Rendez-vous bisannuel incontournable réunissant les principaux acteurs mondiaux du secteur sucrier, la Conférence internationale du sucre vient d’avoir lieu à Casablanca. C’est dans la capitale économique du royaume qu’ont été tracés les nouveaux chemins de la croissance.
Les enjeux stratégiques du secteur sucrier, à l’aune des défis qu’impose la crise économico-sanitaire, étaient au cœur de la quatrième conférence internationale du sucre. Tenu à Casablanca le 10 mars 2021, ce rendez-vous a été maintenu malgré la crise sanitaire dont le monde peine à se sortir. Et pour cause ! cette conférence internationale est d’une importance capitale pour le secteur sucrier. C’est le cas depuis qu’elle a été instituée par l’Association professionnelle sucrière (APS) et l’organisation internationale du sucre en 2015 avec comme objectif d’offrir aux professionnels l’opportunité de débattre des défis auxquels le secteur fait face.
Même si 2021 est marquée, à son début, par l’impact de la Covid-19, ce rendez-vous a donc été maintenu, sous un format hybride. Pour les échanges directs, tout s’est déroulé avec un respect très strict des mesures sanitaires.
Cette année, la conférence a réuni 50 personnes en présentiel sur le plateau 1200 de la chaîne nationale 2M. Elle a aussi pris la forme d’un webinaire et une transmission en direct a été assurée pour offrir un cadre privilégié favorisant fortement le dialogue et le partage d’expériences entre professionnels.
« Secteur sucrier mondial : Quels chemins de croissance ? » est la thématique centrale choisie. Les enjeux stratégiques aux niveaux mondial et national, notamment l’impact de la Covid-19 sur le marché du sucre, les défis liés à l’eau, les chemins de diversification et les enjeux de l’innovation et de la recherche et développement ont été autant d’axes stratégiques longuement débattus.
« La thématique choisie cette année est orientée vers l’avenir, surtout que nous sommes en train de sortir du tunnel de la pandémie », souligne Mohammed Fikrat. Le président de l’Association professionnelle sucrière et président directeur général de Cosumar, à l’instar de presque tous les intervenants et experts régionaux et internationaux, insiste sur la diversification en amont et en aval comme levier de la croissance pour juguler l’impact de la crise pandémique sur le marché du sucre et pour relever les défis à venir.
Revenant justement sur l’impact de cette crise, Mohammed Fikrat rappelle que la Covid-19 a montré la place centrale de la sécurité alimentaire et la valeur du sucre qui est un aliment de base consommé à grande échelle. « Cette pandémie a reconfirmé l’extrême importance de garantir l’approvisionnement en produits alimentaires aux populations en étant en capacité de faire face rapidement aux pénuries de certaines denrées de base », insiste-t-il.
Quid de la situation du secteur sucrier au Maroc ?
Concernant le Maroc, le président de l’APS souligne que le secteur a su faire face aux nombreux défis imposés par la pandémie, grâce notamment à l’appui étatique et à la collaboration des institutionnels avec les agriculteurs répartis au niveau des différentes régions.
Remettant sa casquette de PDG de Cosumar, Mohammed Fikrat affirme que la pandémie a révélé que l’agriculture et l’industrie agroalimentaire marocaines sont parfaitement capables de répondre aux besoins alimentaires de la population. Tout en rappelant les efforts déployés pour circonscrire la propagation de la Covid-19 et de s’adapter aux contraintes sanitaires et réduire l’impact de la fermeture des frontières, il explique que le royaume, ayant consacré le caractère stratégique de l’agriculture, s’est montré plus résilient face à la crise. « Le Maroc a pu assurer une offre suffisante à ses citoyens tout en maîtrisant les prix grâce à la forte mobilisation des professionnels de l’agriculture, et ce malgré les contraintes sanitaires et les perturbations du circuit logistique », apoursuit-il.
Par ailleurs, Fikrat voit en la crise Covid-19 un challenge pour les opérateurs de la filière sucrière qu’experts nationaux, comme ceux internationaux, tentent de gagner. Il rappelle qu’ai delà de cette crise conjoncturelle, il a été aussi question lors de la conférence de Casablanca d’autres défis majeurs, comme celui du stress hydrique, entre autres.
Le Maroc à l’honneur grâce à sa force de résilience
La conférence a été également l’occasion de mettre en lumière le rôle du secteur agricole, en particulier, la filière sucrière tant sur le plan de la sécurité alimentaire que le développement socioéconomique des régions.
L’activité sucrière constitue la colonne vertébrale dans les cinq régions qui abritent la culture de canne à sucre et de betterave. Cette filière génère près de 5.000 emplois permanents directs et indirects et garantit des revenus réguliers à 80.000 agriculteurs de betterave et de canne à sucre. Fort de ces indicateurs, le Maroc n’a pas été désigné par hasard pour l’organisation de la conférence internationale. Mohammed Fikrat rappelle que depuis 1971, date de la création de l’association, le secteur sucrier national a connu une série de réformes qui ont permis d’augmenter le rendement et la productivité de ses acteurs.
En 2007, la fédération interprofessionnelle marocaine du sucre (Fimasucre) a été créée et paraphera avec l’État un contrat-programme 2008-2013 qui a permis de dynamiser le secteur sucrier et d’améliorer le taux de couverture des besoins nationaux en sucre.
Le PDG de Cosumar a rappelé que ce contrat programme avait mobilisé un investissement de 7,5 milliards de dirhams dont une grande partie a été destinée à la modernisation de l’amont agricole ainsi qu’à l’outil industriel et à l’augmentation de la capacité de traitement des sucreries, à hauteur de 5 millions de tonnes.
Ce n’est pas tout, pour atteindre une capacité industrielle annuelle de plus de 2 millions de tonnes de sucre blanc, la filière sucrière nationale a dû conduire toute une série de programmes d’extension de ses capacités et performances.
En même temps, le secteur a réussi à moderniser son amont agricole pour atteindre, en 2020, un rendement de 11,4 tonnes de sucre par ha pour la betterave à sucre et de 8,8 tonnes de sucre/ha pour la canne à sucre.
Fikrat met l’accent sur le fort engagement de la filière sucrière marocaine dans une démarche d’accompagnement des territoires à travers la création de pôles économiques axés sur les sucreries, mais aussi à travers l’encouragement à la création de sociétés prestataires et la mise en place d’infrastructures de commodité. L’ensemble des actions ainsi menées a assuré au Maroc une forte résilience face à la crise pandémique. Ce qui lui a valu des hommages appuyés de la part des participants à la conférence internationale de Casablanca. Tous ont donné le Maroc comme bon exemple à suivre.
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via Abdo El Rhazi 4è conférence internationale du Sucre : La résilience marocaine sous les projecteurs
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