Friday, June 30, 2017

Le MTF 2017 le 7 juillet à Casablanca

Organisé par le groupe Le Matin, le Morocco Today Forum 2017 se tiendra le 7 juillet 2017 à Casablanca. L’évènement, qui se tiendra sous le haut patronage royal, réunira 22 personnalités de premier ordre, étrangères et marocaines, politiques et issues de la société civile. Elles s’exprimeront sur les dynamiques économiques et politiques qui animent le Maroc.
Thème de cette année : « Avançons ensemble par l’entrepreneuriat social ».
L’entrepreneuriat social est, de plus en plus, considéré comme solution aux fractures sociales issue de notre modèle économique. Là est l’enjeu du MTF ! La conférence sera, en effet, l’occasion de faire un bilan critique de « ce qui a été fait et ce qui reste à faire » et de créer des pistes de solution à l’intégration des exclus pour atteindre l’harmonie de la société.
L’édition 2017 s’organisera autour de « 3 panels » : l’entrepreneuriat social comme moyen d’inclusion, le rôle de la femme, et enfin les liens entre entrepreneuriat et innovation numérique.
Face à la réussite du premier MTF en 2016, le MTF2017 tentera de pérenniser l’évènement avec plus de débat et d’échange et a d’ores et déjà prévu l’annonce de partenariats avec de grandes universités qui impliqueront les jeunes générations et alimenteront en idées nouvelles les prochains rendez-vous.
Un « Hackaton » : nouveauté de l’édition 2017
Des jeunes présenteront, à l’issue de 48 h de concours, leur projet en lien avec des thèmes sociaux que sont la santé, l’environnement, etc.
Les plus méritants se verront remettre des prix et un appui pour réaliser le projet. Une dizaine d’équipes, dans lesquelles se mêleront porteurs de projet et informaticien/web designers, seront en compétitions.



via Abdo El Rhazi Le MTF 2017 le 7 juillet à Casablanca

Prêt de 120 millions d’euros de la Berd pour la gestion de l’eau au Maroc

La BERD, banque européenne pour la reconstruction et le développement, attribue un prêt de 120 millions d’euros pour la conservation et la gestion raisonnée de l’eau dans la plaine du Saïs.
Cette région est, l’une des plus agricoles du Maroc, ajouté au réchauffement climatique, la gestion de l’eau y est actuellement déraisonnable. La BRED accompagne la logique de développement durable du Maroc, issue notamment de la COP22, alors que le Royaume est classé parmi les pays en stress hydrique.
Le prêt servira notamment à la construction d’infrastructures d’irrigation efficace et écologique (goutte à goutte) ainsi qu’un adducteur d’acheminement d’eau afin préserver les eaux souterraines non renouvelables.
« Cet investissement est essentiel pour la région et le Royaume du Maroc dans son ensemble afin de renforcer ses infrastructures et d’assurer des ressources durables en eau. Par ce projet, nous encourageons une plus forte participation du secteur privé, la résilience climatique et l’inclusion économique dans un secteur qui représente 40 % des emplois » a déclaré, Marie-Alexandra Veilleux-Laborie, Directrice à la BERD en charge des opérations au Maroc lors de la signature de l’accord à Rabat.
À ce jour, la Banque a investi environ 1,2 milliard d’euros dans 30 projets au Maroc.



via Abdo El Rhazi Prêt de 120 millions d’euros de la Berd pour la gestion de l’eau au Maroc

L’entreprise FENIE BROSSETTE renouvelle ses certifications

La compagnie, acteur majeur du secteur des travaux publics au Maroc, a renouvelé sa certification ISO 9001 version 2015 avec succès, ainsi que le maintien effectif de la certification OHSAS 18 001 V 2007.

Toujours en quête d’un management de la qualité optimale, l’entreprise a obtenu cette reconnaissance internationale délivrée par AFNOR CERTIFICATION.
La certification ISO 9001, véritable signe de maturité de l’entreprise, permet une meilleure prise en compte des risques et une démarche à même de mieux servir la stratégie de l’organisation. Elle permet par ailleurs au management de maîtriser l’intégralité de la chaîne permettant de créer de la valeur pour les clients.
La certification OHSAS 18001, quant à elle, est relative à la sécurité et à la santé au travail, gage d’une sécurité pour des ouvriers.



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Un nouveau virus informatique vient de frapper et les Marocains ne s’en inquiètent pas

Ces derniers jours, une nouvelle attaque informatique a ciblé a défrayé la chronique. Des entreprises, des administrations, des banques, des sociétés de transports et même le système de surveillance de Tchernobyl ont été infectés. Le virus s’est propagé à une vitesse éclair, en tout, 65 pays ont été touchés, en commençant par l’Ukraine et Russie, pays les plus touchés.
Les entreprises marocaines, peu connectées à l’international, semblent épargnées par le phénomène.
La maCERT (administration de la défense nationale, direction générale de la sécurité des systèmes d’information) a dans un communiqué défini la menace comme critique et a incité les entreprises marocaines à la vigilance en conseillant d’installer les patchs de sécurité de Microsoft.
Pour rappel, une attaque du même type avait déjà eu lieu en mai dernier avec le même mode opératoire : le virus prend en otage les données de l’ordinateur visé, en les chiffrant, et affiche un message incitant l’utilisateur à payer une rançon de 300 $ afin de retrouver ses données. Mais d’après de nombreuses entreprises de veille informatique, comme Kapersky, l’objectif est autre. Explication : c’est un « wiper », virus qui détruit simplement les informations, qui est propagée à grande échelle, la demande de rançon n’étant qu’une façade.
Une quarantaine de paiements ont quand même été relevés sur le compte Bitcoins des pirates, avant que l’adresse mail servant de relais aux clefs d’échange ait été bloqué par le fournisseur.
Si différents spécialistes institutionnels et privés se sont exprimés sur ce phénomène à travers le monde, au Maroc, c’est silence radio. Même maCERT est peu encline à communiquer, malgré nos sollicitations. Tout comme l’APEBI, fédération marocaine des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring.



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Dessalement de l’eau de mer : Le plus grand projet au monde verra le jour dans la région de Souss Massa

Mohammed Boussaid, ministre de l’Economie et des Finances et Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, ont présidé, le 29 juin 2017 à Rabat, la cérémonie de signature des documents contractuels pour la réalisation du projet de dessalement de l’eau de mer pour l’irrigation et l’alimentation en eau potable dans la région de Souss Massa.
La Région est alimentée actuellement à partir des ressources superficielles à raison de 80% (barrages de Moulay Abdellah et de Abdelmoumen) ainsi qu’à partir de ressources souterraines à hauteur de 20% (nappe de souss).
Dans son intervention, le ministre de l’Economie et des Finances a précisé que ledit projet est le plus grand projet de dessalement de l’eau de mer mutualisé d’irrigation et d’eau potable dans le monde.
Rien que pour la composante eau potable, ce projet, d’une capacité au démarrage de 150.000 m3/jour, atteindra 200.000 m3/jour à terme. Objectif : sécuriser l’alimentation en eau potable au profit d’une population de 2,3 millions d’habitants à l’horizon 2030 dont 20% en milieu rural. Le taux d’accès à l’eau potable en milieu rural sera ainsi porté à 100% au niveau du Grand Agadir.



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2016, une année riche en réalisations pour la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement

Ce jeudi 29 juin 2017, la princesse Lalla Hasnaa a présidé le Conseil d’Administration de la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement en son siège à Rabat. A cette occasion, le Conseil d’Administration a arrêté les comptes pour les exercices 2015 et 2016.

L’année 2016 a été marquée par la participation de la princesse Lalla Hasnaa à la 22e Conférence des Parties (COP22) de la Convention–Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), où elle a présidé l’ouverture de deux importantes journées thématiques : la journée de l’Océan et la Journée de l’Éducation au Développement Durable.

la princesse Lalla Hasnaa a prononcé le discours d’ouverture de la journée Mondiale de l’Océan, en présence de Son Altesse Sérénissime le Prince Albert de Monaco, de Ségolène Royal, Ministre de l’Énergie et de la Mer, chargée des Relations internationales sur le climat, de Maria Helena Q. Semedo Directrice générale adjointe chargée du Climat et des Ressources Naturelles à la FAO et de Aziz Akhannouch, Ministre de l’Agriculture et de la Pêche Maritime. Son Altesse Royale a rappelé l’importance des océans, consacrée par la déclaration « Because the Ocean », et a lancé un nouvel appel à une plus grande protection des océans et des zones humides, pour lesquelles elle se mobilise depuis plus de 15 ans.

La princesse Lalla Hasnaa  a également présidé lors de la COP22 la Journée dédiée à l’Education au développement Durable. Elle y a prononcé un discours en présence de d’Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO, Patricia Spinoza, Secrétaire exécutif de la CCNUCC et de Rachid Belmokhtar, Ministre de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, où elle a rappelé l’importance que revêtent l’éducation et la sensibilisation dans la lutte contre le changement climatique, consacrée par l’article 12 de l’Accord de Paris.

Lors de cette rencontre de haut niveau, des exemples montrant comment l’éducation peut contribuer à contenir le réchauffement climatique ont été présentés. À cette occasion, la princesse Lalla Hasnaa  a reçu le premier rapport mondial de suivi de l’éducation (GEM-Planet Report 2016) qui fournit aux gouvernements et aux décideurs de précieuses informations pour suivre et accélérer les progrès de l’objectif d’assurer l’accès de tous à une éducation de qualité et de promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie (Objectif de développement durable n° 4 des Nations unies).

L’année 2016 a été également marquée par la signature de deux conventions importantes avec l’UNESCO et la FAO.

La première, une convention à caractère général, lie la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement à l’UNESCO. Elle s’inscrit dans le cadre de la nouvelle Décennie 2015-2030 des Nations Unies pour l’Education au service du Développement Durable lancée par l’UNESCO et son Plan d’Action Global (GAP). Ce plan définit cinq domaines d’action prioritaires pour accélérer la marche vers le développement durable, dont le renforcement des capacités des éducateurs et des formateurs, domaine retenu par la Fondation Mohammed VI comme domaine d’action prioritaire au Maroc.

La seconde convention signée avec la FAO porte sur l’éducation, la formation et la sensibilisation au développement durable, notamment des jeunes, l’échange d’expertise, le partage de compétences et l’organisation de projets ou d’événements conjoints d’information et de formation, par la conception et la mise en œuvre de projets et programmes nouveaux d’intérêt commun.

Grâce à son travail continu et ses résultats, la Fondation est devenue une institution reconnue par les instances internationales, comme l’UNESCO, l’ISESCO, le PNUE, la FAO, la Convention-cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), pour lesquelles elle représente un partenaire fiable en matière d’éducation à la protection de l’environnement.

La princesse Lalla Hasnaa a présidé la cérémonie de signature du Pacte Qualit’air à Skhirat en février 2016 entre la Fondation, la CGEM et 21 de ses entreprises affiliées. Ce pacte a été le point de départ d’une année riche en réalisations pour le programme Air-Climat de la Fondation.

La Fondation développe aujourd’hui près de vingt programmes dans lesquelles elle a mobilisé et fédéré les pouvoirs publics, les acteurs économiques et la société civile. Ces programmes ont aujourd’hui une envergure nationale et servent de modèle en matière de sensibilisation et d’éducation à la protection de l’environnement.

 

Chiffres clés :

  • Sauvegarde du Littoral  

o   22 Plages Propres labélisées Pavillon Bleu

  • Éducation au Développement Durable :

o   Éco-Écoles dont 1375 participent à la saison 2015-2016 et 62 arborant le label Pavillon Vert ;

o   Jeunes Reporters pour l’environnement :

  • 7 Reportages écrits primés dont 2 primés à l’international, à savoir :
  • Prix de la Sensibilisation au niveau national :

Le cri des jardins de Ksar El Kébir, y a-t-il un sauveteur ? Lycée Ouled Ouchich, Larache ;

  • Prix de l’éveil au niveau  national : Une feuille égarée, un arbre perdu ; Lycée Hassan Ibn Thabet, Nador.

Ø  Participation de 591 collégiens et lycéens  de 120 établissements encadrés par 112 enseignants ;

  • 6 Photographies primées, dont 1 à l’international, à savoir :
  • Prix de l’éveil au niveau national : Le dernier appel Lycée Ibn Zouhr, Ouezzane.

Ø   Participation de 955 collégiens et lycéens de 209 établissements assistés de 194 enseignants .

  • Tourisme durable :

o   80 établissements touristiques ont arboré le label Clef Verte.

  • Air-Climat  :

En novembre 2016, la Fondation a apporté son appui au calcul de l’empreinte carbone de la COP22, estimée à 6407 tonnes eq CO2, et a proposé aux participants de compenser leurs émissions sur des bornes dédiées sur le site de la COP22



via Abdo El Rhazi 2016, une année riche en réalisations pour la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement

Une voie unique pour sortir de la crise qatarie

Cet article a été publié hier, jeudi 29 juin 2017, par Ahmed Charaï dans la revue américaine The National Interest sous le titre : The Only Way Out of the Qatar Crisis. En voici la traduction.

Le Qatar est connu, depuis des années, comme étant une petite péninsule sur le Golfe qui joue dans la cour des grands. Ses immenses richesses pétrolières et son énorme influence, grâce à ses chaines de télévision satellitaires d’Al Jazeera qui émettent en anglais et en arabe, lui ont donné un poids diplomatique important à travers le monde arabe. Sa puissance douce (soft power) s’est illustrée notamment par les négociations au Darfour, à Tripoli, à Sana’a et ailleurs. Partout, ce pays a suscité l’admiration ou l’envie.

Aujourd’hui le Qatar est aux prises avec les critiques de tous bords. Le candidat du Qatar qui brigue le poste de directeur général de l’UNESCO va presque à coup sûr perdre le combat. Pourtant quelques mois plus tôt, il était le candidat favori. Des militants exercent une pression sur la FIFA pour interdire au Qatar d’accueillir la Coupe du monde. Les pressions se font de plus en plus fortes pour la fermeture de la base aérienne américaine au Qatar. D’ailleurs, le général des forces aériennes américaines, à la retraite, Charles Wald, qui a ouvert la base en 2001, demande publiquement sa fermeture. Une coalition formée de 34 000 églises principalement afro-américaines devrait protester contre le Qatar à Washington, DC, le 28 juin, dénonçant la persécution religieuse au Qatar dont font l’objet les chrétiens, les juifs et d’autres minorités religieuses. (Le Qatar interdit l’utilisation des symboles externes dans les églises tels que les croix, ainsi que les prières publiques des chrétiens, même si ces derniers sont plus nombreux que les 300 000 Qataris de souche). La manifestation prévue devant l’ambassade du Qatar le 25 et à M Streets, est la toute première protestation publique contre le Qatar à Washington. Et elle ne sera pas la dernière.

Ce qui a rendu la situation encore plus dramatique c’est le fait que ses voisins et ses alliés se sont retournés contre lui. L’Arabie saoudite, l’Égypte, le Bahreïn et les Émirats arabes unis ont rompu les liens diplomatiques ainsi que les liaisons terrestres, aériennes et maritimes avec le Qatar. En outre, une guerre médiatique est actuellement dirigée contre l’Emirat par différents supports médiatiques. Aujourd’hui le Qatar suscite la crainte ou la pitié.

Qu’est-il arrivé? Le Qatar s’est révélé être le sponsor des ennemis de l’Amérique et de ses alliés arabes. Les responsables politiques à Washington sont préoccupés – selon le département d’Etat US -par le fait que le Qatar soit impliqué dans le financement des affiliés d’Al-Qaïda en Syrie ainsi que des éléments de l’EI. Les mêmes groupes que l’Amérique est en train de bombarder dans le cadre de sa campagne visant à libérer le nord de l’Irak. Le Qatar soutient également le Hamas, que les États-Unis et l’UE ont désigné comme une organisation terroriste. Quant au Bahreïn, il estime que le Qatar soutient les groupes d’opposition armés contre la famille royale. Les Saoudiens dénoncent le soutien financier du Qatar aux rebelles Houthi (opposés au régime Saoudien) ainsi que son appui aux groupes violents de l’opposition dans la province saoudienne d’Al Qatif. Une région principalement chiite.

Pendant ce temps, le Qatar a fourni un sanctuaire aux Frères musulmans et à des terroristes connus. Le cheikhat pétrolier abrite également le guide spirituel de la confrérie des Frères musulmans, Yousef Qaradawi, Khaled Meshal, qui était, jusqu’à récemment, le leader du Hamas, Abbassi Madani, originaire d’Algérie, ainsi que de nombreux dirigeants talibans. Le Qatar n’a pas seulement fourni un toit et un lit à ces extrémistes. Il leur a en plus offert une plate-forme médiatique, à travers Al Jazeera, pour recueillir des fonds, séduire des adeptes et booster leur prestige.

Toute cette duplicité et ce soutien auraient pu être tolérables, comme cela se passait trop souvent avant les attentats du 11 septembre, n’eut été la confrontation du monde arabe avec l’Iran. En effet, la République islamique est déjà engagée dans une guerre directe et par procuration contre les États sunnites. Les médias publics iraniens se réfèrent au Bahreïn comme étant «la 18e province» de l’Iran, même si les Perses ne l’ont pas gouverné depuis trois siècles, et incitent les croyants à mettre fin au contrôle saoudien sur les lieux saints musulmans à La Mecque et à Médine. Quant aux Emirats Arabes Unis, ils sont impliqués dans un conflit territorial acharné avec l’Iran. Et ne l’oublions pas, l’Iran est en passe de développer des armes atomiques et des missiles. Serait-il en train de planifier le règlement de ses disputes religieuses et régionales avec une explosion du style Hiroshima.

Contrairement à ses voisins – en conflit avec l’Iran – le Qatar fait affaire avec la République islamique. Il partage avec l’Iran le champ gazier ParsSud, l’un des plus grands au monde.
Alors que l’Iran était sous embargo, le Qatar a poursuivi la vente du gaz naturel iranien à l’Europe. Le champ gazier partagé a donné au Qatar la couverture parfaite pour aider son complice, l’Iran. Cependant, le transport maritime est lent, coûteux et risqué. Le Qatar a donc proposé un pipeline à travers la Syrie pour acheminer les produits énergétiques iraniens (ainsi que les siens) vers un marché européen à court d’énergie. Un tel pipeline aurait réduit les coûts tout en renforçant la position du Qatar. Mais le dictateur syrien a très vite mis fin à ce rêve.

En bref, le soutien du Qatar à l’Iran était la goute qui a fait déborder le vase pour ses voisins. Le département d’Etat américain cherche à être neutre et demande des preuves des transgressions du Qatar. Entretemps, le président Donald Trump a été beaucoup plus clair. Il a exigé du Qatar d’arrêter de financer les ennemis des États Unis.
De toute évidence, le Qatar doit fermer le robinet aux groupes qualifiés de terroristes. Et devrait renvoyer les chefs de la terreur qu’il héberge pour qu’ils affrontent la justice dans leurs pays d’origine.

Le département d’État américain devrait également inviter le Maroc à apporter sa contribution aux efforts visant à la résolution de cette crise. L’Iran, et indirectement le Qatar, soutiennent des soulèvements armés par des groupes minoritaires chiites dans la région majoritairement sunnite du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord. Le roi du Maroc, Mohammed VI, est aussi le chef religieux suprême de son royaume. Ses paroles et ses enseignements religieux modérés ont calmé les populations chiites agitées tout en les incitant à s’opposer à la violence. Sous le leadership du roi, le Maroc jouit d’un nouveau rayonnement en Afrique. Mohammed VI, en tant que porte-parole de la modération politique et religieuse, est une voix importante pour la lutte contre l’insurrection chiite et pour le renouveau sunnite.
Le Qatar doit cesser d’attiser les flammes de la division islamique. Le Maroc et les Arabes du Golfe devraient avoir une chance réelle d’éviter une guerre civile religieuse entre les sunnites et les Chiites. Une guerre qui pourrait coûter des millions de vies et qui risque de s’éterniser des décennies.

Nous sommes arrivés à un moment où la confrontation avec le Qatar conduirait à la paix, et où le compromis conduirait à la guerre. Les instincts de D. Trump ne l’ont pas trompé. Si le Qatar ne change pas, c’est le monde autour qui changera.



via Abdo El Rhazi Une voie unique pour sortir de la crise qatarie

Arrestation de Saïd Chaou en Hollande – Les précisions du porte-parole du gouvernement marocain



via Abdo El Rhazi Arrestation de Saïd Chaou en Hollande – Les précisions du porte-parole du gouvernement marocain

L’UA interpelle ses membres à contribuer à son financement

La commission de l’Union Africaine appelle les pays membres à honorer leurs engagements pour le financement de l’organisation.

A l’occasion de la 29e session ordinaire du Sommet de l’Union africaine qui se tient actuellement à Addis-Abeba, le Président de la Commission Moussa Faki Mahamat a interpellé les pays membres à se conformer à l’accord qui prévoit le versement de 0,2% des revenus de leurs importations à l’Union Africaine.



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L’Afrique au cœur du salon SITeau

En marge de la 5e édition du Salon international des technologies de l’eau et de l’assainissement, une conférence sur la gestion de l’eau en Afrique a été organisée ce jeudi à Casablanca.

La rencontre a réuni des experts africains qui ont plaidé pour un accès juste et équitable à l’eau potable et à l’assainissement en Afrique.

Le Maroc s’est engagé à échanger avec les pays africains son expertise conformément à l’initiative “Water for Africa” lancée lors de la COP22.



via Abdo El Rhazi L’Afrique au cœur du salon SITeau

Thursday, June 29, 2017

La Hollande arrête enfin Said Chaou

Les autorités néerlandaises compétentes ont arrêté aujourd’hui le dénommé Saïd Chaou. Ce revirement constitue un développement important dans le traitement de cette affaire liée au crime organisé et qui dure depuis des années.

Les nombreux contacts entre les parties marocaine et hollandaise, durant les derniers mois, et plus particulièrement au cours des derniers jours, se sont donc avérées concluants dans la mesure où elles ont permis de faire aboutir les procédures judiciaires et de coopération entre les deux pays.

À noter que cette arrestation est intervenue, exclusivement, en exécution des mandats d’arrêt internationaux émis par les autorités judiciaires marocaines, depuis 2010 et à la demande d’extradition introduite en juin 2015.

Pour rappel, Chaaou est accusé au Maroc de crimes graves liées à la constitution d’une association de malfaiteurs et de crime d’homicide volontaire ainsi que de délits de corruption et de trafic international de stupéfiants.

Cette nouvelle arrestation n’est donc pas liée à la procédure judiciaire en cours aux Pays-Bas, dans laquelle le dénommé Chaaou est poursuivi pour d’autres crimes et délits.

Ainsi, après sept ans d’attente et pour la première fois, les requêtes marocaines sont traitées de manière sérieuse et concrète.

Par ailleurs, Chaaou est également poursuivi aux Pays-Bas pour des crimes graves. Ainsi, en juin 2015, il a été arrêté pour constitution de bande criminelle, trafic de drogue et d’armes. Cette affaire suit son cours et sera jugée avant la fin de l’année aux Pays-Bas.

Cette arrestation va certainement dissiper le nuage qui commençait à poindre à l’horizon entre le Maroc et la Hollande.



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Iran – Pays des contradictions

L’Iran, pays si intriguant, change-t-il vraiment ? Cette question s’impose à la lumière des réactions explosives de ce pays aux derniers attentats terroristes qui l’ont frappé.

Ces jours-ci, l’Iran est, plus que jamais, au cœur de l’actualité. L’un de ses derniers faits d’armes, ses six missiles tirés, dimanche 18 juin courant, depuis l’ouest du pays vers à Deir Ezzor à l’est de la Syrie. C’est la première fois en trente ans, depuis en fait la guerre avec l’Irak entre 1980 et 1988, que l’Iran lance des missiles en territoire étranger. La cible était des bases terroristes de Daech, à en croire les fameux Gardiens de la révolution. Cette armée d’élite du régime iranien précise dans un communiqué que son action a été menée en représailles aux attentats perpétrés le 7 juin contre le Parlement et le mausolée de l’imam Khomeiny à Téhéran, qui avaient fait dix-sept morts et qui ont été revendiqués par « l’Etat islamique ».
De nombreux analystes estiment qu’à travers son intervention de terrain en Syrie, le pays des Mollahs veut envoyer des messages à ses ennemis dans la région, Israël et l’Arabie saoudite en premier, et plus largement aux Américains et au monde.
« Les frappes de missiles ne sont qu’une petite partie de la capacité punitive de l’Iran contre les terroristes et contre ses ennemis », a clairement déclaré, lundi 19 juin, le général Ramezan Sharif, porte-parole des Gardiens de la révolution, cité par l’AFP. Et ce haut gradé d’ajouter : « Les soutiens internationaux et régionaux des terroristes doivent comprendre cette mise en garde. »
Le président de la Commission des Affaires étrangères du Parlement iranien, Allaeddine Boroujerdi, a été encore plus explicite en annonçant que l’Iran est entré dans une nouvelle phase de la lutte contre le terrorisme. « Le Sénat américain vient de voter une loi pour imposer de nouvelles sanctions contre l’Iran qui visent notamment le programme balistique du pays et le message est que l’Iran, dans sa lutte contre le terrorisme, a besoin de ses missiles », a-t-il lancé.
C’est une contradiction de plus de la part d’un Iran qui s’évertue, ces dernières années, à promouvoir son pacifisme.

Arabie saoudite : l’ennemi juré

L’autre fait d’arme, encore plus récent, de l’Iran est sa demande adressée, mercredi 21 juin à l’Arabie saoudite, pour la libération de « trois pêcheurs » iraniens appréhendés quelques jours auparavant par les Saoudiens. Les Iraniens réclament aussi la punition des gardes-côtes saoudiens qui auraient tué un quatrième pêcheur.
De son côté, l’Arabie saoudite a affirmé, lundi 19 juin, avoir capturé non pas trois pêcheurs, mais plutôt trois membres des Gardiens de la révolution iraniens à bord d’une embarcation. Les captifs, selon les autorités saoudiennes, avaient des explosifs et se dirigeaient vers un gisement pétrolier dans le Golfe. Des accusations que l’Iran rejette en bloc.
Quoi qu’il en soit, ce dernier développement ouvre un nouveau chapitre dans la guerre froide qui oppose, depuis toujours, l’Arabie saoudite et l’Iran. Cette guerre est attisée par la crise que connaît le Golfe actuellement suite au boycott imposé au Qatar et que les Iraniens font tout pour le casser. Ils ne le font pas par mécénat, mais pour dominer leurs voisins. Ce faisant, ils donnent une définition bien singulière de l’ouverture envers leur région.
Reste la réalité intérieure du pays qui demeure cachée derrière un voile noir que seuls les plus aventuriers parmi les grands voyageurs tentent de lever. C’est ce qu’a fait Houda Chaloun qui offre l’occasion, à travers son reportage exclusif dans le pays des Mollahs, de découvrir la face cachée de l’Iran.


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via Abdo El Rhazi Iran – Pays des contradictions

La contre-révolution des arts dans le pays des Mollahs

Bienvenue au cœur de la vie culturelle et artistique des Iraniens. Une vie qui s’érige tous les jours un peu plus face à un obscurantisme imposé par une minorité : les gardiens de la révolution.    

Par Houda Chaloun 

Les femmes, comme les hommes, apprennent à jouer de la musique dès leur plus jeune age
L'amitié n'a pas de frontière.
Les iraniens jouent de la musique aujourd’hui pour soigner leur âme.
Graffiti de Black Hand exposé dans une galerie de Tehran
Matissa : “Il m’aurait fallu une seule collection de figures féminines, un tant soit peu dénudées, pour que mon exposition soit interdit”
Rencontre avec des artistes peintres dans un atelier à Tehran
Les soirées iraniennes, toujours une occasion pour jouer de la musique entre amis
Iraniens jouant de la musique dans les rues de Téhéran

Crédit photos – Houda Chaloun

C’est au Parc des Artistes à Téhéran, que j’ai fait mes premiers pas dans le pays et une première découverte d’un peuple qu’on juge sans vraiment connaitre.  Dans ce parc, artistes et visiteurs affichent, publiquement et sans complexes, la nature contestataire de la mouvance culturelle du pays. Les tchadors des mausolées disparaissent et laissent place à des looks raffinés et parfois extravagants. Les foulards colorés des jeunes filles cachent à peine les chevelures et se mêlent souvent dans une belle harmonie aux mèches colorées en rose ou en bleu. Les hommes arborent des looks plus décontractés, des cheveux longs, des babes stylées et des t-shirts à l’effigie de célèbres révolutionnaires.

Quelque chose se passe dans ce parc et dans beaucoup d’autres à travers le pays, dans les centres culturels, les cafés et parfois même dans la rue. Une révolution, ou plutôt une contre-révolution. Celle subtile et persistante révolution des arts. Une contre-révolution qui manifeste son droit à exister et à s’exprimer librement, faisant parfois fi des interdictions, imposées par les mollahs, de la manière la plus ostentatoire.

Iraniens jouant de la musique dans les rues de Téhéran

Iraniens jouant de la musique dans les rues de Téhéran

La musique iranienne, une tradition qui se transmet en famille

Rares sont ceux qui ne jouent pas d’un instrument de musique en Iran. « La musique traditionnelle se transmet comme un héritage familial. Il n’y a pas une seule maison en Iran où on ne trouverait pas un instrument de musique », m’avait confié Simac.  Ce fut lors d’une de mes premières rencontres avec des artistes iraniens. J’ai été invitée par Simac et ses amis dans leur école de musique et studio d’enregistrement à Téhéran pour les voir jouer.

J’avais décidé, avant mon arrivée en Iran, de ne jamais aborder directement des sujets politiques avec les iraniens. Je ne voulais pas les mettre mal à l’aise. Je désirais, surtout, me donner à moi-même une chance pour ne pas verser dans les préjugés.

Les soirées iraniennes, toujours une occasion pour jouer de la musique entre amis

Les soirées iraniennes, toujours une occasion pour jouer de la musique entre amis

Pendant cette première soirée avec Simac et ses amis, j’ai essayé, alors, de ne parler que musique. Mais quand les Iraniens parlent de leurs arts et de leurs passions, ils finissent toujours par aborder la question de la liberté d’expression. Ils finissent toujours par exprimer un ras-le-bol de la situation économique et politique du pays, sans vraiment verser dans le fatalisme.

Dans le timbre de leur voix, à la fois passionnées et sereines, et leurs yeux pétillants d’espoir, on décèle, rapidement, une détermination à trouver cette liberté, ardemment désirée, autrement qu’en combattant directement le système. « La vie en Iran ne se fait plus dans l’espace public. Nous avons nos esprits libres pour créer et notre scène underground pour nous réunir. Les enfants qui viennent apprendre la musique dans cette école, apprennent surtout la liberté ! », m’a confié Peymen, un photographe dont les sujets photographiques sont souvent les tranches économiquement défavorisées de la société iranienne.

Il m’a été donné, par la suite, et à maintes reprises, dans des rencontres avec d’autres artistes ou simplement à travers l’observation du quotidien des Iraniens, de constater l’attachement de ce peuple à ses traditions musicales. Les instruments de musique ont leur place spéciale dans toutes les maisons. Les soirées iraniennes ne se passent presque jamais d’une jam-session entre amis. Les femmes aussi bien que les hommes apprennent très jeunes, auprès de maitres ou dans des écoles, à jouer d’un ou de plusieurs instruments.

Les femmes, comme les hommes, apprennent à jouer de la musique dès leur plus jeune âge.

Les femmes, comme les hommes, apprennent à jouer de la musique dès leur plus jeune âge.

Faizeh, la fille ainée de ma famille hôte à Téhéran, est peintre et virtuose du Tambûr, un des instruments traditionnels les plus joués dans le pays. Faizeh joue de son Tambûr comme qui caresserait un rêve ou un amant dévoué. Elle le fait à toutes les occasions, mais a tout de même refusé que je la filme. « Publier une vidéo de moi jouant de la musique, même chez moi, risque de me créer des problèmes », s’était-elle justifiée.

Il est vrai qu’en Iran, les stations radios locales ne diffusent pas de chansons chantées par des femmes, mais les voix féminines s’entendent partout, dans les maisons, les taxis et surtout la scène mouvementée de l’underground iranien.

Au-delà de cet engouement qu’ont les Iraniens pour la musique, ils sont – et à une grande majorité – versés dans les arts de tous genres.

Partout où je suis allée, j’ai souvent posé la même question à tous ceux que je rencontrais « De quel instrument joue-tu ? ».  Quand je n’ai pas une réponse évoquant le nom d’un instrument traditionnel, j’ai souvent des réponses telles que celle-ci : « C’est mon frère qui a appris de mon père. Je joue de la guitare, mais ma vraie passion est la photographie », a répondu Ahmad à ma question, avec une voix à peine audible et un brin de honte. C’est un jeune chauffeur de taxi à Téhéran.

Arts visuels en Iran : une contestation voilée

Rencontre avec des artistes peintres dans un atelier à Téhéran

Rencontre avec des artistes peintres dans un atelier à Téhéran

Dans son atelier de peinture sis dans un quartier chic de Téhéran, Firouzeh m’a reçu chaleureusement comme c’est le cas partout en Iran. Je lui ai avoué d’emblée que ma démarche est de parler surtout d’arts, pas nécessairement de politique. « En Iran, tu ne peux dissocier les deux. Alors que mes propres travaux n’ont en apparence rien de politique, tout le message que je voudrais transmettre l’est ! ». Firouzeh travaille sur une représentation contemporaine et dynamique des symboles et transcriptions antiques retrouvés sur des sites historiques et des livres anciens. Son objectif est de rappeler à ses contemporains la grandeur d’antan, dans une optique de faire revivre l’espoir sur la base d’une idée : « Les fondements de la création et de la beauté n’ont jamais quitté les Iraniens et si, aujourd’hui, la situation est telle qu’on ne peut toujours s’exprimer librement, rappelons-nous qu’il n’y a que le changement de permanent. »

Matissa : “Il m’aurait fallu une seule collection de figures féminines, un tant soit peu dénudées, pour que mon exposition soit interdit”

Matissa : “Il m’aurait fallu une seule collection de figures féminines, un tant soit peu dénudées, pour que mon exposition soit interdit”

Les travaux de Firouzeh ne sont pas explicitement contestataires. De ce fait, elle n’a jamais eu de problème à exposer ses œuvres en Iran. Ce n’est pas le cas de sa collègue Matissa qui, elle, a été interdite d’exposer des toiles revendiquant une certaine liberté sur le corps féminin. « J’ai toujours pu exposer en totale liberté ici, ayant fait mes études à l’université d’arts de Téhéran et toujours vécu et travaillé en Iran. Il n’a fallu qu’une seule collection de figures féminines, un tant soit peu dénudées, pour que mon exposition soit interdite ».

Si Matissa s’est vu interdire d’exposer des toiles figuratives n’ayant vraiment rien de choquant ailleurs, il y a, aujourd’hui en Iran, un artiste qui transgresse tous les interdits.

Graffiti de Black Hand exposé dans une galerie de Téhéran

Graffiti de Black Hand exposé dans une galerie de Téhéran

Black Hand, appelé aussi le Banksy Iranien, est un artiste graffiti anonyme, devenu célèbre depuis 2014. Cette même année un graffiti, portant sa signature et montrant une femme en tenue de sport tenant haut une bouteille de liquide lessive, avait apparu sur un mur de Téhéran. Ce graffiti a été à l’origine d’une large campagne en Iran contre l’interdiction des femmes des terrains de foot.

Lors d’une journée de tour des galeries à Téhéran avec Kasrah, architecte, activiste culturel et propriétaire d’une galerie d’art, nous avons pu assister à une exposition de Black Hand. Les graffitis exposés ne sont nullement implicites. Des figures d’hommes et de femmes en manifestations. Des visages muselés. Des instruments de torture…
« Il ou elle, est toléré(e) par les gardiens de la révolution, même pour ses travaux les plus contestataires. Son engagement pour la Palestine est apprécié par les autorités et elles lui accordent, du coup, quelques égards », affirme Kasrah.

De l’art pour soigner l’âme

Khashayar et Maryam. Il est architecte.  Elle est médecin, professeur à l’université de Téhéran et chercheuse en médecine traditionnelle perse. La passion qui les unit est celle de l’harmonie. Une harmonie du corps humain avec la nature pour Maryam et celle de l’esprit humain avec son environnement et son habitat pour Khayshayar.

Khashayar et Maryam dans leur maison à Téhéran

Khashayar et Maryam dans leur maison à Téhéran

Alors que je suis partie les voir pour que ce dernier me parle de ses travaux de restauration de bâtiments historiques dans les anciennes villes iraniennes, je me suis retrouvée en train de l’écouter jouer du tombac, un instrument qu’il a appris dès l’âge de 10 ans. Khayshayar m’a alors principalement entretenu de l’influence du soufisme sur la musique classique iranienne post-révolution.
« Le besoin de transcender les règles strictes établies par les gardiens de la révolution, les règles de la Shari’a, s’est nourri des pratiques spirituelles des Tariqah soufies. Les Iraniens jouent de la musique aujourd’hui pour soigner leur âme».

Les iraniens jouent de la musique aujourd’hui pour soigner leur âme.

Les iraniens jouent de la musique aujourd’hui pour soigner leur âme.

Dans son approche de l’architecture, également, Khayshayar cherche à soigner les maux de l’âme. Il l’appelle « healing architecture ». Une approche qui revendique de mettre en harmonie les quatre éléments : l’eau, l’air, le feu et la terre, pour offrir à l’Iranien un habitat qui l’aide à se connecter et à se réconcilier avec sa nature profonde et celle du monde qui l’entoure.

Une réconciliation que cherche encore Nima, photographe primé, qui avait passé plusieurs années en asile psychiatrique et vécu pendant deux ans dans la rue. C’est chez sa grand-mère qu’il m’avait reçu.
« Il me faut absolument partager mon expérience. Le partage est mon seul véritable remède ». Son expérience, il la qualifie de « fuites conscientes vers d’autres mondes plus réels », un besoin d’échapper à un environnement oppressant qui ne peut le comprendre et qui l’a mené à découvrir en lui-même « le fils de Dieu ». « Ce sont des expériences mystiques qu’on a souvent prises pour de la folie pure. J’ai été amené à vivre la sensation d’être l’univers en sa totalité et un co-créateur avec Dieu. Ce ne sont pas des choses que je peux exprimer avec les mots, ni librement, mais seulement avec la photographie ». Et les travaux de Nima sont déroutants. Des grains de sables qui prennent tantôt la forme d’un fœtus, tantôt celle d’une galaxie…

Le pays de Hafez avant d’être celui de Khomeiny

J’imaginais, comme beaucoup d’autres, les Iraniens versant dans une pratique religieuse stricte et conservatrice. J’ai rapidement découvert une spiritualité à fleur de peaux, même si beaucoup de mes interlocuteurs se déclarent athées.  La spiritualité est exprimée à travers la poésie, la musique et les arts visuels. Pour Khayshayar, Nima, Kasrah, Faizeh, Peyman et une majorité de ceux que j’ai croisés lors de mon voyage de deux mois dans le pays, l’art est un outil de communication avec une force supérieure. Leur seule échappatoire. Une rébellion bouillonne en chacun. La vie, pour eux, n’est pas censé être régie par une entité auto-proclamée guide et gardienne de leur liberté. Ils ont alors décidé de combattre l’obscurantisme par la beauté. Dans les bibliothèques, soignées et aimées, présentes dans toutes les maisons iraniennes, s’entassent les recueils de poésies, les livres d’histoires, les grands classiques traduits en persan, etc. Mais sur la première étagère, comme un empereur, trône toujours le Diwan de Hafez Shirazi.

Ce même Havez qui avait dit :

Va dévot, et ne donne pas tort aux ivrognes :

boire est leur destinée, et ils n’y peuvent rien !

Pour moi, je bus ce qu’Il versa dans ma coupe

Que ce fut vin d’ivrogne ou vin du Paradis  

Dans le quotidien, j’ai eu très souvent à écouter des Iraniens clamer subitement des vers de Hafez qu’ils apprennent par cœur. En leur cœur vivent encore Hafez, Khayyam et Rumi et dans leur quête de liberté persiste toujours l’idée d’un derviche voyageur, Shams-e-dine Tabrizi.

Shams, cet homme qui avait sillonné l’empire perse à la recherche de son compagnon spirituel Rumi, pour lui transmettre un message important : ce sont les règles de l’amour qui font l’Homme et non pas celles d’une religion. Parmi ceux que j’ai rencontrés en Iran et qui m’ont convaincu de l’imminence d’un changement profond dans la société iranienne, Ali-Reza.  Comme Shams, Ali-Reza ne croit qu’en les règles de l’amour et de l’amitié. Ce restaurateur d’objets d’art, co-fondateur d’un groupe de recherche sur les traces des routes de la soie et cycliste passionné, est bien connu au-delà des frontières iraniennes. Il ouvre sa maison aux cyclistes occidentaux, nombreux, qui traversent l’Iran pour leur transmettre son message à lui
« Friendship has no border ».

Ali-Reza est joyeux et serein. Son grand sourire au visage, il m’avait annoncé : « Un jour, l’Iran reviendra à ses sources, les frontières tomberont et l’amitié vaincra ».

L'amitié n'a pas de frontière.

L’amitié n’a pas de frontière.

Le jour où je quittais Téhéran, je me suis rendue une dernière fois au Parc des artistes. Une femme s’y promenait sans son voile.  Il y a quelques jours, j’ai vu cette vidéo, devenue virale, d’une jeune femme jouant de la musique et chantant en duo avec un homme dans une rue de Téhéran.

Il se passe vraiment quelque chose en Iran…

 



via Abdo El Rhazi La contre-révolution des arts dans le pays des Mollahs

La cigarette de demain « moins nocive » ?

Produits à vapeur électronique, tabacs oraux,… les alternatives à la cigarette traditionnelle ne cessent de proliférer dans le monde. Lors de la 4e édition du Forum Mondial de la Nicotine (Pologne), chercheurs, cigarettiers et politiciens ont débattu du rôle des produits sans fumée et de la nécessité de leur réglementation.

Organisé sous le thème « Réduire les méfaits, sauver des vies », Le Forum mondial sur la nicotine (GFN) qui s’est tenu pour la 4e fois à Varsovie du 15 au 17 juin 2017 a réuni chercheurs, industriels du tabac, politiciens, régulateurs et professionnels de la santé publique, pour débattre du rôle des produits de nicotine plus sûrs et des « produits à risque réduits  (RRP)».
Les participants ont appelé par la même occasion les gouvernements à différencier la fiscalité selon le risque et à changer leurs politiques pour réduire les taxes sur ces produits alternatifs considérés selon les résultats des plusieurs études récentes comme moins nocifs (Royal College of Physicians) pour la santé. Ces produits à vapeur électronique réduiraient selon les cigarettiers les risques de 90 à 95% des maladies liés au tabagisme.

Le principe est simple, il consiste dans la majorité des substituts novateurs à chauffer le tabac (jusqu’à environ 300° selon les dispositifs) plutôt que de le brûler (combustion jusqu’à 900°). Résultat, ces alternatifs ne génèrent pas de fumée mais plutôt une « vapeur de tabac » et réduisent jusqu’à 95% les composantes toxiques dans la « vapeur de tabac » générée, en comparaison avec la fumée dégagée par une cigarette conventionnelle. Pour les cigarettiers, ces substituts à la cigarette changeraient le monde de la nicotine pour toujours « la e-cigarette est une nouvelle façon de vivre, a déclaré Hon Lik, l’inventeur de la e-cigarette, son marché va se développer dans les années à venir et va connaître un progrès révolutionnaire».
Eliminer la combustion serait donc la solution pour les cigarettiers. Ces alternatives à la cigarette traditionnelle sont selon eux, un meilleur choix que de fumer. Cependant, pour les scientifiques, le risque zéro n’existe pas.
Parmi les nouveaux produits dont les mérites ont été vantés : le Snus du Swedish Match commercialisé en Suède, la « Ploom » du Japan Tobacco International (JTI), la chaufferette « Glo » du British American Tobacco (BAT) et l’IQOS de Philip Morris International (PMI). Dans ce marché en plein croissance, ce dernier présent dans environ 25 pays -dont le Japon, le Royaume-Uni, la Suisse et récemment la France- est sans doute le plus avancé. Son produit phare l’IQOS (I quit ordinary smoking) cartonne au Japon, où la pub est autorisée ; et a déjà conquis un million d’utilisateurs (sur 2 millions dans le monde). Ses recharges composées de mini-cigarettes appelées “sticks” sont vendues au même prix que les cigarettes.
Ces produits ne règlent pas cependant les problèmes de la dépendance, ils sont adressés avant tout aux fumeurs adultes qui continuent de fumer, l’objectif du cigarettier est de voir les fumeurs switcher complètement vers ce genre de produits. « Dans environ 25 pays où on vend nos produits, plus de 2 millions de fumeurs dans le monde ont arrêté la cigarette et se sont convertis à l’IQOS, 70% d’entre eux ont arrêté définitivement la cigarette et c’est très encourageant, parce qu’on ne voit le bénéfice d’un produit à risque que lorsqu’on arrête la cigarette », affirme Thommaso Di Giovanni, Directeur de communication pour les RRP « Produits à risques réduits ». Présent dans plus de 25 pays, le groupe vise avec ses nouveaux produits sans fumée d’autres marchés, notamment en Afrique où le nombre de fumeurs aura plus que doublé en 2030 passant de 85 millions à 200 millions de fumeurs.
Avec 7 millions de fumeurs dont 500 000 mineurs, le Maroc est l’un des plus grands consommateurs de tabac au monde. Rappelons que l’épidémie de tabac tue plus de 7 millions de personnes/an. Il y a actuellement 1 milliard de fumeurs dans le monde, dont près de 80% d’entre eux vivent dans des pays à revenu faible et intermédiaire, où le fardeau des maladies liées au tabac est le plus grand.



via Abdo El Rhazi La cigarette de demain « moins nocive » ?

Kian Azadeh, sociologue : « En Iran, même les ultraconservateurs ont changé »

Professeure de sociologie Azadeh Kian dirige, depuis 2007, le Centre d’enseignement, de documentation et de recherches pour les études féministes (CEDREF) de l’université Paris-Diderot. Elle a déjà publié de nombreux ouvrages sur l’Iran dont « L’Iran : un mouvement sans révolution ? La vague verte face au pouvoir mercanto-militariste » et « La République islamique d’Iran. De la maison du Guide à la raison d’Etat ». Connaissant donc bien l’Iran d’aujourd’hui, cette sociologue franco-iranienne est aux faits des réalités du pays, même les moins visibles.

L’Observateur du Maroc et d’Afrique : Une de nos reporters a constaté que le « printemps persique » se fait en silence, à travers les expressions artistiques. Cela veut-il dire que l’Iran ne sera jamais le pays des mouvements sociaux ?

Kian Azadeh :  C’est aussi une sorte de mouvement social qu’ont effectué les Iraniens en votant et en revotant pour Hassan Rohani. Son élection en 2013 et sa récente réélection dès le premier tour sont une cristallisation des revendications de 2009 et du mouvement vert appelant à la démocratie, à l’ouverture, à l’émergence de la société civile, etc.

La prise de pouvoir par les modérés change-t-elle quelque chose dans le camp des ultraconservateurs ?

C’est intéressant de relever que lors des dernières élections, même l’ultraconservateur Ebrahim Raisi, rival de Rohani, s’est payé les services d’une DJ, je dis bien une femme DJ, pour attirer les jeunes. C’est la première fois que je vois cela dans une campagne électorale chez les ultraconservateurs. Raisi est aussi allé chercher un chanteur de musique underground qu’il avait lui-même interdit à un certain moment pour tenter de renverser la vapeur électorale, sans y parvenir. Donc, le changement est là. Toutefois, le risque est de voir les électeurs, qui ont porté les modérés au pouvoir, non pas se radicaliser en ne voyant pas l’économie décoller puisque les investissements étrangers n’arrivent toujours pas, mais se dépolitiser. C’est ce qui pourrait rouvrir la voie aux ultras.

Quelle est la place aujourd’hui d’Internet et des réseaux sociaux dans la vie des Iraniens ?

C’est une place centrale. Je rappelle que les réseaux sociaux ont joué un rôle prépondérant dans l’élection de Rohani. Ce dernier a même reconnu qu’il a réussi grâce à ces nouveaux canaux et a remercié pour cela les acteurs locaux actifs dans les réseaux sociaux. Cela montre la force du virtuel face à la radio et à la télévision qui restent aux mains des ultraconservateurs. Il faut savoir que c’est le guide suprême, Ali Khamenei, qui nomme les directeurs de la radio et de la télévision officielles. Il faut savoir aussi, selon des chiffres officiels, que 80 % des Iraniens ont accès à Internet, malgré l’existence des filtres. Mais on sait bien que les internautes parviennent toujours à les contourner.

Après les derniers attentats, la pression exercée sur le président iranien, Hassan Rohani, pourrait-elle déboucher sur le retour de l’aile dur dans le pays ?

Les modérés, avec Rohani à leur tête, sont pour l’ouverture et pour l’apaisement avec l’Arabie saoudite. Ils sont pour des solutions aux divers problèmes posés sur la base du dialogue et non de la confrontation. A l’opposé, il y a des radicaux, notamment les ultras qui se trouvent aussi au sein des pasdarans, qui pointent du doigt le président en tentant de lui faire endosser la responsabilité des derniers attentats, l’accusant de laxisme. Malgré tout, même si la situation est conflictuelle en Iran, certains responsables dans le pays, y compris quelques gardiens de la révolution, ont appelé à la solidarité nationale face aux groupes terroristes. Cette solidarité, ajoutée à la sympathie dont jouit Rohani auprès de la jeunesse iranienne, préserve le pays du retour des faucons.

L’Iran tente d’imposer sa suprématie au Moyen-Orient en s’invitant dans la crise du Golfe, par exemple. Cela ne risque-t-il pas de diaboliser davantage le pays des Mollahs aux yeux des sunnites ?

Il y a, en effet, une tension palpable et les djihadistes qui ont frappé l’Iran voulaient profiter de ce contexte. Leur but était justement de pousser chiites et sunnites à la confrontation et d’essayer de provoquer un conflit à l’intérieur même de l’Iran qui compte environ 13% de sunnites. Jusqu’à présent, ce stratagème n’a pas marché. Je rappelle, à titre indicatif, que le taux de participation des sunnites iraniens lors des dernières élections était vraiment très élevé, même beaucoup plus élevé que chez les chiites. En ce qui concerne le conflit Arabie saoudite-Iran, en particulier, je l’ai toujours dit, ce n’est pas un conflit entre chiites et sunnites, mais plutôt entre deux puissances de la région.

Que décidera l’Iran face au durcissement de ton de Donald Trump ?

Fort heureusement, face à Donald Trump, l’Europe essaye maintenant de marquer sa position en tenant à l’accord déjà conclu sur le nucléaire iranien. Le président Macron, par exemple, mais aussi les autorités allemandes, italiennes, etc. ont appelé Rohani pour lui signifier leur soutien. Donc, sur ce plan, on ne s’attend pas à un quelconque changement.

Qu’est-ce qui pose alors problème ?

Le vrai problème c’est que les États-Unis continuent d’imposer des sanctions et viennent même de les aggraver. Cela veut dire que le système bancaire iranien reste toujours touché par les sanctions américaines et que les sociétés européennes qui veulent aller investir plus de 20 millions de dollars par an en Iran auront peur d’être, elles aussi, sanctionnées par l’Administration américaine. C’est ce qui fait que l’Etat et la population iranienne ne ressentent pas encore les retombées positives sur l’économie du pays dudit accord.  Cela durera tant que la levée des sanctions n’est pas encore effective. L’Iran a besoin de 200 milliards de dollars d’investissement par an pour mettre de l’ordre dans son industrie et plus largement dans son économie, pour pouvoir créer suffisamment d’emplois. Pour ce faire, les Iraniens comptaient sur les investisseurs européens, voire états-uniens, mais ceux-ci tardent à venir. C’est là où réside le vrai problème et pas ailleurs. C’est un argument de plus que tentent d’exploiter les ultras conservateurs contre Rohani. Ce n’est pas pour autant que ce dernier est affaibli, surtout que l’arrivée de Trump est en train de créer une Europe forte. Ce bloc est susceptible de contrer les agissements de l’administration américaine actuelle.

Face à tous les problèmes géostratégiques de l’heure, comment voyez-vous les perspectives des relations maroco-iraniennes ?

Quoi qu’on dise, ces relations ont commencé à aller mieux sous Rohani. Un début de dégel se faisait sentir au niveau diplomatique. Maintenant, avec la crise du Golfe persique, c’est difficile d’espérer qu’un certain nombre de pays, qui sont plutôt proches de l’Arabie saoudite comme le Maroc ou l’Égypte par exemple, puissent normaliser leurs relations avec l’Iran. Il n’empêche, pour contrer les agissements de Daesh dans la région et pour qu’il y ait une réflexion d’ensemble en vue de résoudre les conflits régionaux, l’Iran et l’Arabie saoudite doivent se parler. On ne peut que l’espérer. Du reste, je ne vois aucune raison pour que les Iraniens et les Marocains ne puissent pas s’entendre.



via Abdo El Rhazi Kian Azadeh, sociologue : « En Iran, même les ultraconservateurs ont changé »

Reportage exclusif : Les merveilles de la Perse

Carnet de voyage de Houda Chaloun 

 

De Téhéran, la métropole tentaculaire qui s’étend aux pieds de l’Elbourz, aux merveilleuses Isfahan et Shiraz, fleurons de l’art et de l’architecture islamiques iraniens, en passant par Yazd, la perle du grand désert central iranien ou encore Rasht, le paradis de verdure sur la côte Caspienne. À la découverte de Tabriz, ville du célèbre mystique Shams-Eddine Tabrizi et plus grand centre commercial à la croisée des chemins de la soie. En marchant à travers les ruines de celle qui fut la plus riche cité du monde : Persepolis. Des merveilles que les amoureux des histoires persanes vont chercher dans la République islamique d’Iran d’aujourd’hui. L’Iran, un pays qu’on connait très peu aujourd’hui mais qui ne cesse de nourrir l’imaginaire de mille et une images et d’une histoire fascinante.

L’hospitalité iranienne

Les Iraniens sont un peuple avide de l’Étranger. Le touriste y est reçu avec une chaleur et une hospitalité impressionnantes. On l’invite systématiquement à prendre une photo, partager un repas, une discussion ou quelques jours chez soi. Une hospitalité sans pareil, dans tout l’Iran par ailleurs, mais surtout à Téhéran. Fait assez rare, car souvent partout ailleurs dans le monde, ce sont les gens de la capitale qui sont les plus détachés, les plus blasés. En Iran, Téhéran est une porte sur le monde extérieur et c’est à leur porte que les iraniens sont les plus chaleureux !

Téhéran, le cœur battant de l’Iran

On ne prévoit initialement d’approcher Téhéran que comme une ville escale. Les merveilleuses Isfahan et Shiraz attendent un peu plus au sud avec leurs promesses de magnificence et d’émerveillement. Mais alors Téhéran vous prend rapidement au dépourvu. Elle vous suffoque d’abord avant de vous intriquer et finir par vous fasciner. Son air est irrespirable. La pollution alarmante de la ville vous cache les montagnes de l’Elbourz l’entourant et vous les dévoile, par intermittence, comme des joyaux inaccessibles. Son trafic est exaspérant, son rythme effréné et les quelques 15 millions d’Iraniens qui la peuplent sont, de premier abord, insaisissables. Une ville littéralement haïssable jusqu’au moment au on apprend à l’aimer.

Et lorsqu’on l’aime, Téhéran se dévoile dans toute sa beauté. Sa population est un mélange étonnant des particularités de toutes les provinces iraniennes et c’est au Grand Bazar de Téhéran qu’on s’en rend le plus compte. Une première rencontre avec l’Iran dans toute sa diversité Téhéran est surtout une ville qui vacille entre le passé récent des shahs et le présent mitigé de la république islamique des mollahs. La Banque Centrale d’Iran expose encore aujourd’hui les Joyaux de la couronne impériale de Perse, une des collections de joaillerie les plus importantes au monde. Des joyaux qui ont été utilisé pour la dernière fois par Mohamed Reza Pahlavi avant qu’il ne décide d’en faire une propriété de l’état iranien et non de la famille impériale. Une décision maintenue par la République islamique. Les joyaux de la couronne sont un important soutien du cours de la devise iranienne.

Le Palais Golestan est un autre vestige des empires persans, connu dans l’histoire récente pour avoir abrité les réceptions officielles des Pahlavi, notamment les couronnements des deux derniers Shahs. Un magnifique complexe aujourd’hui ouvert au public sous la responsabilité de l’Organisation de l’Héritage Culturel d’Iran.

Mais Téhéran c’est surtout un bouillonnement culturel et une fibre contestataire qui imprègnent les discussions, dans les maisons comme dans les espaces publics.  Le parc des artistes, en particulier, reste l’endroit idéal pour découvrir Téhéran sous son meilleur jour. On y rencontre artistes et intellectuels mais aussi cette jeunesse qui n’aspire qu’à vivre de sa pleine liberté.

Isfahan, la moitié du monde

Henri Stierlin, l’écrivain suisse expert d’histoire d’art et d’architecture, islamiques en particuliers, avait consacré un livre à la ville : “Ispahan, l’image du Paradis”. On l’apelle aussi, dans un jeu de mots, si proche de la réalité, “Isfahan, Nesf-e-Jahane”, la moitié du monde.

 

On visite Isfahan comme qui ferait un voyage dans le temps, d’abord la vielle ville et son monument phare, la Mosquée du Vendredi ou la Mosquée Jameh, une des plus anciennes mosquées du pays. Sa construction avait commencé avec la dynastie des Omayyad vers 771 mais a continué pendant presque un millénaire. Omayyad, Abbasides, Seldjoukides, Qadjars, Safavides…chaque culture qui a imprégné l’histoire persane, a ajouté quelques pierres à l’édifice et en a fait ce qui est aujourd’hui une des plus importantes mosquées d’Iran.

Pour rejoindre la nouvelle ville on traverse le Grand Bazar d’Isfahan. On s’imprègne des senteurs, de ce tohu-bohu caractéristique des bazars, des va-et-vient incessants des visiteurs et vendeurs ambulants… On est alors emporté par la frénésie de la vie actuelle alors qu’on déambule encore dans les couloirs de l’histoire Au bout de quelques heures à déambuler et à se perdre mille fois dans les labyrinthes du bazar, on arrive à la grande place d’Isfahan Meidān Naghsh-e Jahan – L’image du monde en

persan. Une des plus grandes places en Iran, d’une surface de 9 hectares, et certainement l’une des plus belles. Entourée de magnifiques édifices de l’époque Savafide, dont Isfahan fut la capitale : La Mosquée du Cheikh Lotfallah, le Palais Ali Qapu, la Mosquée du Chah Abbas et la porte nord du grand bazar d’Isfahan. Tels des joyaux, ces 4 monuments entourent un grand bassin d’eau et des jardins verdoyants. La place est un symbole de la fertilité de la terre et de la culture persane dont les piliers restent la religion, le pouvoir commerçant et le pouvoir du Shah.

Aujourd’hui encore, la place Naghsh-e Jahan est un des endroits les plus populaires d’Isfahan.  Les habitants de la ville la prennent d’assaut dès les premiers jours du printemps. Ils y vont profiter du beau temps et faire cette activité qu’ils affectionnent tous : pique-niquer !

On continue la visite de la ville en longeant de longs boulevards ombragés affichants avec fierté quelques palaces et jardins luxuriants, avant d’arriver aux fameux ponts de la ville :  Le pont Allahverdi Khan ou encore le Pont-barrage Khaju.  Des ponts qu’on traverse pour arriver à Jolfa, le quartier arménien d’Isfahan. Ce quartier avait abrité des arméniens déportés de Turquie et a évolué en tant que centre autonome chrétien dans un pays musulman. Plusieurs églises y ont été édifiées, dont la plus connue La Cathédrale Saint-Sauveur, aussi appelée Kelisa-e Vank. Une belle cathédrale, que les iraniens encore aujourd’hui visitent en masse. L’engouement des iraniens pour leur propre diversité culturelle, leur ferveur des arts ne se limitent décidément pas à une religion.

Shiraz, ville des poètes et de la luxure

Hafez Shirazi, Ferdowsi, le Vin de Shiraz, le Bastani (glace) de Shiraz, la fleur d’oranger qui embaume les rues de la ville au printemps…Shiraz, la ville qui inspire beauté et délicatesse. Une cité qui fascine inlassablement depuis très longtemps et jusqu’aux iraniens eux-mêmes.

Pendant les deux semaines de vacances officielles en Iran à l’occasion de Nowrouz, le nouvel an persan, la ville est prise d’assaut par des hordes de touristes locaux. Ils auront fait le très long trajet depuis Téhéran pour ce qu’ils considèrent un pèlerinage de la beauté et une ode au magnifique printemps de Shiraz. Et Shiraz le leur rend bien. Cette ville regorge de merveilles d’architecture et de raffinement.

On commence la visite de Shiraz par l’un de ses monuments les plus connus au monde : La mosquée Nasir Al-molk, ou la mosquée rose. Ce somptueux édifice dénote avec les autres mosquées du pays de par sa couleur rose prononcée, sur les ornements des murs ou encore les lumières réfléchies par les vitraux de sa facade intérieure. Un véritable joyau de mosquée où paix et beauté se conjuguent dans une parfaite harmonie.

La mosquée Vakil, différente aussi des traditionnelles mosquées du pays, n’a quant à elle que deux Iwans aux lieux des habituels quatre mais se pare d’une immense cour ouverte. Son minbar, constitué de marbre vert et d’un escalier de 14 marches, est considéré comme l’une des pièces maîtresses de la Dynastie Zand. Jouxtant la mosquée, le Hammam Vakil est considéré également comme un héritage national d’Iran. Parfaitement préservé, il est aujourd’hui un musée à part entière, exposant les traditions de bains publics persans et transportant ses visiteurs dans l’atmosphère sereine des hammams d’antan.

A Shiraz on retrouve également un des mausolées important de la tradition Shi’a en Iran. Le mausolée Shãh Chérāgh où sont enterrés les frères Ahmad et Muhammed, fils du 7ème imam Musa Al Kazim et frères du 8ème imam Ali Ar-ridha. Une occasion d’observer cette ferveur exprimée dans la tradition Shi’a pour ses imams et leur descendance. Une ferveur couplée à la grandeur de l’endroit : Des ornements en or, des pères précieuses et des plafonds complètement couverts de miroirs.

Shiraz est aussi ses jardins de luxures et ses maisons traditionnelles hautes en couleurs. La Maison de Qavam en est un bon exemple.  Une maison historique qui appartenait à une famille de commerçants originaires de Qazvin, ville du nord de l’Iran, qui ont fini par devenir d’influents politiciens pendant plusieurs dynasties jusqu’à celle des Pahlavi. Cette maison est un témoignage de l’élégance et du raffinement dont jouissaient les familles riches iraniennes. L’influence européenne y est très prononcée avec des décorations de l’ère victorienne. Le jardin d’Eram, jardin du paradis en persan, est un autre exemple de la beauté des jardins Shirazi. Il est certainement un des plus beaux parcs de tous l’Iran. On y retrouve une vegetation impressionnante, des tulipes de toutes les couleurs, des arbres fleuris et toujours des hordes d’iraniens célébrant le printemps.

On finit la visite de Shiraz en se rendant pour un dernier hommage à celui qui a réellement donné à la ville sa réputation de jardin d’Eden. Havez Shirazi, le grand poète persan du 14ème siècle. Sa tombe La Hafezieh est un lieu de pèlerinage prisé par les iraniens de jour comme de nuit. En Iran on apprend les poèmes de Hafez par coeur car Il reste la figure non religieuse prédominante dans la culture du pays. Il est surtout aimé par les iraniens comme un maitre spirituel dont le recueil de poésie vient juste après le coran sur l’échelle d’importance. Fait remarquable dans un pays considéré profondément conservateur mais dont le peuple entier récite à tout va les poèmes du poète du vin et de l’amour.

Persepolis,  la plus riche cité au monde

 

A 70km de Shiraz, on retrouve la célèbre Persepolis. Capitale de l’empire perse achéminide il y a 2500 ans, cette cité mythique fut la plus riche ville du monde avant sa destruction suite à la conquête d’Alexandre le Grand. Des richesses qui lui parvenaient du monde entier : Cadeaux et tributs des différents peuples sous le règne de l’Empire. On voit encore aujourd’hui sur les murs de la cité des représentations, parfaitement préservées, de grandioses cérémonies où des émissaires venus d’Europe, d’Afrique et de Moyen-Orient marchent en processions, portant leurs cadeaux jusqu’aux pieds de l’empereur. Un superbe voyage dans le temps dans les ruines d’une citée antique, redevenue célèbre grâce à une bande-dessinée polémique.

Tabriz, à la croisée des routes de la soie

Sélectionnée capitale du tourisme islamique pour 2018, Tabriz se prépare à sa nouvelle mission en mettant en avant ses atouts de ville centre commercial et culturel des routes de la soie.

Le bazar de Tabriz est un énorme labyrinthe de couleurs et de senteurs. Établi sur une surface de 75 hectares, Il contient quatorze mosquées dont la Grande Mosquée de Tabriz et ses couloirs commerçants sont connectés par une soixantaine de caravansérails. C’est une ville à part entière, la vie s’y fait depuis des siècles dans un rythme d’échange commerciaux et culturels, réunissant des populations venues de contrées lointaines.

Le bazar est aujourd’hui patrimoine mondial de l’UNESCO et reste un des plus impressionnants bazars encore complets du Moyen-Orient.

A quelques centaine de metres du bazar on retrouve une des mosquées les plus connues d’Iran : La mosquée bleue. Tellement connue qu’on confond souvent les autres mosquées iraniennes avec cette merveille ravagée par le temps et les séismes. Lorsqu’on voit le bleu des autres mosquées iraniennes on se dit “ah ça doit être la mosquée bleue” mais alors on ne retrouve ce bleu particulier et intense que dans la véritable mosquée bleue d’Iran, celle de Tabriz.

Tabriz, comme toutes les autres villes iraniennes se pare également de somptueux jardins : 132 parcs au total, soit 5,6 m2 d’espace vert par habitant. Le plus remarquable de ces parcs est le parc El Gölü au centre de la ville. Le parc est d’abord un lac artificiel avec une ile centrale, entouré d’allées fleuries et d’escaliers menant à une colline verdoyante surplombant la ville. Un poumon de la 3ème ville du pays qui lui donne un charme tout particulier.

A une centaine de kilomètres de Tabriz se trouve une curiosité de la nature, des cheminées de fées comme celles, fameuses, de la Cappadoce en Turquie. A la différence des cheminées de la Cappadoce, celles de Kandovan sont habitées par quelques 200 familles. Une vie ordinaire dans un paysage de conte de fées.

Les langues d’Iran

L’Iran est un essaim de cultures et d’ethnies différentes. On y compte ceux qui parlent une langue iranienne : persans, kurdes et pachtounes pour les plus connus et ceux qui parlent une langue turque: les Azéris qui à 13% de la population totale, constituent le premier groupe après les persans (6%) et les Turkmènes, mais aussi d’autres ethnies dont les arabes plus au sud, les arméniens ou encore les 25000 juifs iraniens.

L’Iran au naturel

Du désert central, à la mer Caspienne, du nord au sud, les paysages Iraniens évoluent et changent comme la culture et les traditions de chaque province. L’enchantement, lui, est toujours au rendez-vous.

Des étendues de dunes, des plaines désertiques rocheuses, les traces d’anciennes routes de la soie, des caravansérails, des villages en pisé et des structures ingénieuses, les attrapes-vent, pour refroidir l’eau souterraine. Le desert central Iranien, Dacht-e-Kevir, et sa perle Yazd vous transportent dans le temps comme nul autre endroit en Iran. Une expérience unique que celle de traverser ce desert, sur les pas des populations nomades et des commerçants. Une expérience fabuleuse que de passer une nuit dans un véritable caravansérail des temps anciens, et de rêver la nuit durant à ces discussions et intrigues entre poètes, grands vizirs et rois.

Quand les températures commencent à flamber au centre et au sud de l’Iran, c’est au nord que les iraniens vont se rafraichir. Sur la cote Caspienne, une ville en particulier attire les visiteurs, Rasht. Des airs d’Amazonie dans cette région contrastant avec le reste de l’Iran au vu de sa végétation abondante. Le vert de la nature évince subitement le bleu et le rose des mosquées.

Et puis retour au commencement, non loin de Téhéran, et les stations de skis de Damovan et de Shamchak dans les montagnes de l’Elbourz. On ne s’y attend vraiment pas. On ne prévoit pas de trouver en Iran des montagnes enneigées, des lacs et surtout des stations de ski. Mais voilà, il se fait que les iraniens sont tout aussi férus de randonnées et de ski qu’ils le sont de pique-niques dans leurs magnifiques jardins.

Voyager en Iran c’est finalement découvrir des climats et des eco-systèmes différents, déambuler dans les couloirs de l’histoire mais surtout retrouver une population généreuse, chaleureuse et d’une culture abondante. En Iran, la merveilleuse Perse est plus vivante que jamais.

Crédit photos Houda Chaloun



via Abdo El Rhazi Reportage exclusif : Les merveilles de la Perse