Friday, April 22, 2016

Consolider lÉgypte : une urgence

Ahmed CHARAI

Ahmed CHARAI

François Hollande a effectué une visite officielle au Caire, en soutien au Président al-Sissi. Il y a délivré plusieurs messages, concernant les droits de l’Homme, mais aussi l’importance de l’Égypte dans la recherche de la stabilisation de la région. Depuis le renversement, ou la destitution de Morsi, le pays est en butte à une vague terroriste, à une crise économique sans précédent. Ce qui l’empêche de jouer son rôle. La nouvelle direction, sous l’impulsion d’Abdelfattah al-Sissi, a mis en marche trois mégaprojets concernant la baie du Sinaï, l’industrie gazière et un pont reliant le pays à l’Arabie saoudite. Ces projets nécessiteront des années avant de voir le jour. La nation égyptienne est fracturée. La révolution n’a pas abouti aux résultats escomptés, ni sur le plan de la démocratisation, ni au niveau de la satisfaction des besoins des populations. L’enthousiasme a laissé place à la déception générale. Bien qu’affaibli, l’État tente de maintenir les institutions, de les crédibiliser et d’instaurer un mode de gouvernance moderne. Cette situation ne peut laisser indifférent l’observateur intéressé par la région et encore moins les grandes puissances. L’Égypte est un pays important au Moyen- Orient, par son histoire, sa population, son positionnement géographique. Alors que la Syrie et l’Irak vivent une situation d’éclatement programmé, nul ne peut, raisonnablement, oublier le rôle de l’Égypte. L’administration Obama, par des attitudes qui peuvent paraître contradictoires, ne s’est plus réellement mise à l’écoute des élites égyptiennes. Tout dépendra de la position de la nouvelle direction à l’issue des présidentielles aux USA. Le soutien de la Russie est limité, les deux pays ayant des alliances divergentes. Reste l’Europe ! La France et l’Angleterre connaissent bien cette région, en tant que puissances coloniales qui ont dessiné les frontières à la fin de la première guerre mondiale. Stratégiquement, on ne peut s’attendre au retour de la stabilité en Lybie, au Soudan, en Irak, en Syrie, sans un rôle central de l’Égypte. Le Caire reste un passage obligé pour tout règlement éventuel du conflit israélo-palestinien. Ce rôle central est difficile à assumer dans les conditions actuelles. Le pays se doit de régler ses propres problèmes, retrouver son unité, assurer sa propre sécurité, avant de rayonner dans la région. Mais c’est une évidence que le monde a besoin de ce rôle égyptien, pour ramener la stabilité dans cette régionpoudrière. Ce constat implique un soutien multiforme à l’Égypte. Sur le plan économique, les monarchies du Golfe, face à la chute des cours, ne peuvent être les seules à s’engager auprès des descendants des Pharaons. L’Europe doit offrir un soutien réel, dans le cadre d’accords, insistant sur des réformes liées à la gouvernance, parce que c’est une autre forme de soutien. C’est une urgence, parce que les problèmes économiques minent l’unité du peuple égyptien, dans un contexte régional explosif. Il n’y a qu’à voir sur une carte les pays frontaliers de l’Égypte pour se rendre compte du danger. Les critiques sur la question des droits de l’Homme sont légitimes, mais ne doivent pas servir d’alibi à l’inaction. Ce que la raison impose, aujourd’hui, c’est de conforter l’Etat égyptien, le soutenir, pour éviter le chaos. Cela s’appelle l’ordre des priorités, base de toute responsabilité politique.



via Abdo El Rhazi Consolider l’Égypte : une urgence

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