Monday, February 29, 2016

L’art contemporain s’invite au musée Dar Si Said

Mohamed-Mourabiti-Portrait

Mohamed Mourabiti

‘Dans le cadre de l’exposition principale de la Biennale de Marrakech 2016, le somptueux musée Dar Si Saïd accueille les œuvres du peintre marocain de renom Mohamed Mourabiti, de l’artiste palestinien Khalil Rabah, de la palestino-saoudienne Dana Awartani et de la britannique d’origine palestinienne Mona Hatoum. Une exposition muséale inédite qui traite subtilement des questions liées au corps, à l’identité, à la nation et à la migration.’

‘« Saints et Seins » ou le sacré poétique, by Mohamed Mourabiti’

A travers ses œuvres exposées au Musée Dar Si Saïd, Mohamed Mourabiti magnifie de manière très subtile et poétique le corps de la femme. Obsédé par « le sein » qu’il assimile à une coupole religieuse et à la vie en général, l’artiste qui aime bousculer les codes de la société marocaine, dit s’intéresser «  plus au côté culturel de la religion que le côté politique ». Du coup, le sacré devient chez lui poétique, son tableau  « Les Sept Seins » faisant référence aux septs Saints de Marrakech, la ville de sabtou rijal, nous rappelle par cette dé-masculinisation, la diversité et la richesse du lieu et de ses habitants.

Les sept seins, Mohamed Mourabiti

Les sept seins, Mohamed Mourabiti

Interrogé à plusieurs reprises sur les 7 seins de femmes illustrant les 7 saints sacrés de Marrakech, le peintre explique ce qui pour lui, est une évidence, qui est que : «  tous les saints ont une mère qui possédait deux seins ».

L’acte de dhiker (le titre d’une de ses peintures) par exemple, est un appel répétitif au nom de Dieu à utiliser un chapelet de perles, qu’il associe à l’acte d’un enfant qui tête le sein de sa mère. L’œuvre inclut des saillies de papier-mâché en forme de sein, fabriquées avec des talismans et ornés de textes sacrés.

Connues pour leur imagerie iconique, les peintures de Mourabiti sont pour la plupart d’entre elles, chargées de sens social, politique et critique. Elles se caractérisent par une économie dans l’utilisation des couleurs et un traitement équilibré de la surface de la toile. Après son travail sur les antennes paraboliques et les coupoles maraboutiques, l’artiste autodidacte a évolué dans ses dernières peintures vers des tons plus cristallins, moins fougueux et a réussi à trouver un blanc qui confère de l’éclat à la lumière ses tableaux.

Né en 1968 à Marrakech, le peintre de renom et activiste, Mohamed Mourabiti est le fondateur de la résidence d’artistes Al Maqam à Tahanaout et à Tamasloht, dans les environs de Marrakech. Cet espace indépendant géré par des artistes a pour but de renforcer et soutenir la production artistique.

Ses œuvres ont intégré plusieurs collections publiques et privées parmi lesquelles: le Musée national d’Amman, le Musée FAAP de Sao Paulo, la Fondation Sachoua Foundation à Londres, la Fondation Viscusi Anthony Margo à New York.

 

« Les institutions imaginaires » de Khalil Rabah

 

Sometimes when we touch (1997) de Khalil Rabah

Sometimes when we touch (1997) de Khalil Rabah

Depuis le milieu des années 1990, Khalil Rabah crée des œuvres conceptuelles extrêmement sophistiquées. Ses projets brouillent les limites entre réalité et fiction et créent des institutions imaginaires qui explorent comment les sociétés construisent leur histoire, leur identité, leur culture et leur nationalisme. Pour cela, l’artiste utilise comme contexte l’état non-formé de Palestine comme un laboratoire afin de réfléchir à la genèse de ces concepts. Au milieu des années 1990, il avait commencé par des vidéos, des performances, et des sculptures qui matérialisaient ses analyses et critiques de la formation structurelle d’une identité vis-à-vis de sa relation au genre, à la nature et au corps. Il s’est positionné comme le sujet de ces œuvres et la feuille d’olivier est un thème récurrent. Right and Right raconte une histoire personnelle d’amour et de chagrin par un jeu de mot basé sur l’oxymore de demander ce qui est juste. Sometimes when we touch (1997) présente des outils agricoles couverts de feuilles d’olivier séchées qui deviennent symboliquement des objets vivants. Womb (1996) est une chaise insérée dans une valise, chacunes rafistolées, mêlant desréférences au corps, au foyer, et à leur déplacement total.

 

« The Platonic Solid Duals » de Dana Awartani : La géométrie au service de l’artisanat

 

Dana Awartani

Dana Awartani

The Platonic Solid Duals de Dana Awartani est une série d’adaptations sculpturales et d’études dessinées du concept géométrique des solides de Platon, qui sont des polyèdres réguliers et leurs dédoublements. L’artiste expose une série de 3 variations de formes géométriques multidimensionnelles, octaèdre (8 côtés), dodécaèdre (12 côtés), et icosaèdre (20 côtés), réalisées par plaquage de bois selon les techniques artisanales marocaines et suspendues dans les vitrines en verre. La série de dessins exécutés au crayon révèle l’aspect fait-main. En créant un langage visuel à multiples facettes, Awartani démontre la pertinence contemporaine de la géométrie.

A travers ses dessins et son œuvre sculpturale, fruit de son expérience de la géométrie et de l’artisanat, y compris de travaux sur carrelage et parquet, l’artiste explore comment les principes géométriques peuvent être appliqués aux pratiques esthétiques et artistiques tout en cultivant des techniques artisanales traditionnelles. En se focalisant sur la géométrie, Awartani met l’emphase sur une discipline universelle, qui a des significations philosophiques extrêmement développées, applicables in fine à l’humanité, la nature et la vie.

 

La migration vue par Mona Hatoum

 

Mona hatoum case

Mona hatoum case

 

Remettent en jeu les définitions du familier et de l’étrange, les interventions sculpturales engagées de Mona Hatoum créent un vocabulaire visuel dans lequel les choses banales révèlent des sens cachés et insoupçonnés. En abordant des questions liées à l’identité, la migration, le genre, le colonialisme et la politique, l’artiste britannique, d’origine palestinienne ; l’une des représentantes incontournables de la scène contemporaine internationale ; ébranle les préjugés communs de la société. Sa pratique artistique a souvent traité de sujets politiques, comme la violence, la soumission ou le déplacement. Ses œuvres, d’une grande puissance, juxtaposent les gestes violents ou inhabituels, mais aussi des ready-mades du quotidien ordinaire.

Baluchi (blue and orange), Green Chair, et Case sont caractéristiques puisqu’en manipulant des objets communs, Hatoum nous oblige à en questionner notre perception et leurs signifiants culturels. Réalisé en 2006, Case rappelle la situation critique de la migration. Un sujet qui demeure d’actualité au regard des

contextes actuels de crise migratoire internationale.



via Abdo El Rhazi L’art contemporain s’invite au musée Dar Si Said

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