadre juridique relatif à la lutte contre le harcèlement moral et sexuel des femmes dans les lieux publics et dans les espaces protégés notamment les lieux de travail, inscrire la sécurité des femmes dans les transports publics et sur les lieux publics au centre des préoccupations es politiques de la ville, des politiques de sécurité publique des plans d’aménagement urbains et des programmes de logements et favoriser l’accès de la femme rural au travail rémunéré et améliorer son autonomie financière.
Changements de mentalités
Le CESE plaide aussi pour des changements socio-culturels pour enraciner les principes de l’égalité dans la société. Parmi les mesures urgentes à mettre en place, il y a la promotion du débat public pour faire évoluer les mentalités sur les questions liées au mariage des enfants, à l’interruption volontaire de grossesse et aux procédures successorales…Ensuite, aller vers l’éducation sexuelle dans les écoles pour inculquer aux enfants les principes de l’égalité entre les femmes et les hommes… « Tout cela ne peut se concrétiser sans lever les contraintes culturelles qui peuvent être handicapantes pour les femmes car construire une société moderne et inclusive nécessite de lutter activement contre les stéréotypes souvent dégradants et humiliants et consacrant une image négative des femmes », conclut le CESE
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via Abdo El Rhazi Situation des femmes marocaines. La CESE tire la sonnette d’alarme !
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