Monday, May 27, 2019

Lyliane Dos Santos : « La lecture est amenée à perdurer si les enfants sont accompagnés très tôt »

 

La Directrice de l’Institut français de Meknès nous parle de la 9eédition de la Cigogne Volubile-Printemps des livres jeunesse, organisée autour du thème « Conte et Afrique ». Ciblant un public de 4 à 12 ans, l’événement qui a pour objectif la transmission du goût à la lecture dès le plus jeune âge, mettra à l’honneur l’illustrateur français Zaü ayant à son actif plus d’une centaine de livres comme Mandela ou l’africain multicolore.

 

 

La Cigogne Volubile en est à sa 9eédition. Quelle est la spécificité de cette année ?

 

Initiée par l’Institut français de Meknès en 2010, pour la 1ère fois, la Cigogne Volubile se tiendra pour cette 9eédition pendant le ramadan, les 23, 24 et 25 mai. Pour cette édition spéciale, nous avons prévu, en plus des activités scolaires en journée, une programmation en soirée, dédiée aux familles, à partir de 21h30 avec des déambulations de l’Ecole nationale du Cirque Shems’y ainsi que des spectacles de contes, avec des conteurs venus des quatre coins de l’Afrique.

 

Pourquoi le thème de « Conte et Afrique » ?

 

La Cigogne Volubile, évènement central de la saison culturelle France-Maroc, se déploie dans les 12 instituts français du Royaume. Chaque année, une nouvelle thématique est proposée, et les invités sont sélectionnés en fonction du thème choisi : ainsi en 2016, il s’agissait de l’environnement, en 2017 du voyage ou encore en 2018 de la famille. Cette année, nous avons souhaité mettre à l’honneur la richesse et la diversité culturelle du continent africain et sa tradition orale. Les contes africains sont au cœur de la littérature jeunesse et jouent un rôle fondamental pour l’éducation et la transmission du patrimoine.

 

Chaque année, vous recevez des illustrateurs de renom. Qu’en est-il pour cette année ?

 

Dès la première édition, en 2010, le grand illustrateur Tomi Ungerer avait fait l’honneur de réaliser l’affiche et d’être le parrain de la Cigogne Volubile. Depuis, chaque année la réalisation du visuel de l’évènement est confiée à un illustrateur de renom tel que Grégoire Solotareff, Marcelino Truong, Laurent Corvaisier, Aurélia Fronty, Clotilde Perrin ou encore Marc Boutavant. Pour cette édition, le visuel a été réalisé par Zaü, ayant plus d’une centaine de livres à son actif (Léon et son Croco, L’enfant qui savait lire les animaux, Mandela, l’africain multicolore…) et puisant son inspiration dans ses nombreux voyages, en particulier en Afrique. Il sera aussi mis à l’honneur sous forme d’une exposition à l’IF de Meknès. En plus de nombreux illustrateurs, des conteurs, auteurs, comédiens seront également accueillis dans l’ensemble du réseau : Mohamed Adi (Algérie), Naziha Bouras-Chamot (Maroc), Nezha Chevé (Maroc), Nathalie Dieterlé (France), Halima Hamdane (Maroc), Souleymane Mbodj (Sénégal), Dominique Mwankumi (République Démocratique du Congo), Bruno Pilorget (France), Mamadou Sall (Mauritanie), Bintou Sombié (Burkina Faso), Adrienne Yabouza (République Centrafricaine), et bien d’autres…

 

Vous travaillez avec plusieurs écoles et associations. Quels sont vos critères pour les sélectionner ?

 

En plus des écoles partenaires avec lesquelles nous travaillons toute l’année et qui ont un accès privilégié aux activités de l’IF, la Cigogne Volubile est accessible à toutes les écoles, publiques et privées, ainsi qu’aux associations souhaitant participer. Chaque établissement a l’occasion de présenter, dans les jardins de l’IF, des restitutions de projets pédagogiques, préparés plusieurs mois en amont de l’évènement, autour des auteurs invités et de la thématique de l’édition, pouvant prendre différentes formes : exposition, saynètes, défilés…

 

La Cigogne Volubile se veut également un événement engagé. Des livres sont offerts aux écoles publiques grâce au dispositif solidaire des « chèques-livres », financé par des donateurs privés ou des entreprises. Parlez-nous un peu plus de ce volet de solidarité ?

 

Le dispositif chèque-livres est une démarche solidaire qui existe grâce à la générosité de donateurs. Il vise à donner l’opportunité à des enfants (bénéficiaires d’associations ou d’orphelinats, écoles publiques…) d’acquérir, à la librairie installée pour l’occasion, des livres, parfois le premier, et ainsi leur transmettre le plaisir et l’émotion que peuvent procurer la lecture et le livre jeunesse. Ce dispositif représente également un véritable appui à la diffusion du livre en français par une librairie marocaine. La librairie installée à Meknès pendant l’événement a pu ainsi vendre l’année dernière plus de 1 000 livres, dont 600 grâce au dispositif des chèques-livres. Cela participe également à remplir l’une des missions de La Cigogne Volubile, à savoir contribuer au développement de l’édition jeunesse et des circuits du livre jeunesse au Maroc.

 

Après 8 éditions, est ce que vous pensez que vous avez atteint vos objectifs ?

 

L’un des objectifs de la Cigogne Volubile est de transmettre le goût à la lecture dès le plus jeune âge, la lecture étant non seulement au centre des apprentissages scolaires de l’enfant mais aussi au cœur de son développement créatif, social et humain. Il s’agit également de donner le goût de lire à travers des activités ludiques, qui feront du livre un objet convoité et synonyme de plaisir. Le 2e objectif est de faciliter l’accès au livre et de contribuer au développement de l’édition jeunesse au Maroc. En 2018, ces objectifs ont été atteints puisque ce sont près de 20 000 enfants qui ont investi l’ensemble des sites de l’IF du Maroc impliquant près de 150 écoles et associations, participant à 386 activités et réalisant près de 225 projets pédagogiques, avec plus de 2000 livres vendus dans l’ensemble du réseau.

 

 

Avez-vous d’autres ambitions pour cet événement ? Comment le voyez-vous évoluer à l’avenir ?

 

Notre ambition est de donner l’accès à une formation éducative et artistique aux plus jeunes, en les sensibilisant à des valeurs universelles. Le slogan « Qui lit petit lit toute sa vie » titre d’un ouvrage de Rolande Causse sur la littérature jeunesse, fut le slogan utilisé dès la première édition pour résumer l’un des principaux objectifs de la manifestation. La 10eédition sera célébrée en 2020 et nous souhaitons que la Cigogne Volubile puisse contribuer encore de nombreuses années à faire lire petits et grands.

 

Pensez-vous que le livre résistera à l’ère du Digital ? Surtout qu’au Maroc, la lecture est encore un loisir peu pratiqué ?

 

Contrairement à ce qu’on a pu craindre lors de l’avènement du numérique, le digital n’a pas fait mourir le livre papier mais a fait évoluer les usages, rendant les différents supports complémentaires. L’accès au livre au Maroc reste assez difficile. Malgré tout l’envie d’y avoir accès est flagrante, c’est le constant que nous faisons durant cette manifestation, illustré par la très grande implication des partenaires, établissements scolaires, des associations et du succès du dispositif chèque livre.

Le même constat est fait tout au long de l’année à la médiathèque de l’IF de Meknès, proposant des animations et visites de classes régulières, qui voit son nombre de prêts augmenter tous les ans, tout particulièrement grâce aux emprunts de livres jeunesse. Des formations sont aussi proposées aux enseignants autour de l’utilisation du livre jeunesse en classe, dans le cadre de l’Université d’automne. Ainsi, la lecture est amenée à perdurer si les enfants sont accompagnés et encouragés, dès le plus jeune âge, à se tourner vers les livres.

 

Accroche

 

Notre ambition est de donner l’accès à une formation éducative et artistique aux plus jeunes, en les sensibilisant à des valeurs universelles.

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via Abdo El Rhazi Lyliane Dos Santos : « La lecture est amenée à perdurer si les enfants sont accompagnés très tôt »

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