Wednesday, March 9, 2016

Ilyas El Omari : Le self-made-man

Ilyas El Omari avec Ahmed Charaï et Mustapha Bakkoury.

Ilyas El Omari avec Ahmed Charaï et Mustapha Bakkoury.

Ilyas El Omari était le premier invité de l’émission organisée par le groupe média qui rassemble Med Radio, L’Observateur du Maroc et d’Afrique, Pouvoirs d’Afrique et Kifach.TV. C’était une opportunité pour revenir sur son parcours exceptionnel et voir ce qu’il prépare pour l’avenir de son parti et du pays. Le secrétaire général du Parti Authenticité et Modernité s’est soumis avec bonne grâce aux questions de nos journalistes. Il était détendu, sûr de lui et pour tout dire, il n’a pas paru un seul instant fuir ou éluder les questions gênantes. L’émission, diffusée en entier sur le site kifach.tv comportait deux reportages dont l’un réalisé dans le petit village qui a vu naître Ilyas El Omari. Un grand moment d’émotion que l’invité n’a pas pu ni même voulu cacher. Il a raconté son enfance vécue dans un environnement difficile, sans tomber dans les clichés. Il a confié que ses études s’étaient arrêtées de manière précoce et que cet arrêt n’était pas volontaire, mais le résultat logique d’une poursuite judiciaire qui l’a obligé à entrer dans la clandestinité. Il parle avec beaucoup d’émotion de son «compagnonnage» avec les étudiants basistes «Kaïdyines», estimant que cette expérience est unique sur le plan humain. C’est dans ce milieu qu’il a évolué, pendant des années. De son propre aveu, cette période lui a permis d’apprendre beaucoup de choses, lui a ouvert de nouveaux horizons. Il a aussi énormément lu, même si ces acquis n’ont pas été sanctionnés par aucun diplôme, parce qu’il avait refusé le retour dans le circuit académique.

Au fil de ses confidences, on apprend qu’il a travaillé comme responsable commercial dans le secteur de la papeterie, travail qui l’a mis sur le chemin d’un certain Abdelilah Benkirane, dont il loue la régularité des paiements cash. Parmi ses déclarations les plus fortes, parce qu’elle est intelligente, on peut retenir celle qu’il a dite à propos du projet de l’Etat démocratique moderne. Pour lui, ce projet est celui que l’USFP a porté depuis 1975 et auquel son parti veut contribuer. Est-ce une manière d’aider Driss Lachgar, le premier secrétaire de l’USFP, à convaincre ses militants de l’utilité de l’alliance entre les deux partis, face au PJD. Il a aussi, finement, fait le lien, à partir de références comme Sayyid Qutb, Ibn Taymiyya et Al Nour Doudi, entre l’Islam politique et le terrorisme. Ce sont des références communes aux deux. Très opportunément, il a rappelé que la nation marocaine s’était construite d’abord contre le Califat.

Nous sommes en démocratie et les adversaires du PAM se comptent par millions. Le procès fait à ce parti s’appuie sur des sous-entendus, des allégations non prouvées. Son nouveau secrétaire général est souvent représenté comme un chef de réseaux occultes. Sa présentation, lors de notre «Grand rendez- vous» donne une autre image du personnage. Sa vérité à lui est celle d’un adolescent tombé très tôt dans la contestation, poussé par son père, qui a tenté de fuir la pression, de s’élever humainement, qui a des convictions, qu’on peut ne pas partager, mais que lui défend âprement.

Au moment où la jeunesse, celle des classes populaires en premier, face aux difficultés de la vie, sombre dans le pessimisme, il n’est certainement pas un luxe de rappeler quelques parcours de self-made men qui se sont élevés, marche après marche, grâce à leur ténacité. Ilyas El Omari est aujourd’hui président de Région, chef de parti, démentant l’idée que les origines modestes ne permettent pas d’espérer une telle ascension. Et maintenant, il est à deux doigts de conduire un gouvernement. Ce sera encore une autre bataille.



via Abdo El Rhazi Ilyas El Omari : Le self-made-man

No comments:

Post a Comment